Dans la période post-Covid, jamais le marché de l’immobilier n’a affiché une aussi belle santé. Mais cette euphorie (des prix) n’est plus qu’un souvenir… d’aucuns craignant au niveau national « une véritable crise de l’immobilier ». Qu’en est-il dans le département et dans la capitale régionale, où, à la différence de nombre d’autres territoires, ce marché a toujours su « rester raisonnable » ?
Toutes les études le montrent à l’échelle nationale : après avoir atteint des sommets, le marché de l’immobilier s’essouffle. Enfin nous devrions plutôt écrire qu’il ralentit sa hausse, tellement les années 2020 et 2021 ont été exceptionnelles, la période post-Covid ayant affiché des records. Avec, en moyenne, un million de biens qui changeaient de main chaque année dans l’Hexagone. Le fait que beaucoup souhaitaient acquérir un appartement ou une maison avec une terrasse ou un jardin mais aussi une résidence secondaire, généralisation du télétravail oblige, ne fut pas étranger à cette tendance.
Le confinement a eu pour corollaire de changer les mœurs immobilières. La demande ne faiblissant pas, les prix n’ont alors eu de cesse de grimper. Seulement voilà, la donne a changé. La cause principale : la remontée brutale des taux d’emprunt, si bien que, depuis le début de l’année 2023, les banques auraient opposé une fin de non-recevoir à 50% des candidats au crédit immobilier, eu égard leur taux d’endettement qui excédait la norme autorisée.
L’inquiétude germanique
Le 24 septembre, le président de la commission des lois à l’Assemblée nationale, Sacha Houlié, a annoncé vouloir relever le taux d’endettement maximal des ménages de deux points (de 35 à 37 %). Il semblerait, au demeurant, que cette hypothèse soit aussi dans les tuyaux à Bercy… le gouvernement voulant éviter ce que certains qualifient déjà comme « une crise de l’immobilier… » Il faut dire que l’exemple allemand a de quoi faire frémir : outre-Rhin, comme l’a précisé le 23 septembre le journal Les Echos, l’Office fédéral de la Statistique a mis, en effet, en exergue que le marché immobilier germanique était KO, avec des prix de l’immobilier résidentiel en baisse, sur le dernier trimestre, de… pratiquement 10 % !
Quid dans le département et à Dijon, une métropole au sein de laquelle les professionnels ont toujours souligné que « l’immobilier restait raisonnable », les prix n’ayant pas enregistré des flambées à hauteur de celles vécues à Paris, Lyon, Bordeaux ou dans les grandes villes du littoral, pour ne citer qu’elles ? Selon le magazine Capital du mois de septembre, la tendance est à la stabilisation des prix… après les augmentations précédentes.
Des hausses constatées par la Conjoncture immobilière entre le 1er juillet 2022 et 30 juin dernier publiée par la Chambre interdépartementale des Notaires. Sur cette période s’étendant sur un an, les appartements anciens ont, en effet, affiché une hausse de +6,4% sur l’ensemble de la Côte-d’Or (le prix médian par m² s’établissant à 2 500 €) et de +4,5% sur Dijon (2 600 €/m² en moyenne). Avec, évidemment, des disparités par quartier : entre 3 090 €/m² sur le Centre Nord (+ 5,5%) et 930 €/m² à la Fontaine-d’Ouche (-1%)…
Les maisons anciennes ont enregistré, sur la même période, une augmentation de +4,7% (avec un coût moyen de 200 000 €) sur le département et de +2,9% dans les murs de la capitale régionale (avec une moyenne s’établissant à 293 000 €). Et c’est dans le quartier Montmuzard où cette augmentation fut la plus manifeste, les biens grimpant de 14,9% (410 000 € de moyenne)…
Le neuf en hausse
Qu’en est-il du neuf ? Du 1er juillet 2022 au 30 juin dernier, cette étude montre également que les appartements neufs ont vu leurs tarifs croître à la fois dans le département (+8,5%, avec un prix médian par m² de 3 930 €) et à Dijon (+7,7%, 4 270 €/m²). Et cette hausse a atteint même +14,1% dans la périphérie dijonnaise (3 930 €/m²). Quant au prix moyen des maisons neuves – dans toute la Côte-d’Or –, il était déjà en baisse de - 3,7% (269 800 €). Sur le département, le prix moyen des terrains à bâtir était quasiment stable (-1,6%) alors qu’aux alentours de Dijon, eu égard à l’attractivité de la métropole régionale, celui-ci affichait tout de même une majoration de + 10,6%.
Des hausses et une Conjoncture immobilière dont tout porte à croire qu’elles devraient appartenir au passé. Les deux grandes questions pour la période qui s’ouvre étant les suivantes : après une véritable euphorie sur les deux dernières années, les vendeurs se résoudront-ils à revoir leur desiderata à la baisse… et les acquéreurs auront-ils à nouveau les moyens de leurs ambitions ? Réponses dans les mois qui viennent !
Camille Gablo