« Chez Gérard », les piliers du zinc se demandent, avec un gros bon sens, si Emmanuel Macron et Donald Trump n’ont pas troqué leur calendrier 2018 contre celui de George W. Bush en 2003 – quand l’armée américaine intervenait en Irak. A l’époque, les faucons du gouvernement US n’avaient eu de cesse de convaincre leurs alliés que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive. On connaît la suite. Devons-nous tirer des récentes frappes aériennes en Syrie les mêmes enseignements qu’en 2003 ?
Arnaud, toujours Grognard de la Garde macronienne – même si la hausse de la CGS lui coince le gosier : « Attention ! Il y a une différence notable : Bush arguait de la guerre sainte, alors qu’aujourd’hui il s’agit d’une intervention « propre » (sic, les états-majors) et qui ne relève pas d’une intention belliqueuse contre Bachar el Assad. Les explications du Président de la République et du Ministre des Affaires étrangères ont été très claires là-dessus : la « ligne rouge » a été franchie par le régime syrien qui a fait usage d’armes chimiques. » Jean et Bruno, toujours en embuscade depuis la place-forte Mélenchon : « Tu ferais bien mieux, Arnaud, de recourir au conditionnel, car Macron n’a pas apporté la moindre preuve tangible que l’armée d’Assad ait utilisé des armes non conventionnelles. »
Tous attendaient le commentaire bien senti du député de l’Assemblée des Oasis, notre Bonobo d’Edouard. Lequel apporte sa branche de palmier à la réflexion universelle du troquet : « Soyons objectifs. Qui a utilisé les armes chimiques en Syrie ces 7 dernières années ? Tous les belligérants ! C’est la guerre, dans son essence la plus brutale, qui impose les pires atrocités. Donc, il n’y a pas lieu pour les dirigeants américain, britannique et français de plaider pro domo en invoquant une « guerre juste » ou des « frappes propres ». Déjà pas mal d’experts qualifient ces récents bombardements d’insuffisants et contradictoires. Qui est habilité à définir la sanction, à « punir » et à déclarer qu’une intervention est légitime ? Personne ! Nous, les Bonobo, sommes bien placés pour vous le dire! Sans compter qu’en arrière-plan, se jouent des intérêts économiques et stratégiques considérables que nos trois va-t’en-guerre ont à défendre en se plaçant hypocritement sous la bannière de la vertu politique.»
Arnaud, au sortir d’un nouveau vide-grenier, saisit la conversation au bond, plagiant sans le vouloir Chirac : « Edouard, tu es le meilleur d’entre nous ! Bien vu ton propos sur les guerres saintes, sales, ou propres… Justement, z’avez vu ce qui se passe chez nous ? Le quartier des rues Charles Briffaut et Lamartine a été aux avant-postes de la contestation, durant une semaine. Déclarant – avec lancement intensif de pétitions et de signatures – la guerre à un bunker dédié à la collecte du verre. La « chose » défigurait ce coin de Dijon si charmant. » Arnaud, jaloux de l’aura d’Edouard sur la clientèle de « Chez Gérard » n’entend pas être en reste : « J’ai un scoop : les riverains viennent d’obtenir la peau du monstre ! On est débarrassé de cette verrue difforme. Ouf ! »
Au royaume des promesses distillées dans les comités de quartier, à l’ère des discours sur l’écologie, aurait-il été raisonnable de faire subir aux riverains la Guerre des… Tessons ? Ce qui aurait bien fait rigoler Louis Pergaud.
Marie-France Poirier