Roucoulettes & chabalas

Ce fut une quinzaine plus « chabala » que « chabadabada », plus « kung-fu » que « panda », plus « lobs » et « roucoulettes » que « Lobster » ou « Couroucoucou Paloma ». Deux semaines de handball en somme, le temps d’une compétition internationale, et non de « hand-Baule » : eh oui, ce sport ne vient pas de l’ouest, même si aujourd’hui « tonnerre de Brest », le hand se décline admirablement au féminin jusqu’à la pointe de la péninsule armoricaine. Vivant, athlétique et engagé, il ne laisse aucune place au cinéma.

Et si l’on aime attribuer la paternité du handball à nos cousins germains, ce sport originellement scolaire est né au Danemark en 1892, un siècle avant la naissance de nos Barjots aux JO de Barcelone. Mais c’est effectivement l’Allemagne qui popularise « la balle au but », tandis qu’en France il s’enracine dans le milieu ouvrier dès la fin des années vingt, salué grandement par le quotidien L’Humanité plus que par L’Auto, l’ancêtre Du journal L’Equipe.

Des Bleues dans le rouge

Ce Danemark-Norvège en finale de l'Euro féminin 2022 dans trois des pays de l'ex-Yougoslavie n'est donc pas une surprise. Métissant habilement individualité et esprit de groupe, ce « sport de préau » aux valeurs éducatives et citoyennes est devenu également un sport spectacle, un sport puissant, un sport de contact, un sport de face à face. L'équipe de France n'aura pas résisté à sa bête noire norvégienne avec à sa tête la demi-centre Stine Bredal Oftedal, triple championne du monde et quintuple championne d'Europe avec son équipe nationale.

Comme au cinéma, le sens du rythme provoque suspens et émotions chez des spectateurs, souvent en état d’excitation ou de stress permanent, parce qu’au handball rien n’est jamais impossible. Le mythique match du championnat du monde féminin de 2003, où les Françaises, avec leur valeureuse pivot Véronique Pecqueux-Rolland, remportèrent leur premier titre mondial face à la Hongrie, en est la preuve. Nos bleues étaient pourtant menées de 7 buts à 7 minutes de la fin du temps réglementaire. Et notre récent combat pour la troisième place contre les Monténégrines réserva lui aussi son lot de surprises dans cet Euro 2022, pas très heureux pour notre équipe nationale. Malmenées, sifflées, bousculées, arrachant une miraculeuse prolongation après un carton rouge, les filles d’Olivier Krumbholz échouèrent au final à ramener une médaille de bronze qu’on leur pensait acquise. L’ADN du handball reste intact.

Le DMH proche du sommet

Du côté de la Proligue et du DMH, nos Dijonnais côtoient les sommets, après une assez courte défaite 26-29 contre Bordeaux et une large victoire 43 à 27 lors de leur déplacement à Besançon. À chaque poste, une doublure de talent attend patiemment le moment de se surpasser. Le capitaine Pierrick Naudin peut être fier de son équipe, où Wassim Helal dans les buts, Steeven Bois en demi-centre, Lucien Auffret sur l’aile ou Alexis Bon à l’arrière font des étincelles à chaque match.

Et que dire du pivot historique de notre club ? Dans la chaleur du Palais des sports, voilà plusieurs décennies que Marc Poletti est au cœur de la défense dijonnaise, roc angulaire et talisman inamovible, le seul à retomber sur ses pattes alors que tous volent en éclats. Le cliché du photographe Éric Andriot rend bien compte de cette situation exceptionnelle, au sens propre du terme. Justement. Comme si la limite fixée par le temps n’avait pas de prise sur ce joueur à la générosité rocambolesque et supérieure. L’incarnation de l’expression « mouiller le maillot » pour défendre ses couleurs.

De l’autre côté du terrain, sur le banc, l’entraineur de Bordeaux reprend les choses en main. Silhouette massive, reflet d’un champion fin de siècle, ancien capitaine au long cours de l’insubmersible vaisseau handball, toujours au sommet, stable comme un cow-boy solitaire aux jambes arquées : monsieur Philippe Gardent dit « Boule ». Esthétique malgré lui, excitateur de défense, râleur de première, il fait de sa révolte et de celle de ses joueurs le moteur d’un succès arraché en fin de partie. Vérité efficiente des buts libérateurs après un juste carambolage de l’adversaire.

Peu importe cette défaite, les hommes d’Ulrich Chaduteaud et de Samuel Pécaud se relèveront pour poursuivre leur chemin vers la Starligue. Ils sont bien partis, ne sont qu’au tiers du parcours, et savent tous bien évidemment que la route est encore longue.

Raphaël Moretto

Crédit photo : Éric Andriot

Les prochains matchs au Palais des Sports 

Vendredi 25 novembre à 20h30 : DMH / CHERBOURG

Vendredi 2 décembre à 20h JDA Handball / SAINT-AMAND

Philippe Gardent dit « Boule » : évoluant au poste de pivot, il est notamment quintuple Champion de France et est l'un des piliers des « Barjots » qui ont remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques de 1992 à Barcelone puis le titre mondial en 1995. En 2021, il devient manager du « Bordeaux Bruges Lormont Handball » qui vise à devenir le club de très haut niveau masculin en Aquitaine.