Ainsi donc, il aura suffit qu’un média -confondant information et inquisition- se penche sur le supposé conflit d’intérêt d’un conseiller de la Présidence pour que nous retombions dans l’affligeant spectacle de l’étalage de la vie d’autrui.
Puisque je suis parti pour faire dans le registre « provoc », autant y aller franco : voici un monsieur qui est issu du monde ouvrier et qui a su mener de front ses études de médecine, Sciences Po et l’ENA ; voici un monsieur qui s’habille souvent chez Dunhill et chausse des Weston plus ou moins faites sur mesures ; rien que pour ça, je le trouve sympathique ! Mais la foule des bobos envieux s’empresse de tirer à vue sur ce lampiste au nom d’un quasi scandale d’état puisque tout socialiste qui se respecte un tant soit peu serait prié de ne pas afficher son train de vie, car vous comprenez ma brave dame, « ça fait tache auprès de ceux qu’on prétend défendre… ».
Ouf ! Pour un peu, on aurait pu apprendre que sa compagne met des sous-vêtements La Perla hors de prix alors qu’il y a tant et tant de culottes Petit Bateau en promo dans l’hypermarché d’à coté… Allez, vite, aux oubliettes les Berluti sur mesures d’un certain Roland Dumas, les Bréguet et Rolex d’un Julien Dray !
Cerise sur le gâteau, nous avons appris qu’un certain David Ysebaert, cireur de chaussures de son état et auto entrepreneur, venait à l’Elysée pour lui cirer ses pompes, tout ça pour 10 € le cirage et 25 € le glaçage. Eh bien, moi il me plaît ce cireur de pompes ! Pour des tarifs très raisonnables, il participe un tout petit peu à la bonne présentation de ceux qui ont de la République une autre image que celle d’un club de Bidochons. Il me plaît d’autant plus qu’avec toute cette affaire étalée sur la place publique, il a perdu un bon client et serait en passe de perdre également tous ceux qui, au Château, n’hésitaient pas à recourir à ses services, dans la plus grande discrétion bien évidemment.
Il me plaît d’autant plus, ce cireur de pompes, qu’il a réussi à nous donner ce spectacle d’hommes politiques qui se précipitent aux micros des radios pour jurer leurs grands dieux que, eux, promis juré craché, ils cirent eux-mêmes leurs chaussures ! Au niveau de ridicule où nous sommes arrivés, autant y aller jusqu’au bout… J’espère simplement que le média en question saura embaucher ce cireur de pompes avec autant d’enthousiasme qu’il en met à traquer la moindre info « susceptible de lui faire un peu de pub ».
Comme l’écrivait Molière dans son Tartuffe « Contre la médisance il n’est point de rempart ». Quant à M. Aquilino Morelle, s’il s’est rendu coupable de quoi que ce soit, il y a des instances dans ce pays pour enquêter sereinement et elles feront leur travail. Sur ce, je cours cirer mes pompes moi-même…