Les François , cher lecteur, vénèrent une déesse qu’ils appellent Léna. C’est une sorte d’énorme abeille qui passe sa vie à pondre des rejetons promis à un bel avenir. Chaque François rêve de sortir de Léna tant sa progéniture est touchée par la grâce du génie et de la créativité. Ainsi, tout récemment, les fils de Léna se sont penchés sur le livret scolaire des petits François au motif qu’il était devenu poussiéreux. La famille ayant tellement changé, les mots père et mère ne pouvaient plus désigner les parents d’un écolier. On imagina d’abord qu’il était préférable de les nommer « parent 1 » et « parent 2 », outre le fait qu’il aurait fallu organiser deux fois par an des rencontres « parent 1 – professeur 2 » et des rencontres « parents 2 – professeur 1 » dans les collèges et les lycées, on écarta cette proposition, car « parent 1 » est impair, tandis que « parent 2 » est pair : comme tu le vois, cher lecteur, aucune place n’était réservée à la mère, sauf pour le jeune Spiderman qui est né d’une mère épeire…
On imagina ensuite les appeler « parent » et « parent bis », mais « parents bis » au pluriel était sexuellement trop ambigu. On aurait pu retenir « père 1 », mais « mère 2 » sonnait mal. De proche en proche, on glissa finalement de « parent bis » à « parent ter », puis de « parent ter » à « papa ter » et à « maman ter » : il suffisait alors d’une simple apocope de la dernière syllabe « pa » et « man » des géniteurs pour tomber sur les termes latins originels respectivement « pater » et « mater » qui, une fois traduits, ont convaincu les enfants de Léna de s’en tenir à « père » et « mère »…
Mais console-toi, cher lecteur, pour la fête des parents 1 ou 2, on pourra offrir des confitures Bon Parent…
Alceste