C’est dire si sa sortie sur les écrans tombe à pic, tant il revêt toute sa dimension en ce mois de mars entré, dès le 1er jour, dans une zone de turbulence politico-sociale cruciale. Jean-Paul Salomé adapte, là, pour l’écran, le livre-enquête consacré à Maureen Kearney, syndicaliste vedette de Areva, multinationale française dans le domaine de l’énergie nucléaire. En décembre 2012, l'affaire MaureenKearney / Areva occupe l’espace médiatique à la suite du viol avec actes de barbarie subis par la syndicaliste. On assiste parallèlement à la mise-à-l’écart progressive d’Anne Lauvergeon qui intervient, au moment de l'accident de Fukushima et du fiasco du rachat de la mine canadienne UraMin.
Le film s’inspire donc d’événements réels : le cinéaste fonde le scenario sur une entente « cordiale » entre ces deux femmes de premier plan, tout en esquissant - avec la légèreté d’une virgule - l’hypothèse d’un jeu machiavélique de la part d’Anne Lauvergeon. Rappelons que cette dernière avait été l’un des sherpas de Mitterrand, donc à bonne école… Areva fleure alors le scandale d’état. Les différents procès n’ont jamais pu déboucher sur l’identité des coupables de l’agression de la jeune femme syndicaliste, ni sur la moindre condamnation.
Voila en gros l’intrigue de ce thriller au rythme haletant, quitte à émettre quelques réserves : les deux héroïnes y apparaissent, chacune à son niveau, sous le feu de reproches d'incompétence dans un monde contrôlé par les hommes puissants - dont Luc Ourdsel, Proglio ou certains ministres expressément nommés dans le film. On peut reprocher le côté très tendance du réalisateur qui choisit de faire de ces deux femmes des victimes. C’est un rien un peu trop facile dans ce qui fut en réalité une fausse aux lions, où les dompteurs ainsi que les dompteuses jouaient pratiquement à part égale. Surtout si l’on s’en réfère au parcours d’Anne Lauvergeon, dont tout indique une femme de pouvoir dure et habile. Un mot pour conclure sur une Isabelle Huppert au jeu toujours péremptoire, et que l’on retrouve dans un autre film sorti en même temps que « La Syndicaliste », mais, lui, se situe à la Belle Epoque des années 30 : il s’agit de « Mon … ».
Eh oui, de « Mon Crime » de François Ozon. Le metteur-en-scène, jusque-là, nous avait habitués à des réalisations infiniment subtiles, notamment « Sous le sable » avec Charlotte Rampling et Bruno Cremer. Mais plongeons dans les coulisses coquinement légères, et néanmoins cruelles du music hall ainsi que du cinéma d’un Paris à plumes et franfroluches aujourd’hui disparu. L’intrigue démarre dans une ambiance de fait divers narré par une caméra qui filme style « Détective » : Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée (et s’accuse aussi) du meurtre d'un célèbre producteur. Finalement acquittée, elle entame une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, qui se soldera dans un joyeux, voire improbable rebondissement. Dire que cette commedia delle arte touche à la métaphysique serait un bien grand mot, tant les dialogues sont empreints de franchouillardise, tombent diantrement à plat. Tant également, le parti pris de multiplier les prises de vue en sépia est pesant… On aurait pu penser que le casting prestigieux -Isabelle Huppert, André Dussolier, Fabrice Luchini, Dany Boon etc- eût pu hisser ce film qui se voulait drôle et féministe. Soyons honnête : il a reçu un accueil du public plutôt chaleureux. Hélas, hélas, à nos yeux, le réalisateur n’a pas su mener ce coup-là intrigue et acteurs avec le brio d’un Beaumarchais ! En un mot, de Ozon à Jean-Paul Salomé, la partie de dames n’est pas gagnée.
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