Dijon l’Hebdo : Quel est le bilan que vous tirez de l’année 2018 en matière immobilière ?
Me Pascal Massip : « J’aimerais tout d’abord préciser que le baromètre sur la conjoncture immobilière départementale réalisé par notre partenaire ADSN ne couvre pas l’intégralité de l’année écoulée. Il couvre la période du 1er novembre 2017 au 31 octobre 2018 mais il donne tout de même un éclairage précis sur l’année qui vient de d’écouler.
Si on devait résumer cette année en quelques mots, je dirais : « Rééquilibrage du marché dans la sagesse… »
DLH : Et ce rééquilibrage, comment s’est-il opéré, vers le haut ou vers le bas ?
Me Pascal Massip : « Force est de constater qu’il n’y a pas eu de baisse notoire des prix sauf cas particuliers et pas de hausse frénétique non plus sauf effets de correction comme on a pu le voir à Fontaine-lès-Dijon. Stabilité est le mot qui caractérise le mieux cette année 2018 avec des volumes de transactions quelque peu en retrait par rapport à 2017. L’avenir nous dira quel seront les effets du climat économique et social sur les deux derniers mois de 2018 qui ne sont pas pris en compte dans ce baromètre. Autre question qu’il faut avoir à l’esprit : les établissements bancaires continueront-ils à soutenir le marché en jouant le jeu des financements comme ils l’ont fait jusqu’à présent ?
DLH : Comment s’est comporté le marché de l’ancien ?
Me Pascal Massip : « On est sur des valeurs qui sont stables. Sur l’ensemble de la Côte-d’Or, l’augmentation des prix est de 0,5 %. Sur Dijon, la hausse est de 2 % et de 1,8 % sur la périphérie de Dijon. Globalement, ces hausses suivent l’inflation. On est loin des situations que l’on peut rencontrer dans les grandes villes comme Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux ou encore Lille. Le marché dijonnais, lui, est à la fois très sage et très stable.
Après, quand on rentre dans le détail, on voit qu’il y a des quartiers nettement à la hausse. C’est le cas du quartier des Perrières (+ 8,4 %), Montchapet (3,8 %)… On peut penser que ce sont des rattrapages par rapport à l’année précédente. Dans le même temps, on a des quartiers qui accusent une certaine baisse comme Montmuzard (- 9,9 %). Dans ce cas particulier, on a eu des prix, dans les années passées, qui avaient artificiellement augmenté en raison de la vente des biens à des promoteurs qui ont rasé les maisons pour en faire des petits immeubles. La proximité de l’université a facilité la construction de programmes immobiliers. Ce phénomène s’est atténué et cela explique la correction des prix revus à la baisse. Il ne faut pas pour autant s’alarmer dans la mesure où le prix médian au m2 (1 710 €) dans ce quartier correspond à l’ambiance générale. Situation similaire dans le quartier des Poussots, au bas du boulevard Mansart, avec un prix médian à 1 760 € du m2 mais aussi toute cette zone proche des allées du Parc. Je pense à la rue d’Auxonne, rue de Longvic… qui présentent également un prix médian à 1 700 € du m2.
Par contre, sur l’ensemble de Dijon, le prix médian se situe à 1 792 €. Certains quartiers affichent des prix nettement supérieurs comme le centre sud, plus précisément le nouveau quartier sorti de terre ces années dernières et qui prévoit d’autres constructions dans l’avenir, où l’on atteint aujourd’hui 2 350 € (+ 5,6 %). Situation similaire sur le quartier de Pouilly – Toison d’Or avec un prix médian à 2 280 € du m2. Ce qui veut bien dire que toutes les constructions qui sont aux normes en terme énergétique tirent leur épingle du jeu. D’une manière générale, on voit que les acheteurs intègrent le montant des travaux qu’ils auront à effectuer pour une remise aux normes. Et cela pèse évidemment sur la transaction. On a donc aujourd’hui un marché qui reflète la qualité réelle des biens. »
DLH : Et sur les maisons anciennes ?
Me Pascal Massip : « Sur les maisons anciennes, la valeur moyenne d’un bien à Dijon, c’est 227 300 €, légèrement plus que sur la périphérie (224 600 €). Les maisons de 5 pièces. représentent 29,5 % du marché sur Dijon et 31,6 % sur la périphérie. A noter la forte demande sur les types 6 et plus qui représentent 36 % des ventes sur Dijon et 46 % en périphérie. Là encore, avec des prix très différents selon les quartiers. Bien placé, comme toujours je serais tenté de dire, Montchapet, où le prix médian est de pratiquement 295 000 €. A l’opposé, dans le quartier des Bourroches, le prix médian ne dépasse pas 178 000 €. En périphérie, les différences se font également sentir. Par exemple, Fontaine-lès-Dijon a beaucoup progressé mais il faut se rappeler qu’il y a un an le marché était à la traîne sur cette commune en raison surtout de la rareté des biens proposés. On assiste donc à un rééquilibrage avec une hausse des prix de 10,8 % et un prix médian de 305 000 €. Les tarifs moins élevés, on va les trouver sur Chenôve (187 000 €), Marsannay-la-Côte (175 000 €).
La proximité de Dijon, les transports en commun ont une influence réelle sur les prix.
Le marché se tient plutôt bien à Quetigny et Saint-Apollinaire qui affichent la même valeur médiane à 215 000 €. Là encore on mesure pleinement l’attrait des moyens de transport. »
DLH : Que peut-on dire du marché du neuf ?
Me Pascal Massip : « Les prix ont stagné, voire régressé légèrement sur le marché des appartements neufs avec des prix médians qui s’établissent aux alentours de 3 500 € du m² pour Dijon et 3 000 € en moyenne pour l’agglomération en dehors de Talant qui affichent des prix similaires à Dijon.
On peut noter, et c’est une bonne nouvelle, qu’il y a beaucoup de programmes immobiliers sur la périphérie dijonnaise, notamment à Chevigny-Saint-Sauveur, Longvic… avec des prix avoisinent les 3 000 € du m². »
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre