Mais que passera-t-il donc le « jour d’après » ? Si la question se doit d’être posée, rappelant par là-même, le titre d’un célèbre film catastrophe où le monde se retrouve confronté à la glaciation, c’est bien sur la 3e circonscription de la Côte-d’Or. Car, eu égard aux résultats du 1er tour de la Présidentielle, tout est possible pour les 3e et 4e tours. Autrement dit pour les législatives !
Y compris une quadrangulaire ! La fiction de ce combat à quatre devrait cependant se heurter au mur de la réalité, à savoir l’obligation de dépasser 12,5 % des inscrits (soit 8795 voix) pour pouvoir se maintenir au 2e tour. Et, sachant que la participation, il y a 5 ans, n’avait été que de 58,04% sur ce territoire, ce synopsis est loin d’être écrit.
Et, pour ce faire, Pascale Caravel, candidate investie par Les Républicains et l’UDI, qui avait été défaite en 2012 par la députée sortante socialiste Kheira Bouziane, devra montrer que, sur son nom, elle peut faire oublier la terrible campagne de François Fillon. Parce que, parmi les 3 circonscriptions rayonnant sur la Métropole dijonnaise, c’est sur celle-ci que l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a été le plus sanctionné. En le plaçant 4e, avec seulement 16,63 % des suffrages, les électeurs ont clairement signifié au pilote sarthois sa sortie de route sur le chemin de l’Elysée.
Et que dire du candidat socialiste qui, lui – ici comme partout en France d’ailleurs – n’a enregistré que 6,63% ! La députée sortante Kheira Bouziane, qui a communiqué pour dire qu’elle n’avait pas encore… communiqué sa décision de se présenter ou non, doit sans conteste s’interroger. Le fait qu’elle ait été, durant le quinquennat de François Hollande, frondeuse, à l’image du vainqueur de la Primaire, n’eut aucun effet bénéfique sur le score de Benoît Hamon. Avec une perspective guère optimiste pour les socialistes : s’ils sont divisés – et ils en prennent le chemin, la rue de Solférino préférant à la sortante l’adjointe dijonnaise Anne Dillenseger – l’épilogue, alors, pour le PS semble écrit d’avance.
Surtout que les terres, qui ont pour habitude de dérouler le tapis rose, ont cette fois-ci préféré un tout autre palmarès. Imaginez qu’à Chenôve, ville historique du PS, Benoît Hamon n’est sorti qu’en 5e position (9,51%) !
La Cité des Bonbis a clairement montré qu’elle préférait appartenir à la nouvelle France Insoumise (27,91%). Et c’est sur cette circonscription que Jean-Luc Mélenchon (20,62%) a obtenu son meilleur score en Côte-d’Or. Si bien qu’un acteur commence à occuper le premier plan de ces législatives : Boris Obama, le candidat Insoumis investi. Un nom illustre déclenchant les sourires à la fin de l’hiver, mais attirant, aujourd’hui, les regards d’une autre façon, le Mélenchonien étant devenu, depuis le 23 avril, un postulant qui va compter…
Deux noms manquent au générique
A l’instar déjà du représentant du Front national dont le nom n’a pas encore été mis au générique des prochaines législatives. C’est en effet ici, dans le grand bassin dijonnais, que la déferlante Marine a été la plus forte. Créditée de 23,24%, la candidate de l’extrême droite a enregistré 1687 voix supplémentaires par rapport à 2012. Et le Front national n’a pas manqué de cocher cette circonscription, celle-là même où, en 1993, il avait permis l’élection du RPR Lucien Brenot face à Roland Carraz. A l’époque, cela avait soulevé un tollé général… mais c’est une période désormais révolue. Aujourd’hui, l’heure n’est plus, pour le FN, aux seconds rôles, faisant ou défaisant des députés, mais bien à la possibilité de jouer les rôles principaux. Et le fait que le Gaulliste souverainiste, Nicolas-Dupont-Aignan, ait rejoint Marine Le Pen, brisant un peu plus les digues, accentue ce phénomène.
Aussi, sur cette circonscription, le FN concourra, sans conteste, pour la Palme d’Or. Mais il ne sera pas le seul. Loin de là, puisque c’est Emmanuel Macron qui est monté, ici également comme partout au niveau national, sur la première marche. Avec 24,19 %, l’ancien ministre de l’Economie (13 312 voix) a marché en tête, dominant Marine Le Pen de 523 suffrages. Si bien que d’aucuns attendent, avec une impatience non feinte, le nom de celui ou celle qui portera les couleurs d’En Marche. Le nom de l’ancienne conseillère régionale de François Patriat, Fadila Khattabi, revient régulièrement, mais elle n’est pas la seule à s’être mise en mouvement. Citons, par exemple le président du groupe Cen et de Dijon développement, François-André Allaert… Une chose est sûre : le verdict de la commission nationale d’investiture d’En Marche prendra ici toute son importance !
Une autre chose est certaine… l’incertitude qui plane sur les épisodes 3 et 4 de ces élections ! Sur cette circonscription, le « jour d’après » peut s’apparenter à un film catastrophe pour les anciens partis de gouvernement et augurer d’une nouvelle ère politique…
Xavier Grizot