François Rebsamen premier supporter du DFCO

François Rebsamen, cette montée en Ligue 1 vous la souhaitiez aussi fortement que les dirigeants et les joueurs ?

Bien sûr, je l’ai souhaitée aussi fortement que les dirigeants et les joueurs, mais ce sont les joueurs qui sont sur la pelouse, c’est l’équipe dirigeante qui orchestre l’équipe sur le terrain. Ce sont eux qui ont tout fait pour que cette montée soit effective. Le DFCO est peut-être la plus belle équipe de Ligue 2, avec un esprit digne des grands clubs. Cette montée, ils la méritent tant sportivement qu’humainement.

On vous présente comme le premier supporter du DFCO…

Oui, peut-être un des premiers supporters. Mais au final, dans les gradins ou devant ma télévision, je reste un supporter comme les autres, plein d’espoir et d’enthousiasme quand son équipe gagne, triste et amer quand son équipe perd.

Cette accession présente-t-elle une saveur particulière au regard de celle de 2011 ?

La montée se fait plus sereine, elle n’a pas la même saveur que la montée de 2011. Ce qui serait bien, c’est que l’on ne s’habitue pas trop aux montées, ça voudrait dire qu’il faut s’habituer aux descentes également. Mais je reste persuadé que si nous gardons l’esprit d’équipe que nous avons affiché cette saison, nous pouvons espérer un beau parcours dans le championnat de Ligue 1.

Monter en Ligue 1, c’est bien, y rester c’est mieux. Quels sont selon vous les ingrédients pour se maintenir au plus haut niveau du football français ?

Le DFCO ne sera pas un club à gros budget, il sera même l’un des plus petits de Ligue 1. Il sera difficile de rivaliser sur le papier avec des équipes qui ont des moyens important comme le PSG ou Lyon, mais c’est sur le terrain qu’il faudra faire la différence, et tout peut se passer en 90 minutes. Le plus important, c’est la solidarité. C’est elle qui forme ce lien si particulier qui existe entre le Président, l’entraineur et les joueurs et qui peut offrir de réelles possibilités sur une saison.

Cette accession en Ligue 1 conforte les importants travaux que vous avez engagés sur le stade Gaston-Gérard. Que reste-t-il à faire pour avoir une enceinte digne de la Ligue 1 ?

Il faut déjà finir la tribune Est, dont la première pierre a été posée publiquement en décembre 2015. Elle sera livrée au plus tard en juillet 2017, mais on va regarder pour accélérer les travaux. Cette tribune, reliée par la toiture aux tribunes Sud et Nord que nous avons inaugurées en 2009 et 2011, comprendra près de 5000 places, contre 2429 actuellement. Ce qui portera la capacité totale de l’enceinte à près de 20 000 places. Nous aurons enfin un stade digne de la Ligue 1, qui offrira au DFCO la stature d’un club méritant de jouer avec l’élite du football français. Faut-il rappeler que l’ancienne tribune datait de 1934, il y a 82 ans ?

Le coût de ces travaux est important. Comment se répartit-il entre les différentes collectivités ?

L’investissement prévisionnel est de 19,3 millions d’euros HT, porté par la Communauté urbaine du Grand Dijon, avec une participation votée par le Conseil régional à hauteur de 5,5 millions d’euros. Le Conseil départemental de la Côte-d’Or n’a pas donné suite, bien que sollicité également pour le même montant.

Des travaux qui impliquent les entreprises locales ?
C’est en effet un chantier d’envergure, source de nombreux emplois, qui mobilise 22 entreprises locales (seulement 5 ne le sont pas), notamment plusieurs bureaux d’études et d’ingénierie qui accompagnent l’architecte breton Jean Guervilly. A noter que la destination de cette nouvelle tribune ne se limitera pas qu’à l’accueil des spectateurs et à l’augmentation de la capacité d’accueil du public. Elle ouvre de toutes nouvelles perspectives et usages : installation des bureaux du siège du DFCO (actuellement aux Poussots) et de sa boutique officielle, locaux dédiés aux « stadiers », billeteries, nombreux espaces modulables de réceptions, réunions ou conférences qui permettront d’utiliser ce bâtiment en dehors des matchs, etc.

Que répondez-vous aux Dijonnais qui craignent de voir les impôts locaux augmenter avec un club en Ligue 1 ?…

Je tiens à rassurer les Dijonnais sur ce point. La Ligue 1 ne coûte pas plus chère que la Ligue 2 car ce qu’on appelle les droits télé seront beaucoup plus importants.
Les retombés économiques pour la ville seront également au rendez-vous, notamment dans le domaine de la restauration et de l’hôtellerie. Il ne faut pas oublier ce point. Beaucoup de gens gravitent autour du football (les supporters…) et peuvent faire fonctionner l’économie locale. Cela rejoint la volonté clairement affirmée dès 2005 par le conseil municipal de maintenir le stade à son emplacement actuel, autrement dit en ville, plutôt que de délocaliser l’équipement, aujourd’hui judicieusement desservi par le tram, ce qui renforce la connexion avec le coeur de notre cité.

… Et aux clubs sportifs qui craignent, eux, de voir leurs subventions se réduire ?

Pour notre part, on ne diminuera pas le budget pour l’ensemble des clubs professionnels dijonnais. Mais on ne l’augmentera pas non plus. Les sommes versées seront maintenues. Pour rappel, le DFCO, le club professionnel mais aussi l’association sportive, a perçu 950 000 euros entre le Grand Dijon et la Ville cette année.

D’où vient votre passion pour le football ?

Mon premier terrain de jeu fut le jardin Darcy, avec les copains, quand on ne se faisait pas piquer la balle par le gardien… Puis j’ai joué en club, au Cercle, à la fac ou encore à Mâcon quand j’étais pion, et enfin à Messigny puis aux Cheminots (l’USCD). Que des équipes de copains ! Mais le virus, je l’attrape bien avant, le 24 juin 1958 très exactement. Un France-Brésil, ce sont toujours des noms qui chantent… Mais ils chantent comme jamais lors de cette Coupe du Monde en Suède de 58 : Vava, Didi, d’ailleurs élu meilleur joueur de la compétition, et Pelé que je découvre en même temps que le monde entier et qui, accessoirement, va nous en coller trois… Mon père, un fou de foot, venait d’acheter une télé. Déjà, la télé, à cette époque, c’était un événement en soi. Tous les enfants de l’immeuble sont venus chez nous voir cette demi-finale marquée par de nombreux buts et rebondissements, perdue 5-2 par une équipe de France emmenée par Raymond Kopa et Just Fontaine qui met deux buts et devient ce jour-là meilleur buteur de tous les temps sur une phase finale de coupe du monde avec 13 buts en 6 matchs ! Je m’en souviens comme si c’était hier et pourtant je n’ai pas 7 ans ! Ou plutôt si : au jour près, je souffle ma septième bougie le lendemain de cette défaite historique, sans savoir que le temps de la revanche sonnera à de multiples reprises en 1986, en 1998 et 2006. Quelle saga !

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE