Voici un hôtel, au 21 de la rue Vauban, qui est un véritable bijou dans l’ensemble des quelques 120 hôtels qui parsèment le centre historique de Dijon.
C’est en 1690 que Charles Legouz de Gerland, maître de la garde-robe de la Dauphine, décide d’agrandir son hôtel en s’inspirant de la place royale toute proche.
Côté rue Vauban
La cour se déploie en un hémicycle harmonieux à l’arrondi festonné d’arcades et couronné d’une élégante balustrade. Très dépouillée, la façade doit son raffinement aux guirlandes et chutes fleuries qui encadrent les fenêtres et scandent les arcades. Les lucarnes même n’ont rien des formules usuelles à ailerons. Ce sont les seules de la ville dont l’archivolte s’amortit en une sculpture de marguerites et de pommes de pin, comme le cordon de passementerie d’un rideau
.Faut-il y voir la marque spécifique du président Legouz de Gerland à qui l’on doit la création du jardin botanique de Dijon ? Peut-être son amour des plantes le conduisit-il à adopter ce décor.
Tout autre est le monumental portail de menuiserie qui clôt la cour de façon théâtrale. Un mufle de lion, émergeant d’une draperie orchestre le tympan. On retrouve sur l’appui de la balustrade deux magnifiques spécimens léonins annonçant sur rue la noblesse et la puissance du propriétaire des lieux.
Côté rue Stéphen-Liégeard
L’ « envers »de l’hôtel révèle son histoire. En effet, la cour et le logis sont plaqués sur l’ancien hôtel Chissey-Varanges bâti au milieu du XVIe siècle et repris par la famille Legouz vers le XVIIe siècle. C’est en 1538 qu’est édifiée sur l’ancienne rue de la Conciergerie cette suite d’anguleuses tourelles prismatiques. La tourelle d’angle et la façade en retour sur la rue Amiral Roussin furent ajoutées en deux temps vers le XVIIe. Avec les pans coupés de ses échauguettes, ces tourelles prismatiques sur la façade arrière, l’hôtel a de ce côté une allure de château de la Loire. Cette façade arrière donne à la rue un côté angevin avec ses ressauts, ses fenêtres à piédroits et des meneaux et les lignes fuyantes de ses corniches. Elle a ce jeu de formes des châteaux de la Loire, retranchés sur leur ilot de terre. Et à bien la regarder, on l’imaginerait volontiers cernée de douves plutôt que de rues.aussi ne part notable dans la création de l’école des Beaux-Arts.
A la fin du XVIIIe siècle, il fut acheté par Claude Fyot de Mimeure qui délaissa son hôtel Renaissance tout proche.
Autre occupant notable, le député-poète Stéphen-Liégeard qui restaura entièrement l’hôtel au XIXe siècle.