Tour de France 2022 : Y-a-t-il un sprinter dans la roue ?

Il serait temps que l’on change le mobilier de l’Elysée contre du design où l’exercice de l’Etat pourrait être plus scandinave et plus fédérateur. Halte-là ! Macron a eu beau entamer un tour de France électoral depuis le début d’année, il « règne » dans le minuscule, la nano-politique : face à une société désarticulée et en pièces détachées, il se complaît à poser des rustines là où ça gratte. L’époque actuelle aimerait le voir aux avant-postes pour proposer à la nation un Tour de l’Avenir et lui impulser un souffle régénérateur ! Or, que voit-on ? Un chef de l’Etat offrir un service de dépannage, le nez sur le guidon, câlinant à chaque étape de son périple une population découpée en portions individuelles : nous avons eu droit à la journée-étape dédiée à la vie sexuelle des handicapés – pourquoi pas d’ailleurs -, à celle des sportives victimes de viols, puis à celle dédiée au recul du littoral et à la montée des eaux dans l’hexagone. Enfin, il y a eu le sprint digne de la montée de l’Alpe d’Huez, où l’on vit un Emmanuel Macron pédalant dans un bilan connu de tous : oui, la glace dans le Mont Blanc rétrécit au fil des grandes lessives de printemps. C’était à mourir de rire (ou à pleurer) que de voir le chef de l’Exécutif feindre de s’affliger de la Bérézina alpine ! Et dire que Gala, Closer ou Paris-Match se plaisent à le photographier régulièrement en pleine pratique du ski … On ignorait jusqu’ici que la neige rendait sourd ou aveugle. Ce tour de France présidentielle ne règle en rien les maux de notre « Grand-Corps Malade » : les mesures- placebos n’ont jamais amélioré le sort des classes défavorisés, ni celui de la planète.

Pour remporter l’étape finale de l’Arc-de-Triomphe 2022 – l’abandon du porteur d’eau Benjamin Griveaux et l’arrivée de son « soigneur » Agnès Buzin semblent sonner le glas pour le contre-la-montre 2020, Macron devrait enfin s’offrir un coach – « un vrai de vrai ». On ne gagne pas le maillot jaune en faisant du sur-place sur tous les ronds-points de Gilet’s Land. Conseillons-lui la lecture de Saint-Simon qui écrivait de son alter ego Louis XIV à la fin d’un règne englué dans une suspicion générale et un climat de moralisation hypocrite : « Il régna dans le petit. Dans le grand, il ne put atteindre, et, jusque dans le petit il fut gouverné. » Car c’est là le nœud de l’affaire : le Président se contente de se laisser entraîner par les courants dans l’air du temps. L’orchestration médiatique des factions puissantes, la délation massive, le totalitarisme des faux-prophètes, ou le lobbying exercé par certains clubs de pensée ou même la revendication idiote à l’hygiénisme de la psyché désarticulent la politique du Président de la République, et par ricochet la gouvernance du pays ! Urgence, il y a !

Nous sommes dans un hexagone qui, vu depuis l’Elysée-Matignon, apparaît découpé en citoyens labellisés hétéros, LGBT, handicapés, victimaires, Républicains Marcheurs à côté de leurs pompes Louboutin, auto-entrepreneurs, danseurs de l’Opéra, avocats en mal de robe ou de barreau, travailleurs des villes et des champs, patrons, chômeurs, écolos, squatters de ronds-points, coupables pollueurs, pédophiles, prédateurs, ou jeunes et séniors. Toutes ces communautés, toutes ces catégories sociales – ut dixit Gérard Collomb – s’affrontent en chien de faïence dans un climat rongé par les cafards du clanisme, les blattes des selfies ainsi que les poux d’une politique en ligne, caricaturée jusqu’à l’extrême dans les tweets commis de conserve par des élus ainsi que de tristes sires.

L’Exécutif actuel – héritier d’une incurie vieille de plus de trois décennies – perd les pédales dans cet hivernal Tour de France de la fausse compassion qui n’est que le faux nez de la véritable éthique. Haro sur ces déplacements dont récemment celui de Mulhouse qui aggravent le poids nos dépenses publiques – les plus « inappropriées » de l’UE : pas moins de 56% du PIB ! Et pour quels résultats ????? Satisfaisons au slogan imbécile du fameux « Libérez la parole ». Et osons poser la question : l’ascension de Macron au Mont-Blanc, en quoi va-t-elle déplacer les montagnes ?

Marie-France Poirier