A 24 ans, Aurélien Pouhin est un joueur expérimenté au sein de la JDA Dijon Basket. Après plusieurs années dans la capitale des Ducs, le jeune homme de Poiseul-la-Ville-et-Laperrière connaît parfaitement les rouages et fondements du basket fauteuil – une variante du basket-ball – appelé également handibasket. Sa pratique s’est démocratisée grâce au mouvement Handisport dans le monde.
La première page de l’histoire de la section basket-fauteuil a été écrite dès les années 2000, au sein de l’emblématique JDA Dijon Basket. Pourtant, aujourd’hui, la discipline suscite toujours la surprise des amateurs du ballon orange : « Mais comment font-ils pour jouer au basket et manier un fauteuil en même temps ? » Voici une interrogation qu’entend résonner Aurélien presque autant que les encouragements durant un match. Et sans compter un lot de réflexions liées à l’intégration du fauteuil dans ce sport : « Ça doit faire mal aux mains de rouler en fauteuil, tout au long de la rencontre ». Ou bien : « Ce sport ne doit-il pas être réservé uniquement aux personnes handicapées ? »
Aurélien souhaite dépasser tabous et réflexions pour fédérer autour de ce sport : « Le basket-fauteuil est ouvert à tous. Quels que soient le handicap, le sexe ou les capacités motrices », confie-t-il. Une donnée qui s’explique notamment par une adaptation assez aisée entre le basket et le basket fauteuil. Parmi toutes les disciplines handisport reconnues, le basket-fauteuil apparaît comme celle qui se rapproche de sa pratique pour les personnes valides. Un système de classification stricte en fonction du handicap de chaque joueur permet d’instaurer une certaine équité dans l’équipe : « Plus le handicap d’un joueur ou d’une joueuse est lourd, il ou elle dispose de points qui définissent son temps de jeu sur le terrain. A contrario, si une personne est valide, elle disposera d’un temps de jeu plus faible. D’ailleurs hommes et les femmes peuvent intégrer une même équipe. La hauteur du panier et les dimensions du terrain sont identiques au basket classique ; ce qui explique qu’on parvient à attirer des personnes d’horizon différent ».
Atteint d’un handicap moteur important, Aurélien voit d’un bon œil la perspective de jouer avec des partenaires avec des profils différents… Le handicap ne doit plus être perçu comme une différence, mais comme une force : « Bien souvent, je me fatigue forcément plus vite que n’importe qui. Le fait de me confronter à des joueurs ayant davantage de facilités m’offre la possibilité de beaucoup progresser, tant sur le plan personnel que sur le plan sportif. Aujourd’hui, grâce aux exercices de musculation et aux entraînements, j’arrive à monter sur les trottoirs avec mon fauteuil. Ca peut paraître anodin, mais c’est une chose que je n’arrivais pas à faire, il y a 3 ans ».
La nécessité de recourir au fauteuil implique d’intégrer une dimension physique, sans équivalence avec le basket classique : « Pour ramasser la balle, on doit s’aider de la roue et faire glisser la balle dessus pour s’en saisir » poursuit Aurélien. « En contre-attaque ou en plein match, il y a souvent des collisions avec les adversaires qui interviennent. Pour éviter un choc trop important, on est protégé par une sangle. A part ça, la façon d’arbitrer demeure la même ». Plus qu’une activité sportive, le basket constitue une véritable échappatoire pour le jeune homme, qui pratique des entraînements tous les jours depuis qu’il a intégré l’Ecole de formation de la Jeanne : « Je ne vois pas à quoi ressemblerait ma vie sans le basket. Je tiens d’ailleurs à remercier la JDA qui contribue à l’épanouissement des personnes dans une situation semblable à la mienne. Un fauteuil coûte entre 5 000 et 7 000 euros, mais nous disposons tous d’un fauteuil personnalisé. Je tiens également à exprimer ma reconnaissance à mon entraîneur Damien Lordel ainsi qu’à mes coéquipiers pour leur soutien indéfectible. Sans eux, je n’en serais pas au niveau où je suis aujourd’hui ».
Luc Lavoué