François-Xavier Dugourd : « Le projet d’Emmanuel Macron, ce n’est pas le nôtre »

Malgré une défaite cinglante à la dernière élection présidentielle et de sérieux revers aux législatives qui ont suivi, le parti Les Républicains veut croire en des jours meilleurs. Il y travaille activement. François-Xavier Dugourd, président départemental, explique le modus operandi.

Comment avez-vous perçu l’appel lancé le mois dernier par Nicolas Sarkozy à sa famille politique de rejoindre l’exécutif à l’occasion d’un prochain remaniement ?

« J’ai toujours du respect pour Nicolas Sarkozy au regard de ce qu’il a apporté à notre mouvement et au pays lorsqu’il était président de la République. Pour autant, j’ai des désaccords assez profonds sur ses positions politiques et, en particulier, sa volonté de pousser à la composition d’une majorité hétéroclite avec le conglomérat que représente déjà les macronistes. Le projet d’Emmanuel Macron, ce n’est pas le nôtre. Le « en même temps », ce n’est pas notre projet. Nous n’avons pas la même approche pour tout ce qui touche à l’immigration, la sécurité, l’économie, l’international… ».

Ce qui sous-entend que LR ne sera jamais ce parti centriste qui, dans le passé, à défaut de gouverner, pouvait faire ou défaire les majorités en place ?

« Complètement. Les tripatouillages politiques, la tambouille, les alliances contre-nature, ce n’est pas dans notre culture. Avec cette volonté de faire monter les extrêmes, le Président de la République s’est mis lui-même dans cette position de majorité relative. C’est son affaire. A lui de se débrouiller. Ce qui compte pour nous, c’est l’intérêt de la France. Nous affichons clairement une position d’opposition. Mais une opposition constructive qui nous amène à voter parfois un certain nombre de projets qui correspondent à nos propositions ou à nos souhaits ».

 

Du coup, estimez-vous sérieuse l’hypothèse d’une motion de censure déposée par votre parti sur le projet de loi immigration si la droite n’était pas entendue ?

« Absolument. Ce ne sont pas des mots en l’air. Nous avons des propositions précises sur l’immigration et nous ne transigerons pas sur ce sujet. Nous avons déposé un projet de loi et nous le défendrons. Pour cela, nous n’hésiterons pas à voter une motion de censure ».

 

Jugez-vous avec la même sévérité qu’Eric Ciotti, le président national de LR, la position de LFI dans le conflit israélo-palestinien ?

« La position de Jean-Luc Mélenchon et de ses acolytes est totalement scandaleuse. N’oublions pas les alliés de LFI au sein de la NUPES, notamment un certain nombre d’écologistes et de socialistes qui sont, pour le moins, dans l’ambiguïté par rapport à la situation du Moyen Orient. Les avez-vous entendus dénoncer clairement l’organisation terroriste du Hamas qui veut la destruction de l’Etat d’Israël ? L’extrême-gauche et une partie de la gauche, complaisantes avec l’islamisme, sont dans une démarche purement électoraliste. Ce sont des positions contraires aux valeurs républicaines ».

 

Comment se porte votre parti en Côte-d’Or après les déconvenues électorales enregistrées lors des dernières législatives ?

« Nous sommes au travail dans le cadre d’une démarche lancée par notre président, Eric Ciotti. C’est une démarche de réflexion inédite au niveau national. Un projet de société, une réflexion de fond que nous sommes en train de construire et que nous proposerons lors des prochaines échéances présidentielles et législatives. C’est la volonté de répondre très concrètement aux questions fondamentales que se posent les Français dans leur vie quotidienne. Nous ne sommes pas dans l’incantatoire, le « y a qu’à faut qu’on ». Nous avons vocation à être un parti de gouvernement avec un programme réaliste et applicable. En Côte-d’Or, dans le cadre de ces états généraux de la droite, nous avons eu une première réunion en juillet. Nous venons d’en faire une à Talant sur la sécurité. Une sur l’éducation est prévue à Beaune en novembre ».

 

Même si ce n’est pas demain, les élections municipales à Dijon commencent à occuper certaines discussions. Comment comptez-vous éviter ce qu’on pourrait qualifier de foire d’empoigne qui se profile à droite ?

« Les élections de 2026 marqueront la fin d’un cycle. Il faut donc un nouveau projet, une nouvelle dynamique, de nouveaux talents… pour projeter Dijon dans les 20 à 30 années qui suivront avec toute une série de problématiques à résoudre qu’elles soient environnementales, économiques, sociales, culturelles… Cela passera par un rassemblement large autour des Républicains. Ma mission, et je considère que c’est une responsabilité forte, c’est de travailler à la reconquête de Dijon. Pour moi, c’est un objectif majeur. Avant de parler de concurrence entre des candidats potentiels, je préfère mettre en avant les bonnes volontés qui, j’en suis convaincu, se rangeront derrière l’intérêt supérieur. Et l’intérêt supérieur, c’est gagner Dijon. La voie de la raison l’emportera. Il est clair que sans union, il sera impossible de l’emporter. Ce sera une question de responsabilité et d’efficacité électorale ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre