Dîner-débat Club DLH : Florilège

Pour ce premier dîner-débat du Club DLH, nous avons eu l’honneur d’accueillir François Rebsamen, maire et président de Dijon Métropole. L’ancien ministre du Travail a répondu sans filtre aux multiples questions des personnes présentes. Florilège des nombreux thèmes abordés… 

« L’Europe menacée »

François Rebsamen : « Je veux commencer par l’Europe et la situation à laquelle nous sommes confrontés au niveau international, avec la Russie qui attaque l’Ukraine qui a du mal à se défendre, une Europe qui n’est pas encore assez armée. Je vous laisse imaginer ce qui pourrait se passer si Donald Trump était élu, avec Poutine qui franchirait les frontières ukrainiennes plus profondément et qui menacerait la Pologne. Notre Europe est mortelle. Et nous n’en parlons pas assez, il faut avoir conscience du danger qui menace ! »

« Les Dijonnais heureux de vivre à Dijon »

F. R. : « Les Français sont très négatifs sur leur propre pays. C’est surprenant. Toujours est-il que les résultats des sondages que nous faisons sur la métropole montrent que le résultat est totalement inverse. Lorsque l’on demande aux Dijonnais quel est le sentiment qui prédomine, à 70% c’est le bien-être, les mêmes répondent la méfiance et l’angoisse quand ils pensent à la France. Jusqu’à preuve du contraire, la métropole est en France. À 90%, ils sont heureux de vivre à Dijon et malheureux de vivre en France. Ce phénomène est difficilement explicable ».

« La métropole attire »

F. R. : « Pour la première fois depuis 3 ans, la métropole est la seule de cette grande région à avoir un solde migratoire positive. C’est le signe d’une attractivité retrouvée. Contrairement à ce que l’on peut laisser croire, nous ne pillons pas les campagnes côte-d’oriennes. Les nouveaux habitants viennent essentiellement de grandes métropoles où ils se sentent moins à l’aise : Lyon, Paris, Strasbourg… Chaque année, nous enregistrons 1 000 personnes supplémentaires sur la métropole ».

« Vers des services express régionaux »

F. R. : « Nous avons chaque jour 80 000 pendulaires qui viennent en voiture travailler sur la métropole. Malgré cela, et parce que nous avions piétonnisé, la qualité de l’air y est la meilleure de France des métropoles. Nous pouvons encore l’améliorer en organisant des transports à une vingtaine de km autour de la métropole, en créant des services express régionaux. Avec des parkings favorisant la multimobilité (co-voiturage, TER…), cela créerait des pôles économiques ; contrairement à ce que l’on croit, s’installeraient à proximité de ces parkings des brasseries, des services… C’est à la région qui a la compétence transport de l’organiser… »

Le dîner-débat avec comme invité d'honneur François Rebsamen, premier événement du Club DLH

« Dijon maltraitée par la Région »

F. R. : « Nos deux régions ont deux cultures différentes. Nous sommes une terre ouverte et la Franche-Comté est une terre de résistance. C’est l’histoire. La présidente de Région a voulu à son arrivée corriger les inégalités de territoire entre la Franche-Comté et la Bourgogne ; je lui ai proposé de développer les qualités des uns et des autres sans penser à rééquilibrer. Elle met l’essentiel des crédits sur Besançon – et je ne suis pas contre le fait que Besançon se développe – mais je ne peux pas accepter qu’elle veuille faire disparaître l’Université de Bourgogne derrière celle de Franche-Comté. Elle a écrit aux entreprises de santé pour qu’elles aillent s’installer à Besançon. C’est la seule présidente de région qui n’a pas son bureau dans la capitale régionale ! »

« TGV : Encore en conflit aujourd’hui »

F.R : « Peut-être avons-nous été trop sympathiques avec la SNCF ! Notre région perd des habitants car elle est enclavée. Et la ligne Dijon-Lille via Roissy-Charles de Gaulle a été suspendue au moment de la crise Covid. Depuis 2021, je demande son rétablissement. Le nouveau Pdg de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, m’a envoyé le Pdg de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet.

Celui-ci m’a dit qu’il n’y avait pas de voyageurs alors même que la ligne était suspendue. Il est venu sans même un dossier. Cela s’est mal terminé ! (…) Je suis allé voir le ministre avec une large pétition. On nous a alors proposé une solution (…) se chiffrant à 12 M€ de financement pour la métropole, alors même que nous payions 1 M€ avant. Nous sommes en conflit encore aujourd’hui. On peut rétablir une liaison à partir du 1er janvier 2025… J’espère que Jean Castex deviendra le président de la SNCF en décembre car nous pourrons avancer ! »

« Continuons de construire »

F.R : « Il faut construire des logements ou alors il nous faudra refuser les nouveaux habitants… Nous avons besoin de construire 800 logements sur la ville par an. Nous pouvons avoir une densification heureuse, sinon nous avons un étalement malheureux, ce qui ne correspond pas aujourd’hui à la lutte contre le réchauffement climatique. Quand j’ai été élu maire, mon prédécesseur m’a précisé : il ne vous reste plus qu’un terrain pour construire, c’est le plateau de la Cras. Vous y ferez des immeubles. Aujourd’hui, on y plante des vignes, on produit du vin… J’ai rendu ce terrain à la nature. Comment faire pour la suite ? Continuer de construire dans l’entrée Sud et je le dis à tout le monde : cela n’empêche pas d’être élu, réélu, réélu et réélu ! ».

« L’extension du réseau de mobilité urbaine »

F. R. : « Nous avons lancé une étude pour l’extension du réseau de mobilité urbaine. Nous présenterons ses résultats dans un an et nous verrons ce que nous pouvons faire. La nouvelle équipe dira si elle fait où ne fait pas. Aujourd’hui, il faut dire les choses clairement : nous faisons des améliorations mais nous n’avons pas les moyens de financer une extension importante du tram. Le réseau nous a coûté 400 M€, soit 20 M€ du km, sans compter les rames que nous avons obtenues moins chères en les acquérant avec Brest (30 M€ d’économie).

Il faut prolonger, je pense vers le Sud, mais pas forcément avec un tram, peut-être avec un bus en site propre, un trolley… Comment avoir les moyens : il faut obtenir du gouvernement l’augmentation du versement mobilité ! Si nous ne l’avons pas, nous ne pourrons pas le faire, nous ne pourrons pas endetter la métropole et la ville de manière disproportionnée ».

 

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