Tout est dans la mode ! La valse des mots apporte sa contribution sémantique à ce qui est ringard et à ce qui ne l’est plus ! Finie l’ère du vêtement « d’occasion » qui bat désormais pavillon « Vintage ». Dijon est dans la mouvance : on avait déjà une petite section aux Nouvelles Galeries. Depuis peu, une boutique de fringues au look retro tient le haut du pavé rue de La Liberté. Et, cerise sur le dos du vison, Jean-Luc Morizot , fourreur quasi légendaire à Dijon, a passé le témoin à Maryline Colard, une jeune femme sympathique, innovante.
Rien ne la préparait à devenir « fourreur vintage » : elle avait démarré sa vie professionnelle comme ambulancière. Pas vraiment une fausse orientation, mais… Mais Maryline ne se réalisait pas totalement. Une rencontre fortuite avec Jean-Luc Morizot et sa femme va la propulser dans une autre galaxie habitée par ces extra-terrestres que sont astrakans, visons, renards, agneaux de Toscane ou de Mongolie etc. La passion de découper, de coudre la fourrure, de créer des modèles inédits ne tardera pas à l’animer… Un apprentissage de plus d’un an sur le tas avec les Morizot la convainc d’avoir véritablement trouvé sa voie.
Il n’empêche que Maryline Colard est confrontée à une réalité existentielle et économique bien ancrée : les peaux neuves sont chères, la clientèle moins prompte à investir dans ce type d’achat. Enfin il y a les associations de défense de la cause animale qui partent en croisade et prêchent pour le poil synthétique… En raison de tous ces facteurs, c’est donc décidé : Maryline sera fourreur, ne travaillant qu’à partir de vêtements en fourrure de seconde main : « Le tout est de s’assurer qu’il s’agit de peaux en bon état, confie-telle. Après, c’est affaire d’idées, d’imagination. J’aime jongler avec les bandes de fourrures et du daim. J’aime également associer les tons bruns et clairs des peaux ; j’essaie de me montrer originale dans la coupe des modèles que je crée, tous bien évidemment inédits ».
La fourrure fait rêver les femmes… Est-ce une survivance du chamanisme propre à toute culture ? S’en parer, c’est une façon de s’assimiler à un bestiaire imaginaire de charme, à un monde de séduction, ou encore de s’approprier, comme par magie, ce petit zeste de goût sauvage si « fun »… D’autant que vestes, manteaux, blousons ou pelisses « vintage » sont abordables : le coût en est cinq à six fois moins cher.
Note d’humour apportée par Jean-Luc Morizot qui n’a rien perdu de sa faconde et n’hésite pas à passer la porte de son ancienne boutique : « La fourrure, la vraie, est biodégradable, s’exclame-t-il. C’est loin d’être le cas du poil synthétique, aussi nuisible à l’environnement qu’un sac en plastique ! »
Le « vintage » affiche donc vertu et morale. Bravo ! L’activité fourrure a toutes les chances de reprendre du poil de la bête.
Marie-France Poirier