Nous avons tous constaté la baisse de la plupart des placements sans risque ces derniers temps : 0,5% pour le livret A ; 1% pour le LEP sans parler des comptes à terme à 0,10%… Les assureurs ont commencé à annoncer les taux des contrats d’assurance vie : pour les meilleurs 1,85 %, pour les autres la moyenne est autour de 1,20 % à 1,50%, soit une baisse de 0,30 % par rapport à l’an dernier. Compte tenu de l’inflation, le rendement réel est donc tout proche de zéro.
Cette situation est due aux taux obligataires proches de zéro mais aussi à la réglementation qui oblige les assureurs à immobiliser des fonds propres en fonction des actifs investis dans ces fonds en euros. Ces règles ont été mises en place après la crise de 2008.
En cette période (2008, 2009), les taux d’intérêt des obligations étaient « encore » corrects : entre 3 et 5%. Il était donc plus facile de servir une performance.
Depuis 2018, pour délivrer une meilleure rémunération, les assureurs sont obligés de prendre plus de risques c’est-à-dire acheter des actions. Ces achats les obligent à immobiliser plus de fonds propres afin de mieux garantir les avoirs aux clients.
C’est la raison pour laquelle les assureurs demandent ou plutôt exigent que les nouveaux versements ne soient pas uniquement sur les fonds eu euros mais pour une partie sur des unités de compte (SICAV). Cette règlementation permet aux assureurs d’immobiliser moins de fonds propres.
Ces dispositions annoncent la fin d’une époque : le temps du placement sécurisé, sans risque et totalement disponible : la sécurité ne va plus payer.
Pour les épargnants, il est vraiment possible de se dire qu’ils vont devoir appréhender les placements avec de nouveaux codes : prise de risque et acceptation d’une illiquidité, c’est-à-dire le fait de pouvoir récupérer son argent du jour au lendemain.
Que l’on se rassure. Cette révolution va être progressive. Le monde de la finance a et va trouver de nouvelles solutions.
Certaines compagnies ont trouvé des solutions comme le fonds Target + de Primonial avec un capital garanti et un taux de 3,15% pour 2019.
Autres possibilités : les fonds d’investissement en immobilier comme les SCPI (société civile de placement immobilier) ou les OPCI (organisme de placement collectif en immobilier).
Il existe aussi les produits dits « stucturés ». Ce sont des promesses de performances liées à l’évolution des indices boursiers, avec ce que l’on nomme une « barrière désactivante » au-delà de laquelle la protection n’est plus activée. En clair : je vous promets des intérêts à X % sauf si l’indice boursier à l’échéance a baissé de plus de Y%.
D’autres solutions sont possibles. Nous y reviendrons dans les prochaines chroniques.
La conclusion serait de dire que la solution pour protéger son épargne, juste protéger son argent, passe par de nouvelles exigences : diversification, prise de risque et vision à moyen, voire long terme.
La gestion de son patrimoine ressemble aujourd’hui à une table de mixage avec des curseurs qui font que la partition musicale résonne bien ou pas.
Ces curseurs, ce sont les paramètres de liquidité de tout placement : les contraintes de liquidités (en immobilier lorsque que l’on investit dans des entreprises non cotées, on ne peut récupérer son argent du jour au lendemain). La fiscalité est aussi un paramètre important à prendre en compte. Aujourd’hui la partition patrimoniale est complexe, on ne peut plus se contenter de l’assurance vie sans risque en euros. Cette révolution associe le conseil pour que cette partition puisse être jouée mais surtout juste et harmonieuse.