36 rue Berlier

Personne ne conteste que Dijon soit ville d’histoire et d’art mais elle est aussi, tout au long de son développement, ancrée dans la réalité économique et sociale. A partir de 1137, avec des travaux pendant deux siècles, la ville se protège par un rempart d’environ 3500 mètres de tour, ouvrage de maçonnerie haut d’environ dix mètres, épais de 6, entouré d’un fossé alimenté par les eaux détournées du Suzon.

Dès le début du XIXème siècle, l’espace urbain intra-muros ne suffit plus. L’époque est calme, alors commence le débastionnement, le comblement des fossés et l’adjudication des terrains pour des constructions d’ateliers, de logements. Ceci explique qu’au numéro 36 de la rue Berlier vous devrez descendre depuis le niveau de la chaussée par un escalier et une rampe pour les voitures d’enfants, pour voir deux bâtiments de plusieurs niveaux en angle droit reliés entre eux avec pour l’accès des habitants des escaliers et des coursives métalliques.

[pullquote align= »right »]“Vous êtes dans un véritable puits de silence à la poésie romantique”[/pullquote]Vous êtes dans et jusqu’au fond de l’ancien fossé, dans un véritable puits de silence à la poésie romantique. Au premier niveau, celui du fond, jusqu’à il y a une trentaine d’années, vous pouviez demander les services d’un artisan mécanicien en cycles : M. Schmidely. Rien d’étonnant direz-vous, le vélocipède, cadeau récompensant le succès au certificat d’études, était d’usage courant et économique. Il fallait l’entretenir, le réparer mais aussi le construire. M. Schmidely était célèbre dans la région pour ses vélos fabriqués sur place et sur mesure.

C’est ainsi que tous les vélos de tous les coureurs de l’équipe sportive Terrot sortaient de son atelier où venaient des sportifs pour se faire mesurer surtout celle dite “la retombée de pédales”. On retrouvait ces vélos sur la Grande boucle et, tout naturellement, comme il connaissait ses machines et “ses” coureurs, M. Schmidely était le mécanicien Terrot. Il a fait moult années dans le camion atelier de la marque dijonnaise. Les gamins, en sortant de la communale, faisaient le détour pour, le cas où, voir et parler avec les champions. Le plus réceptif était le coureur d’origine algérienne Zaaf qui montrait son avant-bras avec tous les bracelets-montres gagnés dans les courses locales. Les champions étaient simples, les courses difficiles et l’argent n’était pas encore roi.

Et voir dans l’atelier, la brasure d’un cadre, le montage rayon par rayon d’une roue, la mise en place des billes d’acier dans le roulement du pédalier, c’était un vrai spectacle.

Notre 36 rue Berlier valait bien celui du Quai des Orfèvres.

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Rue Berlier

Tenant : rue Chabot-Charny, n° 83. Aboutissant : rue Jeannin, n° 64. Voie ouverte en 1868 sur le rempart des Ursulines, dénommée par délibération municipale du 14 juillet 1870, puis par arrêté du maire en date du 5 janvier 1872.[/column]

Théophile Berlier est né à Dijon le 1er février 1761. Il meurt dans cette ville, à son domicile : 31 rue de l’Ecole de droit, le 12 septembre 1844.
Avocat au Parlement de Bourgogne, il est, en 1791, président du directoire du département de la Côte-d’Or. Napoléon 1er le nomme au Conseil d’Etat et le fait, en 1808, comte d’Empire.
Il a voté la mort de Louis XVI, avec sursis, aussi, en 1814 doit-il s’exiler en Belgique. Il revient en France en 1830. Il participe à la rédaction de la Constitution de l’an III et aux articles du Code civil concernant l’adoption et la puissance paternelle. En 1822, il publie un précis historique sur l’ancienne Gaule et, en 1825 : “La Guerre des Gaules”.[/column]

 

Photos Eric Meimoun