L’Europe

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A une encablure des élections européennes, quel citoyen averti ne s’interroge pas sur l’utilité de son vote ? Pourtant, l’idée d’Europe est inscrite dans nos gènes depuis plus de deux mille ans. Ce sont les Romains – César, Germanicus ou l’empereur Hadrien entre autres – qui en ont dessiné les contours. Or, tout récemment lors de l’ouverture du « Printemps de l’Europe », l’association culturelle Arteggio et l’orchestre Dijon Bourgogne, en partenariat avec la direction des musées de Dijon, nous ont offert un grand bonheur européen au dortoir des Bénédictins. Le temps d’un concert intitulé judicieusement Racines : toutes les œuvres interprétées se faisaient en effet l’écho de l’âme des nations qui composent aujourd’hui l’UE – de la Moldau de Smetana à Ravel pour la Rapsodie espagnole ou encore Anton Dvorak pour ses danses slaves. L’Europe nous fut alors contée, et le ravissement était au rendez-vous… En sortant du Musée Archéologique ce dimanche-là, tout auditeur se sentait grandi après s’être imprégné des sonorités de la Danse hongroise de Brahms, de celles de Ein Emblem de Michaël Walter ou encore de Paulo Bastos pour ses Bucolicae spécialement composées pour ce Printemps. La musique de ces compositeurs des 19ème, 20ème ou 21ème siècles nous a donné à croire non seulement au Genius d’une Europe transcendantale mais également aux merveilleux génies d’une Europe immanente.

 

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L’Europe qui tend à se glisser dans les urnes le 26 mai est difficilement compréhensible. L’absence de réels programmes mais surtout la multiplication des listes – en France pas moins de 34 – est totalement affligeante ! Chacun dirige sa petite chapelle ; et tous ces candidats sans éclat intellectuel ni envergure charismatique feignent de vouer un culte au paradis perdu ( ?) d’une Europe verte… Cet éparpillement des idéologies risque d’aboutir à une inefficacité de l’Europe et de la clouer au sol. Il serait bon d’interroger les têtes de listes à ces élections – en réalité oiseaux sans tête ou pire… Loiseau sans tête – sur l’irresponsabilité de ces candidatures démultipliées. Car, qu’attendre de cette surabondance de partis traditionnels ou de politico-bulles éphémères sinon le manque de cohésion, voire d’efficience du prochain parlement européen ? Au final, on sent dans tout ce gâchis une incapacité à impulser un sens profond à une Europe sociale, économique, politique ou agricole. Quel manque de maturité de toute cette classe politique si composite et dont l’attitude ne peut qu’enraciner la défiance à leur égard de la masse des citoyens. Citoyens qui subodorent les coulisses de ce spectacle, l’absence de l’Europe sur l’échiquier mondial ainsi que l’appât du gain de tous ces routards anciens ou néophytes. Les émoluments d’un député européen sont bigrement juteux tout comme les euros que ramène chaque voix. Les clowns, les fauves ont donc envahi la piste. Il reste un point d’interrogation lancinant : qu’on nous montre vite, très vite, un Monsieur Loyal pour lancer un numéro de trapèze qui hisserait haut, très haut l’Europe ?

Marie-France Poirier