Rémi Delatte face à la radicalisation

Le député républicain Rémi Delatte a effectué une « visite de terrain » à la Maison d’arrêt de Dijon. A l’issue, le parlementaire côte-d’orien n’a pas manqué d’insister sur les « mesures exceptionnelles à prendre dans la guerre qui nous oppose actuellement contre le terrorisme ». Entretien…

Dijon-l’Hebdo : Est-ce parce que la Maison d’arrêt de Dijon est sur votre circonscription que vous avez tenu à la visiter ?
Rémi Delatte : « La loi incite les parlementaires à assurer des temps d’observation dans les prisons et je le fais régulièrement. Ensuite, je voulais témoigner de mon soutien aux quatre agents qui ont été récemment agressés par un détenu à la Maison d’Arrêt de Dijon (1). J’ai souhaité également rencontrer le nouveau directeur de l’établissement, Joseph Coly. Enfin, nous sommes aujourd’hui dans une situation très difficile. Il faut placer la problématique de la prison comme un élément clé dans la lutte contre la radicalisation ! »

Dijon l’Hebdo : Les prisons représentent-elles une si grande menace ?
R. D. : « C’est certain. Il est nécessaire de redonner des moyens à l’administration pénitentiaire, parce que, au-delà du fait que l’on a besoin de pallier à la surpopulation carcérale – 147% en moyenne en France –, il faut rendre la prison plus étanche. J’ai demandé depuis longtemps ces moyens supplémentaires. Nous devons prendre toutes les dispositions possibles afin de contrôler les phénomènes de radicalisation. Des mesures avaient été engagées par le gouvernement Fillon mais celles-ci ont été abandonnées par François Hollande ; nous ne pouvons que le regretter. Nous savons aujourd’hui que la prison n’est pas étanche, que ce soit en interne ou bien vis-à-vis de la ville. L’on ne peut pas imaginer que des personnes placées en isolement puissent communiquer et avoir des effets, notamment, sur la population carcérale, qui, d’une manière générale, est fragilisée ».

Dijon l’Hebdo : L’annonce du gouvernement de recruter 2 500 surveillants supplémentaires va tout de même dans le bon sens…
R. D. : « C’est une très bonne mesure mais elle n’est pas suffisante. C’est un signe positif. Nous avons besoin aujourd’hui de revaloriser la situation des agents de l’administration pénitentiaire parce qu’ils prennent d’énormes risques. Ils sont en permanence exposés. Il faut aller au-delà. Nous avons perdu du temps. Le bilan, sur les 4 ans et demi qui viennent de s’écouler, est en-dessous de tout par rapport aux besoins réels ».

Dijon l’Hebdo : Là vous visez plus particulièrement le bilan de l’ancienne Garde des Sceaux, Christiane Taubira…
R. D. : « Je pense que c’était une vraie volonté de sa part de considérer que la prison n’était pas la réponse à toute la problématique de délinquance. C’est une erreur manifeste ! »

Dijon l’Hebdo : En matière de lutte contre le terrorisme, Nicolas Sarkozy propose le placement en centre de rétention pour toute personne identifiée comme dangereuse. Etes-vous, vous-aussi, favorable à cette mesure ?
R. D. : « Pour les personnes qui présentent un véritable risque pour la société, je suis évidemment d’accord. Sachez également que l’on considère actuellement qu’il y a 1500 personnes incarcérées sur le sol français (17 pour la Côte-d’Or) ayant fait allégeance à l’Etat islamique (2). Il faut les mettre à l’isolement. Il faut prendre des mesures de cette nature sans remettre en cause l’Etat de droit. Nous sommes dans une telle situation par rapport à la guerre qui nous oppose à Daech que l’on ne peut se montrer frileux. Ces gens qui menacent la population doivent être incarcérés de façon préventive. Je suis d’ailleurs assez surpris que François Hollande ait ouvert le débat opposant ceux qui respecteraient l’Etat de droit et ceux qui ne le respecteraient pas. Nous sommes en guerre. Il faut appréhender toute la dimension de ce que nous traversons. Il faut prendre des mesures exceptionnelles ! C’est seulement ainsi que nous engagerons une vraie lutte contre le terrorisme. Vous savez, je pense que nous n’avons pas besoin d’ajouter beaucoup de choses dans l’arsenal juridique dont nous disposons actuellement. Mais il faut afficher une vraie volonté ! Tout en se rendant compte que nous sommes l’un des pays les plus visés, nous devons nous donner les moyens de garantir la sécurité de nos concitoyens ! »

Dijon l’Hebdo : La sécurité de nos concitoyens à l’intérieur passe aussi par le combat à l’extérieur…
R. D. : « Il faut véritablement déclarer la guerre en Syrie. C’est la seule façon de pouvoir se débarrasser de l’Etat islamique. Il ne faut pas le faire seul, car nous n’en avons pas les moyens, et sûrement pas au sol, car nous ne sommes pas préparés à ce type de conflit. En revanche, il faut se rapprocher de la Syrie, des Russes et de l’Iran. Il faut se donner, avec ces alliés de poids, les moyens de venir à bout de l’Etat islamique. Là encore, François Hollande voudrait nous faire croire que nous aurions mauvaise conscience à travailler avec les Russes, etc. Encore une fois, le niveau de guerre qui est engagé contre nous exige que l’on prenne toutes les mesures nécessaires ! »

(1) Vendredi 26 août, au moment du dîner, un détenu de la Maison d’Arrêt de Dijon a porté des coups à 4 surveillants en criant « Allahu akbar »
(2) Au total, la France comptait 68819 détenus au 1er août dernier