Le Printemps de l’Europe est de retour. L’édition 2022, du 4 mai au 6 juin 2022, placée sous l’égide de la solidarité avec l’Ukraine, fera la part belle à la jeunesse, son éducation, sa mobilité mais aussi aux projets menés avec les villes partenaires au sein de l’Union européenne. Explications avec Sladana Zivkovic, maire adjointe aux relations internationales.
Dijon l’Hebdo : Quel est le sens que vous souhaitez donner cette année à ce Printemps de l’Europe ?
Sladana Zivkovic : « Tout d’abord, je voudrais vous dire toute la joie qui est la nôtre, après deux années perturbées par la pandémie, de retrouver cette manifestation qui nous tient à cœur. Ensuite, comment fêter cette Union européenne qui nous protège, améliore nos vies quotidiennes et soutient des projets structurants pour notre territoire au moment où la répression s’abat toujours sur le peuple ukrainien ? La violence et la barbarie de la guerre en Ukraine nous rappellent chaque jour ce que nous devons à l’Union européenne. C’est pourquoi nous associerons aussi à ce Printemps de l’Europe toutes les associations mobilisées, avec toute la générosité qui les caractérise, en faveur de ces populations en souffrance, contraintes à l’exil. Nous voulons en faire un « Printemps » axé sur la convivialité et la gastronomie -qui reste un fil rouge de la manifestation- avec des temps forts et des conférences autour de thèmes et d’enjeux qui nous questionnent tous ».
DLH : Quels seront les temps forts de cette manifestation organisée depuis 2007 par la Ville de Dijon ?
S. Z : « En 2019, nous avions proposé une trentaine d’événements. Cette fois, nous passons à cinquante. C’est dire toute l’émulation autour de cette manifestation. Je serais tentée de vous dire que tout est temps fort. A partir de ces socles que sont solidarité, convivialité, jeunesse, culture et information, découverte, nous proposons donc encore plus d’initiatives en relation avec l’Europe. Des initiatives menées par des associations dijonnaises engagées dans le partage et la découverte de la diversité européenne : cinéma, littérature, musiques classiques et actuelles, débats, jeux, ateliers vont ponctuer notre vie dijonnaise du 4 mai au 6 juin.
Il me faut citer le « Village de l’Europe » qui se tiendra le jeudi 12 mai, place François Rude, avec la participation des écoles dijonnaises. Il sera, entre autres, question de toutes les mobilités internationales possibles pour étudier ou même travailler dans un des pays de l’Union européenne. C’est avec la jeunesse que l’Europe fortifiera encore plus ses bases. Je voudrais aussi évoquer le projet européen RESPONSE d’économies d’énergie qui se déploie dans le quartier Fontaine d’Ouche, qui sera présenté avec les métiers d’avenir liés à l’environnement, le développement durable et les économies d’énergie. Tout cela bien sûr avec beaucoup de pédagogie. RESPONSE est un projet d’envergure unique en Europe dont Dijon est pilote ! C’est une vraie fierté que d’être leader de ce projet emblématique qui intègre le programme de réhabilitation énergétique et de création d’îlots à énergie positive dans le quartier de la Fontaine d’Ouche. J’insiste sur le fait que c’est un cercle vertueux unique en Europe. Cela montre combien l’Europe est présente et utile dans notre quotidien ».
DLH : Un pays sera plus particulièrement mis à l’honneur. Pourquoi le Portugal ?
S. Z : « Notre « Printemps de l’Europe » propose également une découverte de la culture et de la gastronomie du Portugal et de notre ville partenaire Guimarães en pleine « Saison culturelle croisée France-Portugal » qui bat son plein jusqu’en octobre prochain. Un chef de Guimarães nous fera découvrir la gastronomie et les vins de son pays dans le cadre du Brunch des Halles. Du coup, nos amis portugais seront présents à l’inauguration de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin avec à leur côté les représentants d’un certain nombre de villes partenaires comme Cluj, Mayence, Reggio Emilia, Prague… ».
DLH : L’Union européenne a été sérieusement bousculée par la pandémie de Covid-19 qui a révélé des failles et éprouvé la solidarité entre pays du nord et pays du sud. La crise ukrainienne ne montre-elle pas qu’elle apparaît désormais plus renforcée que jamais ?
Cette fracture entre le Nord et le Sud de l’Europe a effectivement ressurgi avec la crise du Covid. Il y a eu du cafouillage au début, c’est vrai, mais au final, elle a su fort heureusement se montrer plus réactive et plus solidaire. La guerre déclenchée par la Russie en Ukraine a rebattu les cartes sur le continent européen. Mieux, elle a cimenté l’Union Européenne dans une politique de sanctions proprement historique par son ampleur. On voit bien la fragilité des choses : l’union économique ne suffit pas à assurer la paix même si l’Europe a su se constituer en puissance unie face à la Russie. Cependant, cette crise a suscité le réveil des consciences et un formidable élan de générosité vis à vis des réfugiés. Incontestablement, nous nous sommes véritablement sentis concernés par ce drame et on peut véritablement parler de sentiment d’appartenance à l’Europe et à ses valeurs ».
DLH : L’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne est-elle une priorité comme a pu le déclarer récemment le président Zelensky ?
S. Z : Tout s’est accéléré à la suite de l’invasion de Ukraine par la Russie, le 24 février 2022 et je comprends complètement la position du président Zelensky qui réclame l’adhésion de son pays. L’Ukraine appartient, d’une certaine manière, à la famille européenne. Mais le processus d’intégration est particulièrement long et complexe. Les exemples ne manquent pas pour illustrer la longue procédure entre le dépôt de candidature et l’adhésion officielle à l’UE. Mais ce que l’on voit en Ukraine doit nous amener à réfléchir plus largement à l’adhésion de cette zone d’Europe de l’Est au sein de l’Union européenne. Les voisins immédiats dans les Balkans ont aussi des questions de minorités nationales qui ne sont toujours pas réglées plus de 30 ans après la guerre en ex-Yougoslavie. Ces nouveaux pays sont exsangues économiquement et vidés de leur jeunesse. Il est primordial de les raccrocher au projet européen. Ce sera un enjeu important de la conférence sur les Balkans prévue en juin. Les problèmes à régler sont beaucoup plus importants qu’on ne pourrait l’imaginer ».
DLH : Dijon s’est fortement mobilisée pour soutenir l’Ukraine et ses habitants contraints à l’exil. N’êtes vous pas tentée de nouer un partenariat ou un jumelage avec une ville ukrainienne ? Par exemple avec Vinnytsia qui avait convenu d’accords agro-alimentaires avec Vitagora juste avant le début du conflit ?
S. Z : « Vinnytsia, c’est tout un symbole. C’est la dernière ville d’Ukraine qui nous a rendu visite avant le début de la guerre. Nous connaissons une bonne partie de son équipe municipale. Nous avions commencé à travailler sur un potentiel partenariat en dehors des accords qu’ils ont noués avec le pôle de compétitivité Vitagora. Ils ont manifesté un réel intérêt sur la gastronomie en général et sur la Cité en particulier. Il n’est pas question de couper le lien. On reprendra contact dès que possible pour inscrire une relation dans la durée ».
DLH : Avez-vous encore des contacts avec votre ville jumelle Volgograd, en Russie ? Une ville labellisée « ville pour la paix dans le monde »…
S. Z : « On a eu de brefs échanges avec un de nos contacts très impliqué dans ce jumelage entre les deux villes. Les projets ont évidemment été suspendus au grand dam du maire de Volgograd qui a adressé un courrier à son homologue François Rebsamen. Sans la guerre, il aurait certainement répondu présent à notre invitation pour l’inauguration de la Cité de la Gastronomie. Il n’a pas manqué de mettre en avant tout son espoir de retrouver la paix et sa volonté de ne pas tirer un trait sur l’amitié qui nous lie. Quand on connait l’histoire, on sait aussi ce que l’Europe doit à cette ville ».
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre
Toutes les informations sur le Printemps de l’Europe sur le site www.dijon.fr