14 rue de la Poste

La rue est tangente au centre ville et proche de la gare Dijon Ville. Les terrains sont à aménager. Tout est réuni pour l’installation d’usine familiale employant une main d’oeuvre importante qui peut loger assez près de l’exploitation.

Aussi, il y a plus d’un siècle, on pouvait apercevoir la cheminée de briques d’une chaudière, celle de l’usine des casquettes Jonchery. La vapeur était nécessaire pour donner à chaud la forme aux tissus éléments du couvre-chef, forme que les tissus conservaient tout en restant souples. Ainsi l’ouvrier recevant les ordres du chef d’équipe restait tête nue, la casquette pliée en deux dans une poche de sa veste.
Le chemin de fer proche pouvait livrer aux magasins ds villes nouvelles et industrielles comme Le Creusot ou Montchanin ou pour les galvachers du Morvan.
La première délocalisation arrive, vers les années 50, poussée par l’envolée du foncier. Il est très profitable de céder une usine pour une opération de destruction et de construction d’un immeuble collectif.
Les casquettes Jonchery s’en vont s’installer rue Lafayette et abandonnent vite l’immeuble qui a vu la naissance de la fabrique.
En attendant un promoteur immobilier, dans cet entre-deux temporel, le syndicat étudiant FGED (Fédération générale des Etudiants de Dijon) installe des salles de réunions, un bar avec « peu » d’alcool, une petite restauration de sandwiches et d’assiettes anglaises. Les étudiants des Beaux-Arts de Dijon ont été mis à contribution et les murs sont décorés de fresques représentant des amis des lettres et du droit à la mode des étudiants de Platon et de Socrate. La fréquentation est sereine et les riverains ne se plaindront pas de troubles intempestifs.
L’immeuble actuel sera construit sur une emprise si exigüe qu’elle ne permet pas une rampe d’accès aux garages au sous-sol. Cela n’arrête pas architectes et promoteurs futés : une cage en béton sera construite pour loger un monte-charge à automobiles.
Roger LOUSTAUD

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Rue de la Poste
Tenant : place Grangier.
Aboutissant : place Darcy.
Longueur : 121 mètres.

Elle est ouverte sur le glacis du château des Gendarmes, aux alentours de 1850.
La Poste, dite la Grande, est inaugurée en 1909 et ce n’est qu’en 1926 par la délibération du conseil municipal du 20 avril qu’elle prend la dénomination actuelle.
Le bâtiment de la Poste est imposant, parfaitement visible de la place Grangier, de la rue de la Liberté, de la rue du Temple, de la rue Jean Renaud, de la rue Musette, du boulevard de Brosses. On aurait pu alors laisser à la rue sa dénomination originelle : rue du Rempart-du-Château, localisant mieux la forteresse construite après la mort de Charles le Téméraire.

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Dijon et la coiffure

Etre en cheveux (sans chapeau) ou en taille (les bras nus) pour une dame faisait mauvais genre il y a 50 à 60 ans. Une dame ne pouvait rentrer, même pour contempler l’architecture, dans une église si elle ne portait pas une coiffure, un chapeau ou un foulard. Chaque époque a ses dictats sociétaux. Une femme, jamais seule, dinant au restaurant, devait, par bon ton, rester chapeautée.
La coiffure signalait la profession, était un attribut de l’autorité de la fonction et un signe de reconnaissance. Le facteur portait un képi avec un P doré sur le devant. Le sergent de ville portait aussi un képi. Le Suisse de l’église Saint-Michel arborait un bicorne galonné et tenait fermement une hallebarde.
Le pâtissier, le cuisinier, le rôtisseur portait chacun une toque de forme propre qui permettait de les identifier. L’infirmière, elle, recouvrait sa tête d’un châle blanc retenu par un bandeau, tout comme la nourrice qui promenait l’enfant dont elle avit la garde au jardin Darcy. Ceci par souci d’hygiène. L’encaisseur de la banque ou de l’assurance se reconnaissait avec sa casquette avec les initiales de l’établissement employeur. Le curé arborait une barrette et le charbonnier se protégeait avec un sac plié en chapeau de gendarme. M. Gaston Gérard, étudiant en droit, avait la faluche de velours avec les insignes des diplômes obtenus et des années de scolarité. Les militaires, quant à eux, devaient porter la coiffure propre à l’uniforme de leur arme et de leur régiment.
Dijon ne manquait pas de coiffures et comptait au moins sept chapeliers. Heureusement, il y a aujourd’hui, bien achalandée celle du Coin du Miroir.