Parler-franc avec Colette Popard

Un rien en bisbille avec le conformisme, d’une loyauté indéfectible au PS et à François Rebsamen ou à Pierre Joxe – elle a fait partie de son cabinet à la Région –, telle est Colette Popard, sans doute l’une des plus populaires des élus(es) dijonnais(es). Portrait d’une décideuse pas comme les autres…
Dans la mandature actuelle, Colette Popard est chargée du logement mais aussi de la politique de la ville. Elle est également conseillère générale, présidente du groupe d’opposition des Forces de progrès au Département, et vice-présidente du Grand-Dijon. D’elle, on connaît la fameuse coupe de cheveux en brosse, le tempérament dynamique, les tenues sportives, une petite enfance au Maghreb où la chose politique, le militantisme, l’engagement civique imprégnaient le cercle familial. Elle aime encore aujourd’hui évoquer avec fierté son grand-père, « enseignant et maire-adjoint de Philippeville.  C’est lui qui a fondé la première section SFIO en Algérie, où il fut élu député de l’Union Française ».
Colette Popard s’honore, dit-elle, « de faire ses courses elle-même, d’être de plain-pied avec la vie comme n’importe qui. Et sans avoir jamais cédé à un populisme de mauvais aloi. Etre à l’écoute des attentes de la société, c’est bien différent ! A ce titre, je suis assez contente de l’action de mixité sociale dans le logement que nous avons instaurée aux Grésilles. Oui, c’est vrai : je suis mue par une ambition collective. J’ai commencé, très jeune, à me battre pour une égalité hommes/femmes .Je n’ai pas fait carrière pour être élue ». Alors, quel regard pose-t-elle aujourd’hui sur la classe politique dirigeante actuelle, sur l’action de François Hollande ? « J’avoue qu’il m’a déstabilisée … »
A un peu plus de 60 ans, Colette Popard a décidé de raccrocher les gants, de ne plus se représenter devant les électeurs : « Il faut savoir partir, sans pour autant taire ses convictions. Je pense aujourd’hui que le problème du PS, c’est de manquer de penseurs, d’esprits éclairants. Nous avons trop vécu sur des idées et des hommes du passé. Je trouve l’action gouvernementale inaudible : il y a un manque de clarification qui empêche d’avancer… A ce titre, le prochain congrès va être intéressant : le PS ne peut plus se satisfaire de sa stratégie des motions. A mes yeux, la vraie question que tout élu devrait se poser est la suivante : est-ce qu’il faut faire de la politique pour rester au pouvoir ? Ou faire de la politique pour changer et faire évoluer la société, quitte à être impopulaire, quitte à perdre le pouvoir ? »
De ses 12 ans de combat aux côtés de François Rebsamen dans l’opposition au maire d’alors – Robert Poujade –, Colette Popard tient à souligner : « On a ramé, mais ça m’a construite. C’est ce qui m’a donné le goût de l’action politique, le besoin de convaincre aussi… Aujourd’hui, je trouve navrant de recevoir des jeunes gens qui adhèrent à 18 ans à un parti « pour être élus ». Là, il y a problème, quand on dessine et programme ainsi sa carrière ! J’avoue que la récente défection de Laurent Grandguillaume m’a infiniment déçue. Je regrette de l’avoir soutenu. N’empêche ! J’établis un distinguo entre ce qui se passe au plan national et ce que j’observe aujourd’hui à l’échelon dijonnais. Notre section est très vivante, en pleine évolution grâce notamment à son nouveau secrétaire Antoine Hoareau : nous avons près de 400 membres qui fourmillent de propositions dans un climat de grande liberté. J’y vois – et je m’en réjouis – une nouvelle race de militants. J’y vois aussi le signe d’une véritable relève. Je viens de prendre la présidence de l’Union départementale des élus socialistes et républicains pour préparer la suite. Ce même désir d’œuvrer pour l’avenir m’a récemment décidée à entrer à la Fédération nationale, car j’ai estimé qu’il faut établir des chassés croisés de pensées, d’initiatives entre l’échelon local et le plan national ».
Marie-France Poirier