Pas plus qu’une chanson –fût-elle de Michel Delpech-, 2016 ne peut changer soudainement le cours des choses. A peine le cap mis sur l’an nouveau, et voilà le genre humain qui se perd en conjectures sur la marque de fabrique de douze mois à venir…
Grognons s’abstenir ! Mais posons-nous les bonnes questions : janvier 2016 est-il né sous le signe de l’Ubérisation, le nouveau modèle économique lié à l’économie digitale, susceptible de remettre en cause notre économie « traditionnelle », de constituer un bon remède au chômage structurel des jeunes ? Quelles autres perspectives, quelles autres pistes envisager ?
Face à la menace djihadiste et à la montée du FN, le gouvernement et ses cercles ministériels affirmaient « avoir beaucoup réfléchi et tiré la leçon ». On avait assisté à un acte de contrition collectif. On s’est même dit : tiens-tiens, nos politiques seraient-ils devenus plus à l’écoute des électeurs et de leur quotidien ?
Dans la foulée, le bon peuple s’est même surpris à croire à un geste généreux de la part de nos gouvernants. Un truc super sympa, « symbolique » comme dirait Vals, vraiment équitable … Tel que ? Oui, oui, l’augmentation du Smic … Hélas, la petite cuisine politique a réinvesti les fourneaux. Patatras ! Premier coup de torchon envoyé pour 2016 : les smicards verront leurs salaires augmenter… de 6 euros nets par mois. Sans commentaires. Sinon, pour ajouter que si l’on considère que le travail est le ciment d’une société et le squelette de tout citoyen libre et responsable, cette mesure est blessante, pour ne pas dire plus. Ainsi va la France à l’orée de l’an nouveau, où Marianne aurait pu être jolie…
Autre souhait qui, lui, semblait devoir nous conduire tout droit – pour 99 centimes le litre – en fusée sur la planète Coruscant, chère à George Lucas : on espérait, pour des mois et des mois, pouvoir se déplacer avec un carburant bon marché. Que nenni, l’ordre Jedi et ses guerriers-philosophes de l’Elysée-Matignon ont décidé derechef d’augmenter la fiscalité sur le gasoil. Ah, mais !
La France est encore un pays riche. Mais pour combien de temps ? Elle vient de devancer l’appel de la Commission européenne qui veut obliger les États membres à restreindre la commercialisation des sacs en plastique jetables, néfastes pour l’environnement. Certes, l’initiative est louable. Mais on espérerait la prise en compte de bien d’autres urgences : n’est-il-pas plus crucial de stimuler la relance économique, de créer des emplois de qualité, des outils d’anticipation des compétences dans toute l’Union ? Quand l’Europe et la France cesseront-elles d’avoir la tête dans un… sac ?
Marie France POIRIER