LE FROMAGE DU GÉNÉRAL

Loin de toute chinoiserie, cher lecteur, il suffit parfois de s’en remettre à Confucius : « Examine, nous dit-il, si ce que tu promets est juste et possible, car la promesse est une dette ». Comment dès lors « placer la France en tête de la lutte contre les perturbateurs endocriniens et les pesticides » sans interdire à très court terme le glyphosate et toutes les saloperies qui vont avec ? Comment annoncer que « nous construirons 15 000 nouvelles places de prison » et reconnaître le 6 mars 2019 à Agen qu’il est « impossible d’en faire 15000 même durant un quinquennat », que « l’on pouvait au maximum en faire 7000 » ? Comment peut-on « ouvrir des droits au chômage aux salariés qui démissionnent » en affirmant ceci : « Tous les cinq ans, chacun y aura droit, s’il choisit de démissionner pour changer d’activité ou développer son propre projet professionnel. Ceci incitera les entreprises à investir pour améliorer la qualité de vie au travail afin de conserver leurs salariés, dont nous renforçons ainsi le pouvoir de négociation. » et « en même temps » mutiler ce « nouveau droit » par mille conditions très restrictives ?

Par ailleurs, est-il juste que les GAFA continuent à échapper à l’impôt, que les députés, les sénateurs et les princes qui nous gouvernent continuent à se gaver quand on mégote pour quelques euros d’augmentation du SMIC et qu’on refuse de toucher à l’ISF ? Est-il juste que les carburants soient surtaxés et qu’ils coûtent beaucoup plus cher sur les autoroutes où la clientèle est captive ? Est-il juste qu’on reste éligible quand on a plongé dans la caisse ? Est-il juste qu’on ajoute à la douleur des femmes battues, procédures et paperasses sans lever le petit doigt ? Est-il juste que les salaires féminins soient inférieurs à celui des hommes à même niveau de compétence ? Est-il juste qu’un conducteur de TGV bénéficie des conquêtes de Germinal ? Est-il juste enfin qu’on écoute davantage ceux qui aboient et qu’on leur offre la télé sur un plateau ?

J’aurais voulu, cher lecteur, que mon second paragraphe ne fût pas qu’une suite de fausses interrogations. Leur somme de réponses négatives explique l’immense défiance du peuple envers ses dirigeants au point que « deux et deux font quatre » devient suspect dans la bouche du prince Édouard. En résumé et paradoxalement, seule une recette au gruyère peut résoudre le problème des retraites : « Plus il y a de fromage, plus il y a de trous ; or plus il y a de trous, moins il ya de fromage ; donc plus il y a de fromage, moins il y a de fromage… ».

Alceste