Le CFA du Sport Bourgogne Franche-Comté fêtera le 10 décembre à l’Espace Tabourot des Accords à Saint-Apollinaire ses 25 ans. Une belle soirée festive marquera cet anniversaire qui sera également l’occasion de montrer que cette instance, qui a mis plus de 2000 apprentis sur la voie de l’emploi, n’a de cesse de se réinventer. Son fondateur et président emblématique, Bernard Depierre, revient sur cette belle aventure…
Dijon l’Hebdo : Que de chemin parcouru depuis le coup d’envoi du CFA du Sport…
Bernard Depierre : « Il faut se souvenir que nous avions commencé avec 2 apprentis et, l’année suivante, 4 apprenants qui étaient en formation dans notre annexe de l’époque, à Monceau-lès-Mines. Ceux-ci apprenaient à entretenir des terrains en herbe et en terre battue. Nous n’avions aucun salarié à l’époque. Nous avons créé avec Gérard Delangle le CFA et 5 ans plus tard celui-ci lançait la fédération des CFA du Sport, regroupant aujourd’hui 21 CFA en France et forte de 5800 apprenants. Petit à petit nous avons grandi. Nous avons pris un local partagé avec la société SCOR à Marsannay-la-Côte. Nous avons franchi le cap des 100 apprentis en 2000 – ce qui n’était déjà pas mal –, et celui des 300 en 2010. Nous comptons aujourd’hui 800 apprenants : 680 apprentis et 120 en formation continue. Nous avons à peu près 25 unités de formation et nous avons largement débordé le territoire de la Bourgogne Franche-Comté. Il faut aussi se rappeler que pour obtenir l’aval des conseils régionaux séparés (ndlr : avant la loi NOTRe,) pour Moirans-en-Montagne (Jura), cela a été très compliqué. Et aujourd’hui, au-delà de Moirans, nous avons Pontarlier, Belfort, Montbéliard. La loi ne nous limitant plus au territoire, malheureusement si je dois dire puisque nous avons perdu la double tutelle du conseil régional et de Jeunesse et Sports – ce n’était qu’une tutelle morale et administrative puisque nous ne sollicitions pas de subvention, nous ne fonctionnions qu’avec la taxe d’apprentissage –, nous commençons à nous développer à l’extérieur : Strasbourg, Sedan, Troyes, Bourg-en-Bresse, Roanne et même Pau, autour des trois grands clubs de rugby, basket et foot ».
DLH : Comment avez-vous réussi ce développement exogène ?
B. D. : « Nous avons beaucoup de sollicitations parce que l’on s’est doté d’une plateforme informatique de formation ouverte à distante très performante. Nous avons été aidés par les fonds européens mais nous avons tout de même investi 1,5 million d’euros. Cet outil est très prisé, voire même envié, c’est la raison pour laquelle nous sommes sollicités par des gens extérieurs à la Bourgogne Franche-Comté ».
DLH : Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées au cours de ces années ?
B. D. : « Tout n’a pas été simple. La technocratie des différentes instances de tutelle s’est avérée quelque peu contraignante mais nous nous sommes adaptés. J’ai connu les présidents bourguignons Jean-Pierre Soisson, François Patriat, et maintenant Marie-Guite Dufay, que l’on voit moins. Finalement je n’ai aucun regret. Nous avons eu de bonnes relations avec les fonctionnaires qui géraient les dossiers ».
DLH : La réforme de l’apprentissage et de la formation continue ne vous met-elle pas en difficulté ?
B. D. : « Nous perdons, en effet, la double tutelle et dans le même temps nous avons de plus en plus de contraintes administratives. Pour Jeunesse et Sports, la réforme arrive malheureusement bien car c’est la déconfiture totale. La loi était louable : elle avait pour objectif de s’attaquer au chômage des jeunes, sauf que le gouvernement actuel ne s’y est pas pris par le bon bout. Depuis plus de 40 ans que je suis dans le sport, tous les présidents de la République voulaient un million d’apprentis mais aucun n’a réussi à atteindre 500 000. Car les moyens d’accompagnement n’ont pas été mis en œuvre afin de soutenir l’apprentissage qui est, je le rappelle, une voie royale vers l’emploi. Et pas seulement dans le sport mais dans tous les domaines. Le gouvernement actuel ne s’y est pas pris de la bonne manière parce qu’il a supprimé d’emblée les emplois aidés. Certes, il existait quelques tricheries mais il a tapé d’abord sur l’apprentissage qui représente en France 8 milliards d’euros. Ces sommes étaient attribuées par les régions aux CFA ou bien les CFA les trouvaient par la taxe d’apprentissage. Cela permettait finalement une pérennité de l’institution CFA. En supprimant cette collecte qui sera dorénavant perçue par l’URSSAF, comme les charges sociales traditionnelles, cela portera gravement atteinte aux CFA. Transcompétence, un organisme basé à Paris, sans antennes régionales, n’a pas encore déterminé combien sera donné par apprenti, par spécialité et par niveau de diplôme ».
DLH : Combien de personnes travaillent aujourd’hui pour le CFA du Sport ?
B. D. : « La croissance a conduit à une embauche de collaborateurs de plus en plus importante. Sur le seul CFA, nous avons aujourd’hui 16 personnes. La société de formation Selforme, que j’ai créée – et je le dis sans aucune prétention –, possède 3 salariés. Avec la dernière structure selforme.net, qui crée l’ensemble des produits de notre plateforme., nous avons au total 23 salariés. Et nous avons donné l’exemple avec 2 apprentis et 2 alternants en formation. Nous avons aujourd’hui au CFA un budget de 7 M€. Avec l’ensemble de nos structures, nous représentons sur la place une économie d’à peu près 9 millions d’euros. Nous ne sommes pas endettés. Nous sommes bien installés et disposons de bons matériels. Nous avons une excellente ambiance sociale… »
DLH : Un contexte favorable pour répondre aux défis présents et multiplier les développements…
B. D. : « Nous développons en effet le tourisme social et familial. Nous commençons même fort à Moirans, à Pontarlier et à Chalon-sur-Saône. Les besoins sont importants et beaucoup de collectivités s’intéressent dorénavant à des postes d’apprenti tourisme et sport. Nous avons pour l’instant une vingtaine d’apprentis dans ce domaine d’avenir. Nous avons, aussi, avec les collectivités de grands projets. Avec le conseil départemental du Jura, nous ferons faire du sport à tous les agents des collèges. Au Grand Chalon, nous ferons de même avec les assistantes maternelles et aides soignantes qui souffrent souvent du fait de porter des enfants ou des personnes âgées. Ce sont de très belles diversifications… »
DLH : Pouvez-vous nous en dire plus sur cette soirée anniversaire ?
B. D. : « Nous souhaitons célébrer cet anniversaire avec une soirée festive et un dîner de gala animé par des musiciens. Et nous avons invité, comme témoins, des grands sportifs. Nous faisons également revenir des apprentis diplômés qui ont bien réussi. Je pourrais citer des entraîneurs de Pro A en basket, de national 2 en foot ou encore de Pro D2 au rugby… 400 convives participeront et, à chaque table, seront présents un salarié du CFA et un apprenti puisque nous avons convié 3 apprentis par UFA (Unité de formation par apprentissage). Je n’en dévoilerai pas plus mais sachez qu’il y aura des surprises. Et comme dorénavant nous sortons des limites de la Bourgogne Franche-Comté, nous changeons de nom. Notre nouvelle appellation sera révélée lors du final de cette soirée anniversaire ».
DLH : Le CFA du Sport BFC est le second de l’Hexagone, côte à côte avec celui de PACA. J’imagine que vous êtes fier du travail accompli…
B. D. : « C’est une formidable aventure de 25 ans. Trois chiffres l’illustrent parfaitement : nous avons formé plus de 2000 apprentis diplômés, avec plus de 84% de réussite aux examens et un taux de 92% d’employabilité. Cela prouve que celles et ceux qui sont passés par le CFA du Sport ont un métier, gagnent leur vie. Et s’ils passent un diplôme supérieur, ils améliorent leur statut ! »
Propos recueillis par Camille Gablo
Un anniversaire en grande pompe
« 25 ans, cela se fête ! » Surtout quand la réussite est au rendez-vous, pourrions-nous ajouter… C’est, en tout cas, ce que s’apprête à faire le CFA du Sport de Bourgogne Franche-Comté. Le 10 décembre prochain, cette instance fondée et présidée par Bernard Depierre marquera comme il se doit son quart de siècle d’existence. L’occasion de revenir sur les saisons précédentes mais aussi de se projeter sur celles à venir…
Dans le monde du basket – comme on a pu le voir pour Tony Parker avec son numéro 9 accroché début novembre au firmament de la salle des San Antonio Spurs –, il est de coutume, pour célébrer la carrière d’un joueur exceptionnel, d’accrocher son maillot bien en vue dans l’arène sportive. Lorsque Bernard Depierre décidera de quitter la présidence du CFA du Sport de Bourgogne Franche-Comté, il pourrait en être, sans conteste, de même avec sa chemise. Car 25 ans après la création de cette structure, (forte seulement de 2 apprentis et de 4 apprenants à l’origine, comme il nous le rappelle dans son interview ci-contre), il est peu dire que la réussite est au rendez-vous. Aujourd’hui, cette instance qui est l’un des acteurs majeurs de l’apprentissage et de la formation professionnelle dans la région, ne compte pas moins de 620 apprentis et 120 personnes en formation continue. Comme dans le basket – toujours ! – où les statistiques sont essentielles, nous pourrions aussi souligner que 2000 apprenants y ont été, au total, formés. Mais aussi que le taux de réussite aux examens s’élève à 84%… Sans omettre le taux d’employabilité record : 92% ! Nous pourrions également ajouter que cette structure fondée par Bernard Depierre, avec Gérard Delangle comme seul coéquipier à l’origine – il en fut longtemps le directeur, dorénavant c’est Olivier Fouquet – est installée sur la 2e marche du podium des CFA de l’Hexagone.
Mais, pour ce faire, l’ancien adjoint dijonnais aux sports et député de la 1re circonscription, a dû mouiller la chemise. Et il a réussi, en s’appuyant sur une équipe de plus en plus étoffée au fil des années, à s’adapter à toutes les évolutions majeures : fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté, révolution numérique…
Vers de nouvelles victoires
Pour accompagner au mieux les apprentis et offrir une formation professionnelle pertinente et en adéquation avec la réalité du monde de l’entreprise, le CFA a fait de l’innovation en matière d’enseignement sa priorité. Face à chaque difficulté, il a su rebondir et ne doutons pas qu’il saura encore le faire alors qu’est donné le coup d’envoi de la réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle. Une réforme qui met fin, rappelons-le, à la collecte de la taxe d’apprentissage qui, précédemment, représentait la seule ressource de ce CFA. Un nouveau challenge de taille se présente ainsi à lui au moment où il s’apprête à fêter en grande pompe (et nous n’écrivons pas cela à cause du basket !) son 25e anniversaire.
La loi permettant de rayonner dans toute la France, le CFA est parti à la conquête de nouveaux territoires, grâce, notamment, à la pertinence de sa plateforme informatique de formation à distance mais aussi à de multiples développements. A l’instar des opérations sport santé, sport tourisme, de nouveaux services aux entreprises et aux collectivités…
La soirée festive organisée pour son 25e anniversaire le 10 décembre à l’Espace Tabourot des Accords à Saint-Apollinaire sera à la fois l’occasion de regarder, avec fierté dans le rétroviseur, mais aussi de se tourner avec envie et détermination vers l’avenir. Nombre de grands sportifs participeront à cet événement majeur du sport et de l’apprentissage en Bourgogne Franche-Comté. Citons, par exemple, le boxeur Bilel Latreche qui n’est pas besoin de présenter tellement son nom rayonne sur les rings… Quelque 400 participants, originaires de toute la région, prendront part à cette soirée où, comme nous l’a confié Bernard Depierre, nombre de surprises seront au rendez-vous. Une soirée dont le point final ne sera autre que la présentation du nouveau nom du CFA du Sport de Bourgogne Franche-Comté. Une nouvelle identité pour remporter de nouvelles victoires !