Cette question posée à des riverains, aux employés des échoppes du quartier, à des passants, à des Dijonnais… va vous laisser sans voix quant à la diversité des réponses. Bien entendu, il ne s’agit point de plantes propres à la vallée du Suzon, pas plus qu’un poisson spécifique de l’Ouche…
Vous ne trouverez point la recette la recette des Godrans dans un livre de cuisine… Ce n’est pas non plus la boisson fétiche en vogue avant le blanc cassis. Enfin, et comme conclusion de cette recherche, les Godrans ne sont pas des spécialités à base de gaudes…
Comme le suggère notre langue, ce sont tout simplement les membres fameux d’une famille illustre. Le premier Godran retenu par l’histoire et les textes est Odinet 1er Godran au XVe siècle, pour la construction de son hôtel particulier en retrait de la voie actuelle éponyme et communiquant avec la rue de la Poissonnerie, l’actuelle rue Musette. Il est marchand de grains et de draps et fait suffisamment fortune pour consentir des prêts aux « grands » de l’époque.
Son ascension sociale s’explique car à l’époque la draperie, tissus et vêtements, occupe plus de 3 000 personnes à Dijon. Le terrain libre devant l’hôtel, le long de la rue des Champs (actuellement rue des Godrans) sert de jardin pour la culture des plantes médicinales et de respiration au centre ville et explique la cour actuelle.
Philibert Godran, notable, est, en 1513, un des bourgeois que les Suisses prennent comme gage après le siège de la ville en retournant dans leur pays. Passé la frontière de l’époque, la vallée de la Saône, il regagne la cité ducale.
Jacques Godran, père d’Odinet III Godran, continue à asseoir la fortune par le prêt d’argent et Jean Godran, au XVIIIe siècle, est historien et rédige une histoire des chevaliers de la Toison d’Or.
Odinet III Godran et son épouse, Jeanne Noël, n’ont pas de descendance. La Compagnie de Jésus s’établit en France et développe des centres d’enseignement pour les jeunes gens. Aussi, Odinet Godran, par son testament (1er août 1580, 3 et 9 février 1581) affecte sa fortune à la construction d’un collège. Il décède peu après. La ville et les Jésuites acceptent le legs.
Ils vont entreprendre la construction d’un collège sur l’actuelle rue de l’Ecole de Droit. En 1587, les travaux ne sont pas terminés et les matériaux non employés par suite de l’abandon du projet d’agrandissement de l’église Saint-Médard. Ils seront affectés à la construction de la chapelle de l’établissement, l’actuelle salle de lecture de la bibliothèque municipale.
Bossuet, Buffon, Crébillon, Piron, Lamonnoye ont été élèves du collège des Godrans.
En reconnaissance à cette famille importante et bienfaitrice la ville décide, le 18 janvier 1831, d’appeler la rue sur toute sa longueur « rue des Godrans ».
Roger LOUSTAUD