Volume d’activités très important, rareté des biens à vendre… le point sur la situation.
Dijon l’hebdo : Quels sont les grandes tendances de l’immobilier depuis le début de l’année sur la métropole dijonnaise ?
Me Guillaume Lorisson, président de la Chambre des notaires de Côte-d’Or : « Ce qu’il faut déjà mettre en avant, c’est le très très fort volume d’activités. L’année dernière, le Covid a stoppé pendant deux mois une dynamique immobilière déjà très forte. Nous avons repris le 13 mai 2020 avec une certaine inquiétude mais l’activité a redémarré comme si rien ne s’était passé. Comme s’il ne s’était pas écoulé plus d’un week end. Du coup, en fin d’année, malgré un deuxième confinement, le volume d’activités globales n’avait pas perdu plus de 5 % par rapport à 2019. On aurait pu imaginer une forme d’essoufflement au début de l’année 2021, cela n’a pas été le cas. L’élan s’est poursuivi. On reste sur un volume d’activités extrêmement élevé et qui a pour conséquence une pénurie de biens à la vente. L’appétence des ménages pour l’acquisition immobilière reste très forte. Ce qui est logique dans la mesure où les taux d’intérêt sont très bas mais aussi avec cette épargne réalisée pendant la période du Covid. Et puis les craintes liées aux périodes difficiles montrent que les Français ont toujours eu, en sortie de crise, ce réflexe d’orienter leur épargne vers des valeurs sûres. Et l’immobilier en est une ».
DLH : La rareté des biens engendre également une hausse des prix…
G. L : « C’est un effet mécanique et économique bien connu. Cela sous-entend une accélération de la hausse des prix. Depuis plusieurs années, nous constations un bon volume d’activités avec une hausse des prix maîtrisée. Mais là, nous commençons à avoir des prix élevés dans l’agglomération dijonnaise ».
DLH : Pensez-vous que c’est une situation qui va s’installer dans le temps ?
G. L : « L’immobilier est extrêmement dépendant du financement des banques. Tout va dépendre de leur attitude. Aujourd’hui, la politique de taux bas au niveau des états et de la Banque centrale européenne accompagne les banques qui se retrouvent avec des sommes importantes à mettre sur le marché. Visiblement, les banques semblent toujours disposées à accompagner les ménages. On peut espérer que la vie va reprendre un cours normal dans les mois qui viennent et cette frénésie de projets immobiliers marquera forcément le pas ».
DLH : Pas de risques particuliers donc de voir les taux augmenter ?
G. L : « Je ne suis pas un économiste de premier plan mais je ne vois pas de signaux particuliers qui laisseraient penser une remontée significative des taux ».
DLH : On perçoit néanmoins depuis quelques mois une augmentation des refus de prêts. Faut-il l’attribuer aux restrictions de crédit ou à la crise sanitaire ?
G. L : « Il faut reconnaître que les refus de prêts restent pour l’instant relativement marginaux. En fait, la question des refus de prêts est apparue bien avant la crise sanitaire. Fin 2019, les banques qui sortaient déjà d’un cycle relativement long de taux bas, avaient la volonté de remonter légèrement les taux pour éviter des mécanismes inflationnistes. Cela avait abouti au blocage d’un certain nombre de dossiers. L’arrivée de la crise a coupé les banques dans leur élan puisqu’à nouveau il a été décidé de maintenir des taux très bas. Après, les banques sont tout de même prudentes et cela a toujours été le cas en France. Et c’est plutôt un signe de bonne santé de notre système bancaire que d’être critique sur les projets immobiliers et de ne pas prêter sur le bien mais sur les capacités de remboursement. Si aujourd’hui les effets de la crise économique ont été largement compensés par la politique gouvernementale du « quoiqu’il en coûte », il est probable qu’un certain nombre d’entreprises vont quand même se retrouver en position de fragilité entraînant des menaces sur l’emploi. Il est clair que les banques observent ces situations avec beaucoup de prudence avant l’octroi de financements ».
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre