LE « PETIT POLAK »
L’autre soir, une promenade me fit longer les premiers travaux de reconversion de l’usine Terrot. Mon esprit qui aime tellement vagabonder, à la seule évocation du nom de l’ancienne fabrique des légendaires motos, me transporta immédiatement dans les pages du roman autobiographique écrit par le Dijonnais Joseph-André Parczinski, en 2000. Un rapprochement tout à fait à propos puisque l’auteur, après son certificat d’études, avait réussi le concours d’entrée à l’Ecole d’Apprentissage Terrot… Où il s’appropria courageusement un savoir sans aucune mesure avec le savoir qu’il aurait acquis dans un autre lieu. Celui auquel accédaient les ouvriers d’élite… Et les pages de l’ouvrage lu pourtant depuis une vingtaine d’années revinrent au grand jour : CAP en poche, ce furent, après 1950, les heures passées à l’enfantement, l’alésage et le rodage d’un scooter de marque Terrot. Sans d’ailleurs pouvoir l’imposer face à ses redoutables concurrents, la Vespa et le Lambretta. L’ensemble du livre défila ainsi comme si on avait appuyé sur un bouton. De sorte que la vie complète de Joseph-André Parczinski emplit ma mémoire. Avec clarté. Emotion surtout. En suivant l’itinéraire d’un enfant fils d’émigrés polonais, né en 1934. En proie, à Dijon, à la xénophobie. La pauvreté. Aux restrictions. Avec une jeunesse plus difficile que pour d’autres… Avec la nécessité de « muer sa peau comme celle d’un reptile pour se faire accepter ». Le petit Polak passa son enfance dans la Cour du Mouton, en haut de la rue de la Préfecture. Se battit, travailla dur, mêla constamment la pugnacité à l’enthousiasme et n’oublia jamais ses origines. Jusqu’à créer, une fois devenu adulte et ayant fait sa place dans la vie dijonnaise, l’association franco-polonaise Warszawa… Ma promenade terminée, je passai ma nuit à relire les chapitres du « Petit Polak de la Cour du Mouton ».
YEUX ET PAPILLES COMBLÉS EN AUTOMNE
En automne, la Côte–d’Or se fait admirer et croquer. Deux atouts facilitant la tâche de l’agence départementale de développement touristique qui revendique notre département comme « première destination nature et patrimoine entre Paris et Lyon ». La magie des paysages de la Côte en Octobre avec ses vignobles qui changent de teintes, quittant le vert pour basculer dans le doré puis le rouge flamboyant, sait succéder chaque année aux vendanges…Quant au volet gustatif, il continue évidemment à reposer sur les grands noms du vin. Mais aussi sur une accélération d’initiatives locales, « nouveautés gourmandes » qui doivent faire mieux encore rayonner le territoire. C’est le dessein de la marque « Savoir-faire 100 % Côte–d’Or ». Lancée fin 2019, elle veut être un gage de qualité, porté par des producteurs, artisans, restaurateurs, commerçants. Délivrée par le Conseil départemental, elle distingue des productions ou des savoir-faire emblématiques du département… Avec à la baguette, pour soutenir la démarche, les réputations et pratiques de trois grands chefs locaux : Jean-Alain Poidevin du château de Chailly, Takashi Kinoshita du château de Courban et Guillaume Royer de l’Abbaye de La Bussière. Des tuteurs à la mesure du rayonnement de la Côte–d’Or… Actuel et futur.
ROSSELINI A L’HONNEUR
Les amoureux dijonnais de Roberto Rosselini vont être gâtés : l’Eldorado propose, du 18 au 26 octobre, une rétrospective captivante de la filmographie du réalisateur italien. Qui suivra l’ordre chronologique des naissances de ses chefs-d’œuvre…En commençant par la trilogie « des villes en ruines » : « Rome, ville ouverte » (1945), « Païsa » (1946), « Allemagne, année zéro » (1948) Où les moments de libération dans une Europe dévastée sont captés avec un souci méticuleux de la fidélité au réel et de la documentation. En signant l’avènement du néoréalisme italien… Avec, par les décors naturels, le recours parfois à des acteurs non-professionnels, la pluralité des points de vue, une ouverture vers la modernité. Une direction amplement confirmée par les quatre films programmés ensuite : « L’Amore » (1948), « Stromboli » (1950), « Voyage en Italie » (1954), « La peur » (1954), centrés sur les crises du couple, vues au travers du regard féminin. Sans oublier la projection d’œuvres moins connues, comme « La machine à tuer les méchants » (1952) où apparaît un Rosselini qui s’essaie à la veine burlesque, le film peignant le combat entre le Bien et le Mal dans une Italie surprise par l’arrivée de la Culture de masse.
EIFFEL DANS LA LUMIERE
Si ses grandes œuvres sont à Paris pour la Tour qui porte son nom ou en Auvergne pour le viaduc de Garabit, à Bordeaux pour l’un de ses plus grands ponts ou à New York pour l’ossature de la Statue de la Liberté, Gustave Eiffel est avant tout un Dijonnais. Il a vu le jour au Port du canal, fréquenté le Collège royal, futur lycée Marcelle- Pardé, passé ses dix-huit premières années dans sa ville de naissance. Est même revenu s’y marier en 1862… Au moment où les projecteurs nationaux vont se porter sur le constructeur avec la sortie du film « Eiffel » de Martin Bourboulon, les membres de l’association « Eiffel né à Dijon » mettent les bouchées doubles pour rappeler ce lien de l’homme célèbre avec la Cité des Ducs… Avec d’abord l’exposition « Le Dijonnais Gustave Eiffel » présentée le week-end dernier. Et, surtout, le spectacle que donna Alexandre Delimoges aux Feuillants : « Gustave Eiffel en fer et contre tous… » Nous plongeant avec humour dans la vie de l’ingénieur hors-normes, visionnaire. Du génie qui incarna une part de la Révolution industrielle.
BIBRACTE VA DE L’AVANT
Ne quittons pas Gustave Eiffel puisque Bibracte vient d’être lauréat d’un trophée portant son nom. Une distinction remportée dans la catégorie « architecture et ingénierie » pour récompenser la couverture de 1400 m2 de fouilles archéologiques. Une belle réussite technique car il s’est agi de couvrir la totalité de la surface d’une maison romaine dès le début de sa fouille. Tout en permettant simultanément le travail des archéologues et l’accueil des visiteurs. Avec l’impossibilité, afin de ne pas affecter les vestiges enfouis, de réaliser la moindre fondation, une absence compensée par une série de lests reliés harmonieusement à la toiture de dimensions impressionnantes. Bibracte ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là : une extension d’un abri datant de 2008 sera livrée en 2022. Etape capitale dans le développement du site, elle aidera à la reprise de la fouille de l’édifice public que l’on identifie au forum de la ville antique. Et à l’un des plus anciens exemples de construction romaine en Gaule. Sans compter la volonté de porter à son terme le chantier de mise à niveau des équipements du musée en 2023…
LES GALERIES LAFAYETTE AIDENT « LE TREFLE »
En décidant de parrainer l’association « Le Trèfle à 4 clowns » qui apporte une ou deux fois par semaine du réconfort aux enfants hospitalisés au CHU, les Galeries Lafayette de Dijon font une bonne action. Commandée par la volonté de soutenir une intervention dont on devine l’importance auprès des jeunes patients et, pour une entité économique importante, l’idée de jouer tout son rôle dans l’accompagnement des initiatives locales. Les aides apportées se font grâce au système de « l’arrondi en caisse » mis en place par le grand magasin depuis quelques années. Qui consiste à proposer aux clients d’arrondir le montant de leurs achats à l’euro supérieur. Quant aux sommes ainsi récoltées, elles sont intégralement reversées à l’acteur sélectionné… « Le Trèfle à 4 clowns » va donc pouvoir faire face à ses besoins plus facilement. Ses membres, bénévoles, déguisés en clowns, passent, par équipes de deux, de chambre en chambre dans les services de l’Hôpital d’enfants. A raison d’une ou deux fois par semaine… Pour improviser, selon leur inspiration, grimaces, blagues, sketchs, saynètes. Avec beaucoup d’amusement et de plaisir du côté des jeunes spectateurs… Ces interventions demandent bien entendu un matériel spécifique et une formation adéquate. Autant dire que le soutien des Galeries Lafayette va vite devenir vital. Surtout pour les enfants malades…
THEÂTRE IMMERSIF
Du palais des Ducs au château de Santenay… Les 30 et 31 octobre prochains, se tiendront au château Philippe le Hardi à Santenay deux représentations de théâtre immersif. Avec pour titre : « Le diamant noir ». Et une expérience unique autant que déconcertante pour les spectateurs immergés dans une histoire d’amour tragique. Celle des amants maudits Roméo et Juliette, mêlée à celle, réelle, de la famille de Drée, vécue dans les murs du château au début du XXe siècle. Munis d’un masque, vous serez les témoins anonymes et indiscrets de saynètes sans paroles captées sur le vif, au plus proche des personnages. Tout en étant, si on a de la chance, convié par l’un d’eux à vivre un moment inattendu avec lui. Intérêt et émotion garantis dans un lieu d’une autre époque teinté d’une inquiétante étrangeté… Où vous pourrez déambuler à votre guise. (sur réservation/ 06 37 13 37 18)
LETTRE… FERMÉE
Bernard Depierre, ancien député, a tenu à publier cette lettre… ouverte :
« C’est devenu une fâcheuse habitude du service du Courrier, il n’y a plus de distribution du courrier le samedi dans de nombreux quartiers et notamment au centre-ville de Dijon. Cela est particulièrement perturbant pour ceux qui, comme moi, reçoivent la presse nationale par courrier. Quand on retrouve ses journaux du samedi le lundi, cela a perdu tout son intérêt. C’est en fait une double peine car beaucoup achètent leurs journaux alors qu’ils les ont déjà payés avec leur abonnement. Les services de La Poste et du Courrier devraient s’interroger sur les causes de leurs difficultés financières notamment, car nos concitoyens vont de plus en plus faire appel à des services privés concurrents ou à des abonnements informatiques ».