Le début de la campagne de vaccination dans l’Hexagone, qui a été la risée de nombre d’autres pays, a piqué ! Devant la lenteur des premiers chiffres, nombre d’élus locaux se sont mobilisés et ont proposé leurs services à l’Agence régionale de santé. Et ce, afin d’injecter une bonne dose d’accélération dans cette campagne dont nous nous souviendrons longtemps des atermoiements du lancement…
Alain Salmon (92 ans), Daniel Edouard (80 ans) et le professeur de gériatrie Pierre Jouanny… l’histoire retiendra qu’après Mauricette (78 ans) à l’hôpital René-Muret de Sevran en Seine-Saint-Denis, les premiers bénéficiaires du vaccin développé par l’américain Pfizer et l’allemand BioNTech l’ont été à Dijon. Au centre Champmaillot, plus précisément, un service spécialisé de 60 lits pour des personnes de grand âge dépendant du CHU…
C’était le 27 décembre dernier et une véritable lueur d’espoir apparaissait dans le ciel assombri depuis le mois de mars dernier par la Covid-19… six jours après que l’Union européenne donna son feu vert à ce vaccin.
Seulement voilà, devant la lenteur de l’augmentation de la courbe des personnes vaccinées dans l’Hexagone – en comparaison de celles notamment de nos voisins européens –, la lumière ne fut pas d’une forte intensité au début de la campagne de vaccination. Nous pouvons même dire qu’elle vacilla… Si bien que nombre de voix s’élevèrent. Citons, par exemple, le généticien Axel Kahn, président de la Ligue nationale contre le cancer, dont le coup de gueule, intitulé « autopsie d’un désastre », fit grand bruit… Celui-ci conclut même sa tribune par une locution latine… éclairante : « Errare humanum est sed perseverare diabolicum ! » L’erreur est humaine mais persévérer dans l’erreur est diabolique !
Un message destiné au gouvernement et à l’Agence nationale de santé afin que ceux-ci changent de braquet… et que la France ne reste pas lanterne rouge dans le domaine et retrouve rapidement une place digne de son statut et de ses infrastructures dans le peloton des pays où la vaccination doit battre son plein.
Localement, nombre d’élus sont intervenus, expliquant qu’ils pouvaient mettre à disposition des moyens ainsi que des salles pour doper le mouvement. Sur les réseaux sociaux, le maire de Chevigny-Saint-Sauveur, Guillaume Ruet, fut le premier d’entre eux (voir ci-dessous). Le maire et président de Dijon métropole, François Rebsamen, est aussi monté au créneau : « Outre la vaccination de tous les personnels soignants et des personnes les plus fragiles accueillies dans les Ehpad, il me semble essentiel que tous les majeurs volontaires puissent se faire vacciner le plus rapidement possible. La lenteur du démarrage et la complexité administrative, loin de rassurer, suscitent une grande incompréhension qui doit être levée au plus vite. Si l’on veut convaincre les Français dont la confiance s’érode, il faut agir, et vite ! ».
L’union fait la force
Et l’ancien ministre du Travail de proposer le 4 janvier à l’Agence régionale de santé « la possibilité de mettre immédiatement à disposition des locaux, tels le Zénith, la salle Devosge ou le palais des sports, pour l’organisation de centres de vaccination de masse de la population ». Le même jour, à l’issue de la réunion de la cellule opérationnelle, le président du conseil départemental, François Sauvadet, expliqua, lui aussi, avoir offert « l’assistance et les moyens du Département afin de faciliter la vaccination sur la Côte-d’Or ».
Non sans remettre au goût du jour la formule d’Esope, l’union fait la force : « C’est ensemble, État, Département, Communes et Établissements accueillant les personnes âgées et handicapées, que nous pouvons réussir l’opération complexe de la vaccination ! » Ludovic Rochette, président de l’Association des maires de la Côte-d’Or, communiqua également : « L’AMF21 est aux côtés des communes pour proposer aux professionnels de santé des lieux adaptés pour qu’ils puissent réaliser les vaccinations au plus près des besoins. De nombreux élus issus des différents territoires de notre Département ont déjà fait part de leur volonté de participer. Afin que la vaccination contre la Covid-19 soit un succès, il faut que celle-ci soit massive mais surtout organisée sur un délai très court ! »
Beaucoup d’édiles du territoire se sont ainsi mobilisés pour que le nombre de personnes vaccinées soit rapidement exponentiel et que l’on quitte « le rythme de promenade de famille qui n’était ni à la hauteur du moment ni des Français », selon une formule attribuée par le Journal du Dimanche au président de la République Emmanuel Macron.
Depuis, des centres de vaccination ont vu le jour – les deux premiers ont été implantés à Brazey-en-Plaine et à Saint-Apollinaire. Et ce, afin qu’en plus des EHPAD, la campagne de vaccination s’étende aux personnels de santé, aux pompiers et aux aides à domicile de plus de 50 ans ou présentant des facteurs à risque… Si bien que la barre des 100 000 personnes vaccinées devait être dépassée le dimanche 10 janvier. Et l’arrivée des premières doses du vaccin développé par le laboratoire américain Moderna, dans les territoires où le taux d’incidence est le plus fort, devrait, selon le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, « accélérer les choses… » Notamment dans les territoires – la Côte-d’Or en fait désormais partie – où l’épée de Damoclès du couvre-feu dès 18 heures est tombée ! Mais ceci est un autre sujet… tout aussi brûlant au demeurant que les atermoiements du début de la campagne de vaccination !
Camille Gablo