« Un sentiment personnel indescriptible »… C’est en ces termes que Philippe de Cock résume son voyage au Bénin du 26 juin au 4 juillet dernier. Lui qui voulait depuis bien longtemps découvrir l’Afrique occidentale en dehors de la vision touristique traditionnelle, n’aura pas été déçu en mesurant combien sa démarche humanitaire aura été pertinente.
Cette initiative, c’est le fruit d’une rencontre, en 2013 : celle de Philippe de Cock, patron de Citya Gessy Verne, à Dijon, et d’Esaïe Marshall, béninois d’origine, docteur en pharmacie, à la recherche d’un logement à Dijon dans le cadre de sa spécialisation en épidémiologie au CHU de Dijon. Au fil des discussions, Philippe de Cock mesure les difficultés que rencontrent les compatriotes d’Esaïe Marshall, notamment les jeunes. Et ce dernier trouve les mots justes : « Le Bénin est un pays très stable dont la population souffre néanmoins d’un certain nombre de maux que nous ne connaissons plus ou très peu en France. C’est très probablement, de toute l’Afrique occidentale, le pays le plus stable de par sa constitution et son respect de la démocratie. Coup d’Etat et coup de théâtre sont bannis des esprits des citoyens et surtout des militaires et, depuis 1990, des élections sont organisées sans le moindre problème. L’éducation y est bien sûr pour quelque chose. C’est un acte important que de donner des moyens qui contribuent à l’éducation. Plus les gens sont éduqués, plus ils prennent en considération la démocratie ».
15 000 livres pour les collégiens d’Adjarra
L’éducation, fil rouge de ce voyage humanitaire. « Nous avons imaginé dès la fin 2016 la mise en place d’une action humanitaire en faveur de collégiens en prenant un appui logistique fiable sur un entrepreneur béninois, Germain Wanvoegbe, spécialisé dans la production de savon bio : le transport de 15 000 livres vers la commune d’Adjarra située au nord de Porto-Novo » explique Philippe de Cock. Ce chef d’entreprise a, en effet, eu un rôle clé pour réceptionner sans encombre le container, évitant ainsi les incontournables « tracasseries » administratives.
Et pour collecter 15 000 livres, Philippe de Cock a fait le tour des connaissances, des amis, des amis des amis, des amis des amis des amis… et surtout pris contact avec l’ONG « Le bouquin volant », basée à Paris, qui récupère des livres un peu partout en France. « Et puis, c’était une occasion unique de donner une seconde vie à ces bouquins » précise encore le patron immobilier dont l’émotion est encore intacte à l’évocation de la livraison de ces livres. « L’accueil a été exceptionnel. Discours, chants, danses… qui nous ont renvoyé à beaucoup d’humilité. Il y avait 5 à 600 élèves, leurs parents, les enseignants et toutes les autorités locales et autres dignitaires de différentes ethnies. Nous avons découvert, avec mon épouse Frédérique et un ami, Gérard Bec, des classes composées d’environ 80 élèves, plus motivés les uns que les autres avec pourtant des conditions d’études extrêmement compliquées. Très peu de livres à leur disposition mais aussi des chaises et des tables en quantité insuffisante ce qui fait que la majorité des jeunes sont assis à même le sol… Et je ne suis pas prêt d’oublier cette formule d’une adolescente, Espere Djossou, porte-parole des collégiens : « Qui ouvre les portes de l’école ferme les portes des prisons ».
Un second container dans le courant de l’automne
Philippe de Cock ne souhaite pas en rester là avec Adjarra, cette commune pauvre de 100 000 habitants qui dispose de huit collèges ne disposant ni de bibliothèques dignes de ce nom, ni d’outils informatiques. « Un projet est déjà bien avancé avec l’envoi, dans le courant de l’automne, d’un second container avec à la fois du matériel médical comme des fauteuils et des lits de prélèvements, des stéthoscopes mais aussi des lunettes de vue, des lunettes de soleil offertes par Optic 2000, des vêtements, des livres qui ne seront plus uniquement scolaires permettant de se cultiver d’une manière différente. Nous voulons aussi envoyer également des ordinateurs recyclés qui trouveront leur place dans une salle informatique qui reste à mettre sur pied. Un certain nombre d’entrepreneurs locaux, connus et moins connus, nous apportent un précieux soutien dans notre démarche. Je citerai, par exemple, Robert Williams, le patron d’AMG, qui a répondu spontanément à notre sollicitation ».
Celles et ceux qui aimeraient soutenir ce nouveau projet humanitaire peuvent prendre contact avec Dijon l’Hebdo en écrivant à contact@dijonlhebdo.fr
Pierre Solainjeu