Le Parti socialiste national vient de prendre ses distances avec la France Insoumise, si bien que la Nupes bat de l’aile. Et c’est un euphémisme. Le secrétaire de la section socialiste de Dijon, Antoine Hoareau, se félicite de ce « premier pas… »
Lors du dernier Conseil national, le moratoire proposé par Olivier Faure de suspension de la participation du PS à la Nupes a été voté à 54,15 % suite à la position de Jean-Luc Mélenchon au lendemain des attentats du Hamas. Quelle a été, déjà, votre réaction quant aux déclarations du leader de la Nupes ?
Antoine Hoareau : « Je ne veux pas me positionner par rapport à ce qu’a dit Jean-Luc Mélenchon. Ce qu’a subi Israël des terroristes du Hamas le 7 octobre est absolument atroce. C’est quelque chose qui doit nous appeler à la plus grande compassion et la plus grande compréhension pour défendre le droit d’exister à Israël mais également son droit à se défendre. Il faut aussi voir où nous en sommes aujourd’hui. Les attaques menées contre la bande de Gaza sont d’une violence inouïe et le droit de se défendre n’est pas le droit de mener une guerre en dehors du Droit international.
Il faut penser aux populations civiles à la fois israéliennes – massacrées par les attaques du Hamas – et palestiniennes – qui souffrent depuis des années du blocus et encore plus aujourd’hui. C’est la stratégie du Hamas qui est en train de gagner avec ce que fait le gouvernement dirigé par l’extrême droite de Benjamin Netanyahu. Il faut appeler à la paix, à une désescalade, à des corridors humanitaires… »
Vous faisiez partie de ceux qui, dès le départ, étaient hostiles à la Nupes, que vous aviez qualifiée d’« accord de façade… »
« Dès les élections législatives de 2022, nous avons toujours été contre l’accord avec la France Insoumise. Nous avions dénoncé ce qui était plus qu’un accord de façade. C’était un accord avec de nombreuses divergences. Elles éclatent au grand jour aujourd’hui mais imaginez le pire : le Parti socialiste a milité à l’époque pour que Jean-Luc Mélenchon devienne Premier ministre. Quelle serait la position de la France actuellement si cela était le cas ! Je vois aujourd’hui que mes camarades socialistes qui étaient les plus grands défenseurs de cette alliance prennent leur distance. Tant mieux mais cela ne va pas assez loin à mon sens. Ce n’est pas encore une rupture !
Il faut recréer une grande alliance de gauche, comme ce qui a été fait par le passé par le Parti socialiste lorsqu’il était en responsabilité, comme ce qu’a fait depuis de nombreuses années à l’échelle locale, François Rebsamen. Il faut une alliance de gauche, mais avec une gauche responsable, raisonnable, une gauche de gouvernement, prête à faire des compromis dans l’exercice du pouvoir, et non pas une gauche radicalisée qui ne fait aujourd’hui qu’ouvrir un boulevard au Front National ! »
Revenons à Dijon, où nous sommes à mi-mandat. Comment envisagez-vous la suite ?
« Nous sommes déjà aux responsabilités, toute l’équipe est au travail. Nous sommes tous concentrés sur la mission que nous avons, c’est à dire mettre en œuvre le programme sur lequel nous avons été élus. 2024 va être une année absolument formidable pour Dijon avec un certain nombre de grands travaux et de grands événements. Qu’ils soient sportifs, avec le Tour de France, la Flamme olympique, qu’ils soient culturels, culinaires, avec le Congrès mondial du Vin… des travaux qui vont concerner le quotidien des Dijonnais, avec la réfection de la place Bossuet, de la place du 30 Octobre…
Nous avons publié un bilan de mi-mandat et celui-ci est actuellement distribué par les élus. Nous réaliserons les 150 propositions et nous irons au-delà tout en gardant une situation financière de la collectivité la plus saine possible, même s’il peut y avoir quelques inquiétudes… Nous sommes la seule métropole et la seule ville centre en France à ne pas être soutenue par le Conseil Départemental. Année après année, le Département retire tous ses financements à la Ville de Dijon. On le voit dans le milieu culturel ou encore sur tous nos grands projets pour lesquels le Département est totalement absent du financement. Cela veut dire que nos marges de manœuvre sont parfois limitées. C’est bien dommage et il faut dénoncer cette situation ! »
Michel Neugnot a été réintégré dans ses fonctions de 1er secrétaire de la Fédération de Côte-d’Or du PS. Vous vous êtes félicité de la décision de la commission nationale du conflit du PS, qui l’a blanchi dans l’affaire dite du « baobab ! »
« C’est une accusation absolument calomnieuse et mensongère dont a été victime Michel Neugnot. L’enquête interne du Parti socialiste a permis de recueillir des témoignages qui ont démontré que Michel Neugnot avait eu raison de nier depuis le début. Cependant cela a fait du tort à l’image du Parti socialiste de Côte-d’Or et je pense qu’il faudra que l’on réfléchisse collectivement demain au futur de la Fédération pas seulement au regard de cet événement mais également au regard de l’avenir. Il sera nécessaire d’avoir une réflexion collective sur le devenir de la Fédération de Côte-d’Or ».
Vous avez adhéré au PS à 17 ans… Toujours envie de rester au PS, pas une nouvelle appétence pour, par exemple, la Fédération progressiste créée par François Rebsamen ?
« Le PS, c’est mon parti. Effectivement j’y ai toujours milité, je continue de le faire, d’animer la section de Dijon même si ce n’est pas tous les jours facile puisque je ne me reconnais pas nécessairement dans le positionnement au niveau national. C’est mon parti, j’y suis, j’y reste ! »
Propos recueillis par Camille Gablo