Guillaume Ruet a lancé samedi 24 janvier la campagne à sa propre succession à la mairie de Chevigny-Saint-Sauveur. Et ce, seulement un an après avoir pris les rênes de la ville. C’est dire à quel point les élections municipales sur Chevigny affichent une typicité particulière… Interview de la tête de liste « Unis pour Chevigny ».
Dijon l’Hebdo : Vous avez pris la tête de la ville de Chevigny-Saint-Sauveur il y a un an seulement après le départ anticipé de Michel Rotger dans les conditions que tout un chacun sait. Aussi ces élections municipales sur Chevigny affichent-elle une typicité particulière…
Guillaume Ruet : « J’ai été élu le 4 février 2019. Ce n’était pas spécialement dans mes plans mais il m’a fallu assumer cette responsabilité. Je l’ai fait et j’ai tenté de tenir la barque cette année. Je pense que cela s’est bien passé. J’avais dit qu’en 2019 je me consacrerais uniquement à mon mandat de maire et que, si mon action était appréciée, si j’étais à la hauteur des enjeux, si j’étais un bon maire, je me représenterais. Il est temps dorénavant de me consacrer à la campagne. Et si l’on a un bon maire, on le garde ! »
DLH : Vous aviez déclaré que 2019 serait le temps de l’action et 2020 celui des élections. Quelle actions retenez-vous de vos premiers pas comme maire ?
G. R : « Je me suis inscrit dans la continuité de mes prédécesseurs Michel Rotger et Lucien Brenot mais j’ai aussi lancé de nouvelles actions. Je l’ai ainsi fait dans le domaine de l’environnement avec le projet des 1000 arbres. Mais aussi en ce qui concerne l’entretien des écoles avec le déploiement du numérique (Internet, vidéo-projecteurs…) J’ai également mis en place un important plan propreté. Après un diagnostic, nous avons arrêté 30 mesures afin d’assurer la propreté dans notre commune. Celles-ci vont de l’amélioration de nos services au détagage, en passant par dépigeonnisation, l’amélioration des entrées de ville. Ce plan a débuté en septembre et s’étend sur 18 mois. Les habitants me disent qu’ils voient ses effets et que la ville est plus propre qu’elle ne l’était avant… »
DLH : Chevigny souffrait-elle d’un déficit aussi criant en matière de propreté ?
G. R : « Nous avons fait un Agenda 21 et c’’était l’une des attentes qui est apparue lors de la consultation des habitants. Ils se plaignaient des incivilités : mégots, papiers qui trainaient, décharges sauvages… Ils souhaitaient avoir une belle ville, ce qui signifie aussi une ville propre. J’ai souhaité agir fortement pour la propreté car cela fait partie de la qualité de vie et c’est l’une de mes priorités».
DLH : Planter 1000 arbres, c’est un défi… de taille !
G. R : « C’est une opération que j’ai voulu lancer face au constat des deux années difficiles sur le plan climatique. Je fais référence aux deux sécheresses consécutives ainsi qu’aux phénomènes caniculaires. La meilleure manière de lutter contre le réchauffement climatique est de planter des arbres. C’est basique mais il faut le faire. Nous nous sommes ainsi lancés le défi de planter 1000 arbres sur les 5/6 années à venir. Ceux-ci sont des essences indigènes, non allergènes, qui résistent au changement climatique. C’est également un projet où l’on veut mobiliser les habitants, les partenaires, les entreprises pour qu’eux aussi participent. Nous associons nos écoles mais aussi le lycée agricole de Quetigny pour le choix des essences et la plantation des arbres autour de ce projet très rassembleur. Cela nous permet de sensibiliser tout le monde sur la protection de la nature, de la biodiversité… Nous n’en avons pas fini avec le réchauffement climatique et les phénomènes de dérèglement. Il faut que l’on prenne le dossier de la protection de l’environnement à bras le corps, sinon nos enfants paieront les pots cassés… »
DLH : Vous vous étiez également engagé à améliorer le stationnement et la circulation sur le quartier des Poètes. Avez-vous pu avancer sur ce dossier ?
G. R : « Ecouter avant d’agir, rester proche pour être efficace… telle est ma méthode. Nous avons fait une enquête auprès des habitant auxquels nous avions soumis deux propositions d’aménagement pour le stationnement et la circulation. Et nous avons mis en place celle qui a retenu deux tiers des suffrages, avec, notamment, la création de parkings supplémentaires… Tout n’est pas encore parfait mais nous avons réussi à régulariser la situation dans ce quartier ».
DLH : Le développement durable des quartiers tout comme de Chevigny dans son ensemble est ainsi au cœur de votre projet…
G. R : « La protection de l’environnement, qui est ma priorité numéro 2 après la sécurité, ne se limite pas à planter des arbres, elle doit s’immiscer dans l’ensemble de nos politiques publiques. Cela va de l’augmentation de la part du bio et des produits locaux dans les cantines scolaires, de l’amélioration de la qualité de l’air dans nos écoles, du choix de nos prestataires dans nos marchés publics à l’isolation dans nos bâtiments, en passant par le développement des modes de transport doux. Avec Dijon métropole, je souhaite que de nouvelles pistes cyclables soient créées… Mais je souhaite aussi que ce projet soit étoffé par les habitants, c’est la raison pour laquelle je vais réaliser 5 ateliers thématiques. Je compte sur leur participation et leur implication pour avoir des idées de bon sens sur le développement durable. Car celui-ci ne passe pas que par des grands projets très couteux, c’est aussi plein de petites choses au quotidien».
DLH : Pourquoi faire de la sécurité votre première priorité ? La ville est-elle insécure ?
G. R : « C’est, en effet, ma priorité numéro 1. Chevigny est une ville plutôt tranquille mais il ne faut pas s’en contenter vu l’évolution de la société. Nous avons un très bon bilan dans le domaine mais je souhaite que l’on aille plus loin avec l’augmentation de la police municipale de 2 à 3 agents (ndlr : Chevigny est aujourd’hui dotée de 4 agents et d’un opérateur vidéo) et l’extension du réseau de vidéo protection. Nous avons aujourd’hui 30 caméras qui ont fait leur preuve ces dernières années mais toute la ville n’est pas couverte. Les gens de Chevigny souhaitent que l’on soit une ville paisible et tranquille. Je ne veux pas regarder l’évolution de la société les bras ballants, aussi allons-nous mettre les moyens».
DLH : En substance, comment voyez-vous l’avenir de Chevigny ?
G. R : « Je souhaite globalement que Chevigny reste Chevigny, autrement dit une ville agréable à vivre, une ville à la campagne, avec des espaces verts, une ville pour tous, pour les familles, des tout-petits aux aînés… Je souhaite que l’on conserve cette ville à taille humaine. Il faut que l’on continue de bien vivre à Chevigny avec un urbanisme maîtrisé où l’on se bat pour faire venir des services supplémentaires, des commerces de proximité, des professionnels de santé, des résidences seniors dont certaines pourraient être sociales… Eu égard au vieillissement de la population, il va falloir adapter notre habitat. Je souhaite ainsi la création d’au moins deux de ces résidences sur Chevigny».
DLH : Pourquoi appeler votre liste « Unis pour Chevigny » ?
G. R : « Quand on est maire, on ne fait pas de politique politicienne. J’ai un parti, Les Républicains, mais sur ma liste seules deux autres personnes sur 33 appartiennent à ce parti. Un colistier est encarté UDI, un autre LREM. Mais nous avons surtout beaucoup de personnes non encartées, issues de la société civile, qui peuvent voter à gauche, au centre ou à droite à certaines élections. L’important, c’est Chevigny d’abord ! J’essaye de rassembler, c’est la raison pour laquelle je veux que nous soyons unis pour Chevigny. Je ne cache pas mon étiquette mais c’est la ville qui compte !»
DLH : Des rumeurs ont circulé sur votre départ de LR pour rejoindre le parti d’Emmanuel Macron. Et vous allez maintenant devoir affronter une liste LREM…
G. R : « Je ne sais pas d’où est partie cette rumeur mais je m’entends bien avec l’ensemble des élus du département et notamment avec la députée de la circonscription Fadila Khattabi, que j’ai plaisir à accueillir de manière républicaine. J’ai toujours une bonne relation avec les personnes d’En marche qui vont présenter leur liste. Elles souhaitaient d’ailleurs, pour au moins 4 d’entre elles, figurer sur la nôtre et être adjointes, parce qu’elles disaient que j’étais un bon maire et que nous étions compatibles. C’est leur liberté et je n’ai pas souhaité passer d’accord de parti. Mon parti, c’est Chevigny !»
DLH : Durant longtemps, Chevigny-Saint-Sauveur n’a pas souhaité participer au destin commun des communes de l’agglomération. Quelle est votre position par rapport à Dijon métropole ?
G. R : « Depuis que je suis maire, la ville de Chevigny prend toute sa part au sein de la métropole. J’ai un mot d’ordre : défendre Chevigny et les Chevignois au sein de l’agglomération et ne pas faire de la politique politicienne. Cela permet de faire avancer les dossiers de manière très constructive. J’ai eu un excellent accueil du président de Dijon métropole, de l’exécutif et de l’administration. J’ai obtenu la majeure partie de ce que je demandais sur le PLUI-HD où nous avons eu une très bonne écoute. Je travaille en bonne collaboration dans un climat très apaisé sur le développement de la zone des Terres-Rousses. Sur mes demandes en terme de voirie qui sont parfois nombreuses, les services de Dijon métropole sont vraiment à l’écoute. Je travaille bien avec le président parce que ni lui ni moi ne faisons, en tout cas pour Chevigny, de politique politicienne. Nous sommes constructifs et travaillons dans l’intérêt général. Je respecte mes partenaires et je continuerai à le faire. Comme depuis un an, je serai un maire 100% impliqué pour la commune, sur le terrain, toujours à l’écoute des habitants, et qui sera en permanence l’avocat, l’ambassadeur de sa commune auprès de Dijon métropole, du Département, de la Région, de l’Etat… Je serai un maire 100% engagé pour Chevigny et les Chevignois !»
Propos recueillis par Camille Gablo