28 rue de la Liberté : les douceurs du Père Fagart

Lors des fêtes de fin d’année, le Coin du Miroir et la rue de la Liberté sont les témoins de l’animation commerciale de la cité.

En 1910, Dijon et son agglomération comptent à peine 90 000 habitants et le personnel de la chambre de commerce va dénombrer, le 26 décembre, au Coin du Miroir, 21 324 piétons, 1 769 cyclistes, 560 attelages, 480 passages de tramway, 210 automobiles, 42 motos et 5 cavaliers.

Les trottoirs sont occupés par des présentoirs d’objets les plus divers et l’air est parfumé par les marrons chauds d’un marchand non sédentaire qui a arrêté sa voiture au début de la rue des Forges.

Vers la place Darcy, au numéro 17 de la rue de la Liberté, la maison Bouet propose ses articles de voyage, notamment d’imposantes malles utiles pour les déplacements dans le Midi que le Dijonnais Stephen Liégeard vient de baptiser Côte d’Azur.

La paix revenue après la victoire de 1945, l’épicerie du Père Fagart, 28 rue de la Liberté, a repris toute son importance. C’est affectueusement que les Dijonnais le nomment ainsi car son âge, sa grande blouse grise, les douceurs qu’il propose lui confère une allure de grand-père gâteau.

Le long de la vitrine, de chaque côté de la porte, des bancs présentent les marchandises à vendre. Il y a des rangées de hauts bocaux verres garnis de sucres d’orge de toutes les couleurs, des cachous, des boules de gomme, des rouleaux de bandes de réglisse… L’épicier se tient sur le pas de la porte et, dans un petit sac de cellophane, il place les douceurs réclamées par les enfants.

Il ne chôme pas le Père Fagart. Il faut faire la queue pour être servi. Il vend aussi toutes sortes de gâteaux, de biscuits, notamment les productions des usines Pernot. A Dijon, pour le petit déjeuner ou les 4 heures, le Piou Piou est plus demandé que le Petit Lu.

Les gâteaux, le Père Fagart les vendait au poids. Il les recevait dans des boîtes en fer d’un kilo… qui lui restaient donc sur les bras. Il accepte de les céder pour quelques sous. Et bientôt, elles disparaissent aussi vite qu’elles arrivent. Les ménagères ont, en effet, rapidement vu l’utilité de ces solides boîtes pour mettre à l’abri de la poussière, de l’humidité, des mains gourmandes des enfants, non seulement des gâteaux qui demeurent croquants, des bonbons, mais aussi de la farine, du riz, des féculents qui sont bien protégés.

Avec l’usage, ces boîtes se salissaient et retrouvaient une utilité dans un atelier ou à la cave où elles servaient de rangement pour les vis, clous, boulons et autres petits outils.

A la fermeture de l’épicerie Fagart, le maire de l’époque eut la bonne idée de faire démonter la boutique pour la remonter au sein du musée de la Vie bourguignonne.

Roger LOUSTAUD