Voilà un mois que j’ai emménagé à Liverpool et que mes repères Dijonnais ont été chamboulés. J’ai à cœur de partager toute la beauté de la vie que je mène actuellement avec les lecteurs de Dijon l’Hebdo. Cependant il me semble nécessaire de poser le décor avant toute chose. La tâche de décrire une ville deux fois plus grande et trois fois plus peuplée que Dijon n’est pas chose facile, et la diversité qui fait son charme complexifie d’autant plus sa description.
Liverpool, c’est un rayonnement industriel qui commence au dix-septième siècle jusqu’aux années 70, grâce au commerce passant de son port, mais aussi par toute la manufacture produite par la ville-même. La majorité des quartiers résidentiels étaient à l’époque ouvriers : de longues rangées de maisons mitoyennes, sur deux ou trois étages, se font face dans un enchaînement de rues parallèles. La brique, souvent rouge, en est le matériau de construction de prédilection, comme dans 80% des bâtiments britanniques. Souvent construits dans la rapidité afin de faire face à la demande de logement (durant la révolution industrielle au XIXe siècle, mais aussi après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale), ces quartiers ont tendance à se détériorer et s’appauvrir avec le temps.
Mais Liverpool ne se laisse pas abattre et rénove progressivement son architecture industrielle : des anciennes usines sont devenues des bâtiments d’étude sur mon campus, d’autres des résidences étudiantes (ma propre résidence est bâtie sur les restes d’un atelier de maçon, dont je vois la cheminée depuis ma fenêtre), et même les quais sont remis à neuf pour accueillir musées, restaurants et boutiques de souvenirs. Hors des quartiers industriels, l’architecture se diversifie avec des maisons à colombages du Moyen-Âge, un « quartier culturel » néo-classique aux allures de Panthéon, ainsi que deux cathédrales, l’une gothique et l’autre futuriste.
Liverpool cultive également son propre petit lot de gratte-ciels et s’est doté d’un énorme centre commercial sur trois étages à ciel ouvert il y a une vingtaine d’années. Bien que le cœur de Liverpool tende vers ses quais à l’est, le long de la rivière du Mersey, le commerce de quartier crée de l’activité dans tous les recoins de la ville.
Sa population est tout aussi diverse grâce au port qui accueillit l’immigration des quatre coins du monde pendant des siècles – c’est ici par exemple que s’établit la première Chinatown d’Europe – et grâce aux milliers d’étudiants internationaux qui viennent y faire leurs études.
Alors décrire Liverpool, vous comprendrez, c’est bien compliqué. Liverpool, c’est pour moi une ville où le vent est roi et la pluie omniprésente, mais ne dure jamais longtemps ; où la poubelle noire est violette et la jaune est turquoise ; les magasins sont plus remplis le dimanche que le samedi et les bars et boîtes de nuit battent leur plein 7 nuits sur 7 ; où la verdure est abondante, la tonte de la pelouse d’une géométrie précise et où les déchets volent au vent dans quelques rues tel du foin dans un western des années 50. Par-dessus tout, Liverpool est une source intarissable d’émerveillement, que j’espère pouvoir transmettre authentiquement dans les pages de ce journal.
Léa Tribotté