Dijon : Un passé vineux à déguster

Lassociation In Divio veritas sest vue accorder une subvention de Dijon métropole afin de remettre au goût du jour le passé vineux de Dijon et des communes alentours. Une belle initiative qui nous permet de rappeler lomniprésence de la vigne dans (et autour) de la capitale régionale dans les siècles précédents.

Et si nous nous faisions un peu plaisir et laissions libre cours à notre chauvinismevineux. Saviez-vous que, jusqu’à la fin du XVIIe, le « vin de creux du Dijonnoiz » était préféré aux meilleurs villages de la Côte de Nuits. Au moment où la métropole renoue avec son passé en réimplantant 50 ha de vignes, afin de redonner à la capitale régionale ses lettres de noblessesvineuses et den faire, par corollaire, une destination œnotouristique par excellence, ce retour éclairant sur le passé est de bon augure. Et, comme dans le domaine du vin, les racines (historiques) sont essentielles, la métropole a accordé une subvention à lassociation In divio veritas afin quelle retrace lhistoire des vignobles disparus de la périphérie dijonnaise à travers les archives municipales et départementales (matrices cadastrales, déclarations de récoltes, etc.) mais aussi grâce à linterview des habitants. Ce travail de recherche sera, par la suite, présenté lors de conférences dans les communes, accompagnées, qui sait, par des dégustations des vins du Dijonnois, qui ont été, rappelons-le, servis lors de linauguration officielle du musée des Beaux-Arts métamorphosé le 17 mai dernier.

Jusqu’au phylloxera

Afin de retrouver sa superbe dantan et d’écrire des nouvelles pages chères à Bacchus, le Grand Dijon a acquis en 2013 le domaine de la Cras situé sur le plateau entre Dijon, Plombières-lès-Dijon et Corcelles-lès-Monts. Une façon aussi de contenir lurbanisation et de maintenir une ceinture verte tout en faisant la part belle à une « agriculture péri-urbaine vivante ». Ce domaine, développé depuis, a été confié à Marc Soyard, dont le savoir-faire en matière de culture biologique nest plus à prouver.

Les vignes ont toujours fait partie de lhistoire dijonnaise. Cest à l’évêque Grégoire de Tours il rédigea le célèbre ouvrage LHistoire des Francs au VIe siècle que lon doit la première attestation de la présence de la vigne à Dijon. Mais celle-ci date de l’époque gallo-romaine. Comme quoi la chute de Vercingétorix à Alesia eut, malgré ce que certains gaulois chauvinistes aussi peuvent en dire, un peu de bonDu Moyen-Age jusqu’à la terrible crise du phylloxera, à la fin du XIXe siècle, le territoire dijonnais a vécu au rythme de lactivité viticole. A Marsannay, Chenôve, évidemment, et sur la colline de Larrey dans le prolongement naturel de la Côte mais aussi sur les pentes douces de la butte de Montmuzard, aux Marcs dOr qui se distinguent par une exposition Est-Ouest originale, à Talant et à Fontaine, avec linstallation des Chartreux, et, comme évoqué plus haut, à proximité du lit de lOuche à Plombières la vigne fait partie de lADN dijonnais. Rappelons tout de même que 60% des vignes bourguignonnes des Ducs de Bourgogne étaient situées dans et autour de Dijon, où les vignerons composaient, jusquau XVe siècle un quart de la population !

Camille Gablo