François Rebsamen : Ici commence la saison 4…

La soirée était particulièrement attendue dans le sérail politique mais pas seulement… Mais qui allait-on retrouver sur la nouvelle liste de François Rebsamen et quels pouvaient bien être les projets phare pour la prochaine mandature ? Une autre question était également en suspens : qui allait recevoir les foudres du maire sortant socialiste dans cette nouvelle campagne (même si on avait une légère idée) ? Les réponses ne se sont pas faites attendre…

Ici commence la saison 4… En paraphrasant l’une de ses 150 propositions pour le prochain mandat, nous pourrions ainsi résumer la soirée du 6 février dernier, lorsque François Rebsamen a dévoilé sa liste ainsi que son projet. Nous faisons référence aux inscriptions « Ici commence la mer… » qui pourraient être apposées (tout comme à Grenoble) afin de sensibiliser à la préservation des océans qui commence dès Dijon, en parallèle à l’installation d’un système de filtration des eaux usées pour piéger l’ensemble des plastiques et micro-polluants. L’écologie « progressiste » pour tous et non réservée à une élite a largement occupé le devant de la scène. Pour preuve, parmi les 7 premiers colistiers qui ont témoigné, a figuré en bonne place Philippe Lemanceau (5e de la liste), chercheur à l’INRAE et spécialiste de l’agro-écologie ainsi que de la transition alimentaire. Une belle prise (pour rester dans la sémantique marine) applaudie par les 400 personnes présentes à cette première réunion publique d’envergure organisée au Cellier de Clairvaux. Tout comme Sophie Claudel (58°), directrice de l’Ecole nationale d’art et de design de Dijon, qui a, elle, évoqué la réhabilitation du centre Dauphine en 2022. La « benjamine » de la liste, Mélanie Balson (38e), étudiante en école d’infirmière, a mis en exergue le nouveau plan pluriannuel de rénovation des écoles adapté aux périodes de fortes chaleurs. Kildine Bataille (6e), cadre du groupe La Poste, et, comme elle a insisté, « maman d’un petit garçon qu’elle élève seule » a annoncé le réaménagement du port du canal ainsi que la végétalisation de la place Bossuet… Tels ont été les nouveaux visages découverts lors de cette soirée pilotée par le directeur de campagne Antoine Hoareau (19e).

Les oreilles d’Emmanuel Bichot

Les poids lourds de la mandature précédente n’ont pas manqué, non plus, d’intervenir : tout en rappelant la « bonne gestion de la ville avec, notamment, une réduction de la dette de 235 à 130 M€ », le leader du Modem François Deseille a confirmé « la non augmentation des impôts durant les 6 prochaines années, ce qui, au final, fera 10 ans sans hausse de la fiscalité locale ». Et ce, afin d’ « améliorer le pouvoir d’achat des Dijonnais ». En ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, le président de Grand Dijon Habitat Hamid El Hassouni, a divulgué « la création d’un fonds de solidarité pour accompagner les foyers en difficulté ». Quant à la première à être montée sur scène, l’actuelle première adjointe, Nathalie Koenders (une fois encore 2e de la liste), elle est intervenue sur le défi numéro 5 appelé « faciliter encore et toujours le quotidien des Dijonnais » : « Lutte contre les inciviles accentuée, maintien d’une ville à taille humaine, encouragement des initiatives citoyennes de plantations dans l'espace public, etc. » Mais, surtout, la conseillère générale socialiste a annoncé d’emblée la couleur en ce qui concerne l’ennemi numéro 1 dont le nom n’a jamais été cité : cela n’a pas empêché les oreilles du candidat LR Emmanuel Bichot de siffler toute la soirée. Et c’est un euphémisme : « Avec ses 8 arbres au centre-ville, il a un problème de mathématiques ou géographique c’est selon, Dijon n’est pas Saint-Romain ». Elle a même remis au goût du jour une formule de l’ancien sénateur UMP Louis de Broissia : « Emmanuel Bichot est candidat à tout. Il a même pensé à la papauté mais il s’est aperçu qu’il n’était pas cardinal ! »

Le patron, François Rebsamen, ne fut pas en reste. Avant d’expliquer vouloir « une campagne à la hauteur des enjeux, sans rumeurs ni calomnies, comme nous l’avons déjà vécue dans le passé », il rassuré tout le monde : « Je vais bien, je suis guéri et je suis candidat pour être maire de Dijon et président de Dijon métropole ! » « Notre bilan est excellent. Nous avons réalisé 93% des actions envisagées en 2014. Non, en réalité, nous avons fait 180% d’entre elles, puisqu’au fil du mandat de nouvelles opportunités sont apparues. En 20 ans, nous avons fait passer Dijon d’une ville d’un département de province à une capitale régionale ». Et de citer le Zénith, les terrasses, la piétonnisation, la rénovation du stade Gaston-Gérard, la station d’épuration, le technopôle de biotechnologies, la réalisation de 15 000 logements… Au sujet des nouvelles habitations, il a répondu à ceux qui clouent au pilori politique son « côté bétonneur » : « Le béton est un beau matériau et il nous fallait reconstruire la ville sur elle-même de manière raisonnable ».

« Histoire d’eau »

Le maire sortant (et repartant) n’a pas manqué de revenir sur « l’histoire d’eau de Dijon », autrement dit « la privatisation de l’eau par Robert Poujade, sans appel d'offre, et le contrat qui lie la ville à Suez depuis 1991 ». Non sans se tourner vers l’avenir : « Ce contrat cessera au 1er avril et nous baisserons alors le prix de l’eau de 0,70 € par m3 ». « La poursuite de la rénovation urbaine de la Fontaine-d’Ouche, le réaménagement de la rue Monge, l’équipement de toute la flotte de bus à l’hydrogène, la rénovation du parc des Expositions… », telles ont été quelques-unes des propositions majeures avancées par l’ancien ministre de l’Emploi, qui a placé les prochaines années sous le prisme de « la sociale-écologie ».

Concernant sa liste que tout le monde attendait, il a commenté : « C’est une liste de gauche mais c’est aussi une liste du centre avec le Modem avec qui nous partageons les même valeurs » Il a fait également applaudir le communiste présent dans ce large rassemblement qui compte, rappelons-le, 27 socialistes, 9 Modem, 1 Parti Radical de Gauche-Centre Gauche, 2 CAP21 de Corinne Lepage, 2 Union des Démocrates et des Écologistes fondée par Jean-Vincent placé, 2 Mouvement Radical-Social-Libéral de Laurent Hénart, 1 proche de Jean-Pierre Chevènement, et 14 candidats issus de la société civile…

Une liste renouvelée à 60%, avec une moyenne d’âge de 51 ans, dont la très symbolique dernière place est revenue à Benoît Willot, ancien président de la CPME 21. Une présence qui n’est pas passée inaperçue, tout comme, dans l’assistance, celle du président de la JDA, Thierry Degorce. Comme quoi, de l’eau avait coulé sous les ponts depuis 2001… Il est vrai que, ce 6 février 2020, ici commençait la mer et la saison IV de François Rebsamen ! Aux Dijonnais désormais de s’inscrire une fois encore (ou non) dans son sillage !

Camille Gablo