Afin de donner une touche supplémentaire à la 20e édition anniversaire du Festival des Nuits d’Orient, le Musée des Beaux-Arts de Dijon organise une exposition temporaire intitulée « Le Grand Tour, voyage(s) d’artistes en Orient ». Découvrons, en compagnie d’une des plus belles plumes sur l’Orient, Gérard de Nerval, cette exposition qui nous invite au(x) voyage(s)…
Si vous avez lu (et aimé) Voyage en Orient de Gérard de Nerval, vous irez jusqu’à la touche finale de cet article. Car, avec l’exposition temporaire « Le Grand Tour, voyage d’artistes en Orient », le musée des Beaux-Arts de Dijon vous propose un véritable voyage artistique dans la lignée de celui rédigé par l’écrivain majeur du romantisme français du XIXe siècle. S’il brûlait encore la vie par les deux bouts, l’auteur des Filles du Feu – son plus beau recueil de poésie, composé, notamment, de ses célèbres Chimères – apprécierait, sans conteste, cette exposition dévoilant, jusqu’au 9 mars prochain, les collections orientalistes du MBA mais aussi des prêts du musée Nicéphore-Niépce de Chalon-sur-Saône et de la galerie Chantal-Crousel de Paris. Il se serait plu à déambuler devant les œuvres de Félix Ziem (Stamboul), de François-Pierre Bernard Barry (Ruines des Temples de Thèbes), d’Auguste Raffet (Cavaliers arabes), de Victor-Pierre Huguet (campement à Biskra) ou encore d’Eugène Delacroix. Celui-ci n’a pas seulement laissé à la postérité La liberté guidant le peuple, il a aussi durant 7 mois dépeint le Maghreb lors d’une mission diplomatique effectuée en 1831 par la France auprès du Sultan du Maroc.
Tout comme Eugène Delacroix et Gérard de Nerval, qui a, notamment, parcouru l’Egypte, le Liban et la Turquie, les artistes ayant effectué leur Grand Tour sont nombreux. A l’origine du mot tourisme, rappelons que le Grand Tour n’était autre que les voyages réalisés par des jeunes aristocrates afin de parfaire leur éducation. Du XVIe au XVIIIe siècle, ceux-ci se rendaient essentiellement dans le Sud de l’Europe puis, à partir du XIXe siècle, ils s’élançaient vers des régions plus lointaines et traversaient la méditerranée. La traduction des Milles et Une Nuits a, en effet, suscité chez nombre d’entre eux cette envie… de nouveaux horizons.
« Des passerelles entre l’Orient et l’Occident »
Tout comme les expéditions diplomatiques et militaires mais aussi – il ne faut pas l’oublier – le début de la colonisation… Ce sont ainsi de véritables témoignages de l’histoire que livre le musée des Beaux-Arts à l’occasion de cette 2e exposition temporaire qui succède à celle beaucoup plus contemporaine de Yan Pei-Ming, qui restera à jamais le premier ambassadeur de l’art dijonnais de l’ère du MBA métamorphosé.
Tout comme le musée Magnin, avec l’exposition d’Auguste Bartholdi (1) dont nous vous parlerons dans notre magazine Dijon Tendances qui sortira le 11 décembre – on lui doit tout de même la statue de la Liberté offerte par la France aux Etats-Unis ! –, le musée des Beaux-Arts fête ainsi superbement les 20 ans du Festival Les Nuits d’Orient.
Qualifiant ce festival comme « l’un des temps forts de la vie culturelle dijonnaise », le maire de Dijon, François Rebsamen, a souligné qu’il « établissait des passerelles entre l’Orient et l’Occident ». Le 22 novembre salle des Etats du palais des Ducs, lors du lancement de ce festival, le premier magistrat n’a pas manqué d’insister sur « les valeurs humanistes » portées par ce festival. Non sans expliquer qu’à Dijon les musées gratuits « n’étaient pas des lieux fermés » mais ouverts à tous… Le chiffre de 250 000 visiteurs depuis l’ouverture du MBA nouvelle génération, le 17 mai dernier, a même été avancé à cette occasion. Il faudra patienter jusqu’en mars (et nous ne parlons pas des élections municipales) pour savoir si cette nouvelle exposition éphémère fera, comme la précédente, carton plein mais nous ne pouvons que vous conseiller de faire un tour… par Le Grand Tour au Musée des Beaux-Arts. Laissons le mot de la fin à Gérard de Nerval, qui avait, c’est certain, beaucoup plus de talent que nous et qui savait aussi aller à l’essentiel : « Tout est dans la fin ! »
Camille Gablo
(1) Exposition Auguste Bartholdi en Prient (1855-1856) au musée Magnin jusqu’au 16 février 2020