Et si on choisissait l’aventure ?

Le coup de clairon que je voudrais vous jouer cette semaine ressemble à ce remarquable morceau joué par Montgomery Clift, en 1953, dans ce film culte « Tant qu’il y aura des hommes » de Zinneman. Un film de guerre qui bouscule les codes et les conventions, traitant d’adultère, de prostitutions, d’alcoolisme, de racisme et de torture, dans une Amérique alors en proie à la chasse aux activités antiaméricaines qu’impose le Maccarthysme. C’est ce morceau-là que j’aimerais vous faire écouter pour son émotion et sa tristesse.

Comme d’antiques fresques décapées font apparaître soudain des couleurs brutales, ces derniers jours ont mis en exergue les difficultés économiques qui frappent notre région. Il pleut. Pas des trombes ni des cordes, tout juste une petite pluie
normale, propre au climat social qui se détériore. De plus en plus de panneaux à louer ou à vendre sur les commerces et les bâtiments industriels, de moins en moins de grues dans le ciel dijonnais, une grande librairie à vendre rue de la Liberté, des entreprises qui s’en remettent aux décisions du tribunal de commerce… Et puis un aéroport dont on sait l’avenir menacé, une base aérienne 102 qui sera bientôt sans avions…
Et voilà donc des polémiques qui s’enflamment à une vitesse surprenante, un peu comme les incendies de l’été qui démarrent et se propagent sur un terrain favorable. Comme si de rien n’était. Comme si rien n’avait été fait ou dit. Etrange manière de conjuguer être et avoir, des verbes qui sont les précieux auxiliaires de notre quotidien. Il était donc tout naturel que la classe politique se replie et se déchire sur ces thèmes graves et obsédants.
Accusations, incantations, imprécations, lamentations ont rythmé des envolées verbales qui n’avaient rien de lyriques et surtout démontré que le couvre-feu le plus efficace serait peut-être de museler tous ceux qui sont avant tout soucieux de graver leur nom dans l’éphémère. N’est-ce pas le moment de mettre un terme aux arguties chicaneuses et d’arrondir les angles idéologiques ? Chacun doit balayer devant sa porte et reconnaître que chacun n’est pas tout blanc dans ces affaires. Et pendant qu’on y est, n’hésitons pas non plus à tendre l’index en direction de ceux qui ont profité de subventions confortables pour tenter d’apprivoiser une population sur les méfaits du bruit. Une population « captive » dont on ne manquera pas de remarquer qu’elle connaissait les nuisances d’un aéroport et d’une base quand ils ont acheté ou loué sur le secteur.

Alors, pour se consoler, on se dira qu’il y a aujourd’hui dans notre vaste monde des explosions et des séismes sociaux autrement plus graves, c’est entendu.

Alors que faire ? Se mettre la tête dans le sable ? Que nenni ! Voici un petit remède. Seulement pour les jours qui viennent. Et si vous partiez à l’aventure ? La Ville de Dijon nous propose en effet , du 10 au 13 octobre, le festival international du film d’aventures aux cinémas Olympia et Darcy. Et même s’il n’y a plus de terres vierges et de sentiers non battus, le programme vaut le déplacement avec la présence d’aventuriers sans limites plutôt que sans frontières. Ces Caraïbes à l’Océanie, du Congo aux mers d’Orient, quatre jours pour multiplier les horizons et se changer les idées.

Pas belle finalement la vie ? Allez ! Souriez ! Ca ira mieux la semaine prochaine.