La Nouvelle vague macronienne est-elle aussi en marche pour les élections législatives des 11 et 18 juin prochains ? Il faudra attendre le palmarès des élections législatives pour connaître la réponse à cette question. Gros plan sur les enjeux dans le département… où ils sont 68 à être entrés en scène !
Le dimanche 18 juin, le palmarès des élections législatives 2017 tombera. A qui seront attribuées les cinq palmes d’or (de la République !) dans le département ? Comme au célèbre Festival de Cannes cette année – où, in fine, ce fut le suédois Ruben Östlund pour The Square qui l’emporta –, il serait bien présomptueux de donner des pronostics.
Si vous avez l’étoffe d’un Prophète (et nous ne parlons pas du film de Jacques Audiard) en annonçant les noms des 5 futurs députés de Côte-d’Or, alors vous pourrez endosser le costume (pardon, c’est un terme dorénavant proscrit depuis la campagne présidentielle !) de critique politique le plus aguerri.
Il faut dire que, comme pour la Nouvelle Vague, née sous l’œil de la caméra de François Truffaut ou de Jean-Luc Godard, les codes politiques ont tellement été bousculés depuis les 65,5% d’Emmanuel Macron au niveau national (64,17% en Côte-d’Or et 75,95% à Dijon !), qu’il est impossible d’écrire aujourd’hui les scenarios d’avance.
Avec son gouvernement d’ouverture piloté par le LR Edouard Philippe qui a quitté son « Havre de paix » pour Matignon, Emmanuel Macron, issu des rangs de la gauche, a créé une séquence inédite sous la Ve République. Beaucoup l’interrogeaient (pour ne pas dire le fustigeaient) sur sa formule « ni de droite ni de gauche ; ils ont, depuis la nomination de Lemaire, Bayrou, Collomb, Le Drian, Hulot et consorts, découvert qu’il est « et de droite et de gauche ! »
C’est une première depuis 1958 mais cette tentative de « convergence républicaine » fut déjà tentée bien avant la création du Festival de Cannes : au sortir de l’Affaire Dreyfus, René Waldec Rousseau, en 1899, innova dans le domaine. En 1926, Raymond Poincaré suivit. Tout comme le Gouvernement provisoire de la République française, en juin 1944, avec le Général de Gaulle à sa tête…
Tiens tiens, ne dit-on pas actuellement qu’Emmanuel Macron a des accents gaulliens (quand d’autres lui trouvent un côté mitterrandien, discours de victoire devant la Pyramide du Louvre oblige) ! Et s’il était tout simplement macronien ! Et était en train de mettre en marche sa majorité au Palais Bourbon… Sera-t-elle absolue ? Là aussi, les pronostics divergent…
La vague (nouvelle celle-là aussi) macron sera-t-elle au rendez-vous le 18 juin au soir ? Personne ne le sait mais des candidats, ne bénéficiant pas de l’investiture de La République en Marche, synonyme de zoom en cette période de campagne, n’hésitent pas à se revendiquer de « la majorité présidentielle ». D’autres ne le disent pas mais, sur le terrain, au contact de leur électorat, expliquent soutenir telle ou telle mesure du programme d’EM…
Ancien radical de gauche converti au macronisme, Didier Martin, bénéficiant, lui, du précieux sésame sur la 1re circonscription, autrement dit sur celle où le nouveau locataire de l’Elysée a obtenu le meilleur score dans toute la Bourgogne – Franche-Comté (28,19% au 1er tour de la Présidentielle et 75,62 % au second !), se voit (presque) déjà en haut de l’affiche. Pour preuve, il devait confier, lors d’une conférence de presse conviviale, pardon bienveillante (c’est le nouveau mot à la mode !) : « Ma principale erreur serait de ne pas faire campagne ! »
Que donnera son affrontement (pardon, ce mot là est aussi proscrit) avec sa collègue PS à la mairie de Dijon, Sladana Zivkovic, qui, comme Pierre Pribetich sur la 2e et Anne Dillenseger sur la 3e circonscription, bénéficie du soutien du maire de Dijon François Rebsamen ? Et quid, sur l’ancienne base électorale de Laurent Grandguillaume, du face à face purement Républicain entre François-Xavier Dugourd et Anne Erschens ? Voilà quelques questions dont nous aurons des éléments de réponse dès le 11 juin.
Le score du président de la Fédération LR en Côte-d’Or, Rémi Delatte, sur la 2e circonscription, que le Front national, avec le conseiller régional Franck Gaillard, n’a pas manqué de cocher (Marine Le Pen y ayant obtenu la 2e place au 1er tour de la Présidentielle avec 21,91%) sera également scruté avec intérêt. Tout comme celui du candidat de la République en Marche, François Deseille, investi au titre des négociations avec le Modem. Il faut dire que là aussi Emmanuel Macron (24,51%) avait ravi la 1re place le 23 avril dernier…
Et que dire de la 3e circonscription où les jeux semblent plus ouverts que partout ailleurs : la députée sortante socialiste Kheira Bouziane, non réinvestie par les militants et la rue de Solférino qui lui ont préféré Anne Dillenseger, tente de conserver le premier rôle. Une circonscription où Fadila Khattabi, ancien conseillère régionale PS, fait, elle, son come back… auréolée de l’étiquette La République en Marche. Le Front national, avec Jean-François Bathelier, agriculteur à Genlis, continuera-t-il de creuser son sillon sur ce secteur où Marine Le Pen avait talonné Emmanuel Macron de seulement 523 voix au 1er tour ? Et quel niveau atteindra le Mélenchonien Boris Obama, là où le tribun de la France Insoumise fit entendre le plus fort sa verve (troisième avec 20,62%) ? Pascal Caravel (LR) fera-t-elle oublier le pâle score de François Fillon (16,63 %) ? N’allons-nous pas sur cette 3e circonscription vers une triangulaire ?
Bref, si vous avez la réponse à toutes ces questions, vous saurez alors qui montera les marches du Palais Bourbon… N’oublions pas non plus que la participation sera essentielle, puisque la « martingale », selon l’expression politique consacrée – autrement dit le chiffre pour se maintenir au second tour – est fixée à 12,5% des inscrits. Une seule chose est sûre aujourd’hui : ils sont 68 sur la ligne de départ. Et ils ne seront que 5 à la fin sur le tapis rouge !
Xavier Grizot