Denis Favier : « La CAMF dans la cour des grands ! »

En tant que vice-président de l’association des Commerçants et Artisans des Métropoles de France (CAMF), Denis Favier, à la tête de Shop In Dijon, est autour de la table (distanciellement parlant) des négociations avec le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Et il vient d’obtenir une « victoire » pour le problème des surplus de stock pour certains secteurs.

Dijon l’Hebdo : Vous devez vous féliciter des annonces du gouvernement fixant un cap pour la réouverture des différents types de commerces qui étaient jugés « non essentiels… »

Denis Favier : « Nous avons déjà bien avancé dans la saison donc les commerces ont besoin d’ouvrir pour liquider les stocks quels qu’ils soient, que ce soit de l’habillement, de la maroquinerie, de la décoration, etc. Il y a de l’argent immobilisé et il faut faire rentrer de la trésorerie. Ajoutons à cela que la Fête des Mères approche… Etant au cœur de la saison printemps-été 2021, il y a un vrai besoin d’ouvrir. Cependant ouvrir c’est bien mais encore faut-il que ce soit sur une longue durée ! Les chiffres de l’ARS, le nombre d’hospitalisations, de cas Covid me font tout de même un petit peu peur. J’espère que la décision est réfléchie et que ce n’est pas une décision électorale ».

DLH : Expliquez-nous comment se déroulent les discussions régulières avec le ministre de l’Economie et des Finances ?

D. F : « Nous sommes une jeune association qui n’a que deux ans mais qui intervient dans la cour des grands. Le président bordelais de la CAMF est très pris par son propre commerce donc c’est plutôt moi qui suis le porte-parole dans les différentes réunions avec Bercy. Participent notamment Geoffroy Roux de Bézieux, au titre du Medef, François Asselin pour la CPME ou encore Pierre Goguet, le président de CCI France. Nous avons en général avec Bruno Lemaire des réunions téléphoniques. C’est très protocolaire et j’interviens en 7e ou 8e position. J’essaye de ne pas faire de redondance à tout ce qui est dit précédemment et je porte au nom de la CAMF certains dossiers. C’est comme cela que, depuis fin octobre, je tanne le ministre de l’Economie sur le problème des surplus de stock. Il était évident qu’avec le confinement puis le couvre-feu – sans omettre la fermeture des centres commerciaux – nous allions avoir dans certains secteurs d’activité ce problème à la fin des soldes. Cela n’a pas manqué ».

DLH : Quelle a été la position de Bercy sur cette difficulté ?

D. F : « Bruno Lemaire a fini par me répondre. « Je le sais M. Favier, c’est dans les tiroirs de la DGE (direction générale des entreprises). C’est un sujet primordial, vous avez raison ». Ne voyant rien venir, nous sommes revenus à la charge et Bercy nous a dit qu’il fallait que nous nous réunissions afin de trouver des solutions. Nous avons fait différentes propositions et ils ont fini par nous répondre que cela allait être trop compliqué et qu’ils allaient s’orienter vers du cas par cas, qu’ils n’avaient pas les ressources humaines au sein de la DGFIP. Et qu’il fallait prendre une décision qui vient de m’être confirmée. Aucune case n’est à remplir au mois de mai pour faire cette demande. Cela va être systématique dans les domaines de l’habillement, de la maroquinerie, de la chaussure et des articles de sport ».

DLH : Concrètement, quel niveau atteindra cette aide ?

D. F : « Le mode de calcul est le suivant : 80% du fonds de solidarité qui était en place au moins de novembre pour ce genre de commerce qui, à l’époque, pouvait avoir jusqu’à 10 000 €. Les 20% du chiffre d’affaires, plafonnés à 200 000 €, ne sont apparus qu’au mois d’avril pour tout type de commerce. Ils ont estimé que ce type de commerce a touché environ 8 000 € en novembre, dont ils sont partis sur une aide de 80% de cette somme, soit un peu plus de 6 000 €. Même si nous n’avons pas obtenu ce que l’on souhaitait totalement, c’est une première victoire remportée par la CAMF ! »

Propos recueillis par Camille Gablo