« Then, what are we fighting for ? »
Rassurez-vous, nous ne nous sommes pas mis à la langue anglaise. Mais c’est avec une formule de Winston Churchill que nous avons décidé de titrer cet article. Histoire de montrer qu’à travers notre magazine Dijon Tendances nous avons décidé de nous battre pour la culture… qui continue de subir les dommages collatéraux de la guerre contre le Covid.
Alors que le combat contre le IIIe Reich battait son plein, des députés de la Chambre des Communes exigèrent que soit supprimé le budget britannique consacré à la culture. Le « vieux lion » Winston Churchill, aussi célèbre pour son sens de la répartie que pour son cigare, rugit et leur rétorqua une formule fumante dont il avait le secret : « Then, what are we fighting for ? » Dans la langue de Victor Hugo, cela donne : « Alors, pourquoi nous battons-nous ? » Pour le politique-écrivain – nobélisé plus tard pour l’ensemble de ses écrits – mais également peintre, la culture était indissociable de la civilisation… et il n’entendait pas la brûler sur l’autel du conflit planétaire.
Alors que la sémantique guerrière est de rigueur dans l’Hexagone depuis plus d’un an maintenant – le président de la République n’en a-t-il pas encore appelé le 31 mars à « la mobilisation générale » – et que les acteurs culturels, victimes des mesures sanitaires, n’en sont toujours pas à panser leurs plaies, Dijon l’Hebdo a décidé de s’inscrire, à son humble niveau s’entend, dans les pas de Winston Churchill. Dans le magazine de printemps Dijon tendances que vous pourrez découvrir dès le 8 avril (1), nous avons, en effet, décidé d’offrir nombre de pages à des artistes dijonnais. Une façon de leur conférer de la visibilité alors qu’ils ne peuvent toujours pas présenter leur travail au grand jour, les lieux d’exposition étant encore fermés au public… Dans la droite ligne de l’opération « Oeuvres en vitrine », imaginée par Olga Gay, peintre dijonnaise, qui a eu l’idée (lumineuse) de demander aux propriétaires de commerces vacants d’exposer des œuvres sur leurs vitrines. « On n’avait pas d’autres choix que de s’adapter à cette crise. L’idée m’est venue d’exploiter toutes ces surfaces perdues, toutes ces vitrines vidées de leur substance. Cela permet de mettre de la couleur dans cette grisaille et de remettre de la vie dans la ville ».
La psalmodie culturelle…
La municipalité de Dijon, par le biais des adjointes Nadjoua Belhadef et Christine Martin, a tout de suite adhéré à ce projet afin de « faire un trait d’union entre l’art et le commerce » mais aussi « de jalonner Dijon avec des parcours artistiques suscitant un peu de bonheur et de détente dans un monde où l’arrêt est de rigueur pour tout ce qui concerne la joie de vivre ».
Vous retrouverez ainsi cette nouvelle forme de « l’art de rue » dans Dijon Tendances où nous plaçons les projecteur sur quatre artistes à l’univers différents. Olga Gay bien sûr – nous nous devions tout de même de rendre à César… – qui n’apprécie rien moins que transmettre sa façon de voir les choses et d’interpeller le public (sa Marianne bâillonnée avec un foulard bleu-blanc-rouge est juste superbe !) ; Ramya Chuon dont le bestiaire réalisé à l’encre brune fabriquée à base de brou de noix et d’eau est tout simplement magique ; Skima, dont la patte et son univers hyperréaliste animal sont dorénavant bien connus. Sans omettre un certain… Yves Jamait qui, il faut le savoir, abandonne parfois son micro pour le pinceau. Et sa mélodie picturale – notamment ses clowns – vous fera, n’en doutons pas, autant chavirer que ses chansons…
A travers ses artistes dijonnais par excellence, c’est toute la culture, psalmodiée depuis de trop nombreux mois, que nous voulons chanter. En attendant que tous les acteurs culturels puissent réellement redonner de la voix. Pour certain d’entre eux, eu égard à la récente annonce du président de la République, cela pourrait être « dès la mi-mai ». Mais encore faudra-il que l’effet « tenaille » opéré par l’accélération de la vaccination et la « mobilisation générale » d’avril fonctionne… Nous ne pouvions conclure cet article sans une nouvelle citation de Churchill, celui-là même qui déclarait : « Ce n’est que quand il fait nuit que les étoiles brillent ! » Avec Dijon Tendances, en pleine nuit du Covid, nous avons souhaité faire briller les étoiles culturelles !
Camille Gablo
(1) Notre magazine Dijon Tendances printemps sera distribué gratuitement sur la métropole à partir du 8 avril. Vous pourrez également le retrouver dans sa version numérique sur notre site www.dijonlhebdo.fr