1ere circonscription : l’appel (général) du 18 juin

Dommage que la boule de cristal ne fonctionne pas (non plus) pour les consultations électorales. Bien malin, en effet, qui pourrait donner le nom du futur, ou de la future, député(e) qui succèdera au soir du 2e tour des législatives, le 18 juin prochain, au PS Laurent Granguillaume qui a souhaité prendre du recul mais dont on sait qu’il n’en demeurera pas moins actif dans les coulisses.

Pour la droite, le 18 juin est une date historique : c’est la commémoration du célèbre appel à la Résistance lancé depuis Londres par le général de Gaulle. 77 ans après, certains passages du message diffusé par la BBC pourraient être encore d’une belle actualité. Souvenons-nous : « (…) Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France ».

Quatre voix s’élèvent aujourd’hui pour tenter d’oublier la cuisante défaite du chef Fillon, rattrapé par les patrouilles judiciaires et électorales. Quatre voix dissonantes. Quatre voix divergentes. Celle d’Anne Erschens, officiellement investie par l’état major des Républicains. Celle de François-Xavier Dugourd qui a préféré prendre le maquis et se mettre (momentanément) en congé des mêmes Républicains. Celle de Bernard Depierre, gaulliste historique et ancien député de cette même circonscription, lui aussi membre des Républicains. A défaut de troupes alliées, voici déjà trois divisions internes, pas toutes blindées, qui ne défileront pas forcément ensemble au soir du premier tour. Et puis, il y a aussi la voix de Ludovic Bonnot, franc tireur bien décidé à ne pas se plier aux consignes de l’UDI.

Pour mémoire, en 2012, Bernard Depierre, député sortant, était arrivé second du 1er tour avec 36,76 % des suffrages. Sur cette même circonscription longtemps couvée par la droite, François Fillon n’a réalisé que 25,47 %. A cause du Front national ? A priori non puisque le score de celle qui préfère qu’on l’appelle Marine (13,97 %) n’a été que de deux points supérieur à celui réalisé par l’anonyme candidate frontiste de 2012.

« Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche ! »

Ces candidats ne sont pas les seuls à vouloir relever la tête. Il y a aussi la gauche, celle du Parti socialiste, qui a défilé en rangs pour le moins désorganisés (et désabusés) pendant la fin de campagne derrière Benoît Hamon (7,03 %). Et Sladana Zivkovic, maire-adjointe de Dijon déléguée aux affaires européennes, est bien décidée à redonner des couleurs à son parti qui l’a investie. Elle devra cependant faire face à une candidature qui vient de son propre camp, celle de Massar N’Diaye, 51e sur la liste de François Rebsamen aux dernières municipales. Une candidature que ne désapprouverait pas Laurent Grandguillaume, dit-on.

Une chose est sûre : le PS ne renouvellera pas les 39,95 % obtenus au 1er tour de 2012 par le député sortant. Et la question qui ronge aujourd’hui les esprits socialistes est simple : sera-t-il présent, cette année, au 2e tour ? Car du côté d’En Marche, il se murmure que c’est Didier Martin, lui aussi adjoint de François Rebsamen, qui tiendrait la corde. A moins que François Bayrou en personne n’intercède en la faveur du maire d’Ahuy, Dominique Grimpret, déjà rompu à ce type de bataille. Il était en effet présent il y a tout juste 10 ans sur cette circonscription et avait terminé 3e avec 8,68 %.

Dans tous les cas, le candidat « Macron » devra faire sien ce célèbre conseil prodigué par le tout jeune Philippe le Hardi à son père Jean le Bon à la bataille de Poitiers. « Père, gardez vous à droite ! Père, gardez vous à gauche ! ». C’était en 1356. Pas un 18 juin… un 19 septembre. Et ça s’est terminé par une défaite.

Jean-Louis PIERRE