Vilaine histoire de corbeau

 

La politique, et c’est une constante, ne laisse pas toujours de belles images… Ici ou là un opportunisme malmenant l’éthique, des jeux florentins, des luttes de clan, des relations compliquées, des chamailleries prichrocolines, des querelles de bas étage ou de coteries, des petits copinages, petites combines, petits intérêts, coups bas… Et, parfois, l’impossible, l’impensable, peut se produire : la dénonciation anonyme, arme des faibles par excellence et du crétinisme aigu,

plus redoutable encore que la bêtise et l’inculture. Une véritable démission de l’intelligence.

C’est ce qui s’est passé à Chenôve, deuxième ville de la Métropole. Les faits remontent à début janvier. Le même jour, l’Université de Bourgogne, le Rectorat et le Parquet reçoivent une lettre anonyme mettant en cause Thierry Falconnet, le maire, Justine Lagrange, sa directrice de cabinet, et Jean Vigreux, conseiller municipal, dans un possible conflit d’intérêt portant sur un projet expérimental en matière d’éducation visant à évaluer l’impact des nouvelles technologies sur l’apprentissage des élèves. Après dépôt de plainte pour dénonciation calomnieuse, la police a eu tôt fait de mettre la main sur le corbeau. En l’occurrence sur Dominique Michel… le Premier adjoint de Thierry Falconnet ! Ce dernier a laissé place à une sévérité inédite en retirant instantanément les délégations de son Premier adjoint. La déflagration politique d’une ampleur insoupçonnée a conduit Dominique Michel à démissionner et se réfugier, sur le ton de la vierge effarouchée, dans une posture de « lanceur d’alerte »… sculptée, il faut bien le reconnaître, dans un calcul biliaire.

On ne peut être qu’abasourdi par autant de lâcheté et ressentir une impression de nausée même. Comment nommer autrement ce sentiment qui nous étreint face au spectacle désolant offert par un élu de la République ? Une situation pas belle à voir ni bonne à sentir qui exhume le spectre d’une partie sombre de notre histoire ensanglantée par la délation sournoise.

Les élus de la majorité du conseil municipal ont fait bloc pour soutenir leur maire, dont ils soulignent l’intégrité, homme de gauche par excellence qui offre toute la palette d’un humanisme prêt à se dévouer pour des causes proches aussi bien qu’éloignées.

Le Premier adjoint, lui, a démissionné de son poste… mais reste au conseil municipal. Son poste de secrétaire de la section PS de Chenôve n’a pas été renouvelé et le Groupe « Forces de progrès », au sein du conseil départemental de Côte-d’Or, l’a exclu à l’unanimité.

Il lui reste maintenant à baisser la tête pour ne pas la perdre complètement.

Jean-Louis Pierre