Alain Houpert : le sénateur qui veut conquérir Dijon

Il y pense. Et il ne pense qu’à ça. Depuis son élection au Sénat en 2008 et l’installation de sa permanence à quelques centaines de mètres du Palais des Ducs. Son obsession : déloger François Rebsamen. Alain Houpert veut être maire de Dijon. Il ne l’insinue pas, il l’affiche, il le proclame,. Il n’y pense pas seulement en se rasant, mais du matin au soir, sans relâche, sans dévier une seconde de son objectif. Et il n’a pas attendu que la commission d’investiture l’adoube, sans surprise, le 15 octobre dernier pour entrer en campagne.

A 56 ans, ce médecin radiologue installé à Dijon en face des Halles puis Tour Elithis, poursuit son chemin politique avec habileté et constance. Et il ne veut pas ressembler à ces Diafoirus qui forcent la réalité pour y faire rentrer leur conviction avec le chausse-pied de la statistique, du sondage ou de l’idéologie.
Le Houpert 2013 ne s’est pas fait en un jour. Depuis des années, ce garçon nourri aux auteurs des Lumières, s’est tanné le cuir. Il est devenu plus combatif, selon un mot récurrent de ceux qui l’accompagnent dans l’aventure des municipales dijonnaises.

Né à Dijon où il fera toutes ses études, il concilie vie professionnelle dans la cité ducale et vie privée à Salives, un village dans le canton de Grancey-le-Château. C’est là qu’il se forme à la politique. le jeune homme idéaliste et nonchalant se jette à l’eau. Conseiller municipal, il devient rapidement maire et conseiller général. Et du coup, on découvre une commune dont on n’avait jamais entendu parlé jusqu’alors au-delà du fait qu’elle abrite le CEA de Valduc.
Et il est intarissable lorsqu’il s’agit de raconter l’histoire de cette commune où ont vécu ses aïeux. C’est un endroit qui ne ressemble pas à la Louisianne mais qu’il faut arpenter à toute heure. Au petit jour, quand le soleil vient éclairer les remparts reconstruits dans la tradition des Compagnons d’autrefois. A midi, quand la lumière éclaire la tour du château patiemment rénovée. Le soir enfin, quand le soleil disparaît dans les collines calmes et verdoyantes, paysages sereins, magnifiques, comme tracés à l’encre de Chine. Chaque halte dans ce village inspire une émotion visuelle…

Mais voilà, le tableau idyllique s’arrête là. Attaqué, critiqué, sur l’endettement de sa commune, il se défend avec la foi des Templiers qui ont vécu dans le secteur. Colette Popard, adjointe au maire de Dijon, a compris que ce pouvait être une faille et elle n’a de cesse de décocher des flèches depuis que le sénateur a exprimé ses ambitions dijonnaises.

Politiquement, Alain Houpert est dans la main des anges. Tout lui réussit jusqu’à présent. Et son élection au Palais du Luxembourg, dans cette « chambre haute » qui n’est plus cette maison de retraite cinq étoiles de rentiers ronflants, le conforte dans sa volonté de conquérir Dijon.

Classé d’abord « divers droite », modéré, sans que l’on sache s’il s’agit d’une prudence rurale ou d’une véritable philosophie politique, il a longtemps contourné le « logiciel RPR » avant de s’inscrire à l’UMP après son élection au Sénat. Il connaît parfaitement les codes et usages en vigueur dans les sphères du pouvoir mais il n’est pas pour autant formaté pour mettre le petit doigt sur la couture du pantalon. Il est comme ça Alain Houpert. On pourrait le croire tout droit sorti de l’univers visionnaire de Jules Verne. Parfois un peu « lunaire » pour reprendre la formule de l’un de ses proches, le challenger de François Rebsamen aime les mots et la manière de les dire, modeste, conviviale, tolérante.
Martial dans ses nouveaux habits, il sait que la route est longue jusqu’en mars 2014. Alors, il avance nanti d’un double regard, l’un braqué sur le calendrier quotidien ponctué de visites de commerces et d’entreprises, de rencontres d’habitants, de réunions à thème ou de quartier… l’autre fixé sur l’élection de mars 2014.

Un peu écorché vif, ombrageux quand on lui fait de l’ombre, Alain Houpert mise sur l’humilité et la force tranquille. Jusqu’à présent, cela a fonctionné. Mais cette fois, c’est un poids lourd qu’il va devoir affronter sur le ring dijonnais. Et les échanges peu aimables des entourages politiques tendent à montrer que la campagne sera rude, très rude, à la différence de celle de 2008.
Alain Houpert va jouer la carte de la séduction sous ses côtés sympathique et intrépide, à la fois romantique et moderne. Sera-ce suffisant ? Pour l’heure, le radiologue devenu sénateur ausculte avec minutie Dijon sous toutes ses coutures. Reste à savoir si les conseils qu’il prodigue auront valeur d’ordonnance auprès des électeurs…

Jean-Louis PIERRE