Noël au balcon
J’ai écouté un matin récent le député républicain Eric Woerth – un cacique du Palais Bourbon – qualifier cette nouvelle vague dite de reconfinement de « vague à l’âme ». Et de rappeler que l’épisode 1 du printemps avait suscité dans les villes l’émergence sur les balcons de mini-mini-concerts, de sketchs ainsi que l’hommage aux soignants le soir à 20 heures. Hommage soutenu là aussi par des flashs de créativité, telles que les nombreuses chorales constituées entre voisins d’un balcon à l’autre ou – pour les plus chanceux – d’un jardin à l’autre. C’était, j’en conviens, une forte belle pastorale vespérale. Woerth concluait qu’aujourd’hui il n’observait rien de tel : seule une vaste chape de fatalisme semblait plomber notre nation. J’ose un avis différent. Certes, les choses sont plus softs, mais je note le courage de plusieurs commerçants ou enseignes de Dijon qui affichent leur croyance indéfectible au Père Noël en dépit du contexte covidien: le magasin Mahasia offre au regard une féerique vitrine. Bravo, on se croirait dans un dessin animé du meilleur Dysneyland ! La magie des Fêtes de fin d’année court ainsi de rue en rue ou d’une place à l’autre de la cité. En témoignent les superbes étalages des Galeries Lafayette, de Mob, de Bouchara, de Monoprix, de nombreux chocolatiers et des rares libraires qui nous restent…
C comme courage et click and collect
Voilà la formule mise au point par de très nombreux commerçants qui continuent à nous achalander, alors que le Gouvernement maintient leur fermeture. Pour les représentants du commerce de détail, monter un site Internet afin de permettre aux clients d’accéder au Click and Collect est un investissement coûteux : entre 300 et 500 €, voire plus… Monter la phase N°2 de l’opération n’est pas forcément aisée : il convient de disposer d’une ou deux personnes pour tenir un mini-comptoir qui ouvre sur la rue, permettant ainsi à la clientèle de venir chercher les commandes faites par téléphone ou via numérique…
Je trouve émouvant cet effort réalisé par une majorité de petits commerçants qui refusent de plier sous le joug du coronavirus et tentent un geste pour la survie de leurs activités. Je souhaite que bon nombre de Dijonnais soient sensibles à la volonté affichée par les commerces de détail de proximité de ne pas s’abandonner à la détresse et de faire preuve d’une résistance que je qualifie de vaillante. Il serait bon d’y penser avant d’aller galoper à bride abattue sur Amazon and co.
60°
En voilà une bonne nouvelle tombée ce 11 novembre dernier. Comme quoi l’Armistice – quelle que soit la guerre en cours, y compris l’actuel combat contre la Covid bataillon 19 – a la peau dure : le masque chirurgical serait lavable en machine à 60° selon une enquête de « Que choisir ». Je vais me mettre derechef en mode Coluche, démarrer une lessive desdits masques que je m’apprêtais à mettre à la poubelle avec une « poudre qui lave plus blanc que blanc » et cloue le bec au virus en «l’enfermant dans un nœud anti-redéposition ». Je vous tiens au courant à l’occasion afin de vous indiquer si cette opération blanchiment est probante, ainsi que la somme d’argent qu’elle m’a permis d’économiser.
Angelus
L’heure a beau ne pas être aux réjouissances, le confinement et donc une moindre circulation automobile nous permettent d’entendre le carillon de Saint-Bénigne, et les horloges de plusieurs bâtiments du centre-ville. Un rien de spiritualité ou de méditation sur cette autre « musique » de Dijon ne peut pas faire de mal… Ecouter la ronde des heures en marchant permet de s’échapper en pensée sur une note de carillon et d’apprécier la beauté de la cité. Un mot sur le respect dû au travail des équipes de nettoyage des rues, des jardins publics : jeter les masques n’importe où relève d’une inconséquence lourde de conséquence pour la santé des agents municipaux.
Souvenir, souvenir…
Commémorons, commémorons ! En reste-il quelque chose ? Ce mois de novembre qui vit la célébration du plus que centenaire de la guerre effroyable de 14-18, le cinquantenaire de Charles de Gaulle ainsi que l’entrée au Panthéon de l’écrivain Maurice Genevoix – quasi inconnu de nos jours chez les lycéens – m’incite à poser la question suivante : à évoquer sans cesse les héros de la France de jadis, le chef de l’Etat ne risque t-il pas de donner à penser que c’est dans les leçons à tirer de notre passé que l’on peut voir se dessiner notre avenir ? Etablir ainsi des ponts avec le combat que nous tentons de livrer au Coronavirus me semble hors de propos. Souvenir, souvenir… Une chanson, un éternel refrain ! Tout est aujourd’hui différent : le don de soi, l’amour de la patrie jusqu’à la mort, le culte du héros ne sont plus des références, à quelques exceptions près. Surtout quand toute une société trouve sa finalité absolue dans une religion du « sanitarisme » à tout crin où l’on fait tenir à notre Castex national le rôle du dieu Esculape…
Faux éclaireur
A ce sujet, encore une réflexion : il est de bon temps chez certains penseurs dont Robert Rederer de crier par-dessus les toits que l’Exécutif impose l’actuel confinement pour le plus grand dommage des générations montantes et pour le seul profit des « vieux » ou des résidents des Ehpads. Voilà ce qu’il écrit: « L’on ordonne aux générations actives une série de sacrifices ; celui de la vitalité (l’économie, le sport, les spectacles, les rencontres entre amis, le lèche-vitrines, la flânerie dans les rues), celui de la prospérité, celui de l’humanité (les relations sociales qu’il faudrait réduire au minimum), celui de la famille, sans oublier ceux des voyages, de la créativité, des cafés et des restaurants, des libertés les plus élémentaires (jusqu’à imposer l’obligation grotesque de remplir une autorisation pour « prendre l’air une heure par jour »). Les parents devenus grands-parents, bien que n’ayant plus d’avenir devant eux, n’entendent plus se sacrifier pour leurs enfants ; au contraire, ils exigent que les enfants et la vie humaine se sacrifient pour eux ». Fin de citation. Désigner ainsi des ennemis de l’intérieur me semble gravissime : c’est sans fondement et propre à fissurer davantage ce qu’il est convenu d’appeler « le ciment social ». L’argumentaire de Robert Roderer a beau faire du bruit dans les salons « tendance », il n’en fait pas un phare de la pensée. Je me permets de voir en lui un faux éclaireur…
Boussoles de vie
Je me plais à m’arrêter devant les panneaux d’images assortis de textes qui s’affichent sur les grilles du Jardin Darcy. Récemment, ces photos venues du monde entier offraient au regard du Dijonnais de base les exemples de femmes ou d’hommes qui se battent au jour le jour pour leur survie, celle de leur famille ou de leur petit bout de terroir. Tous m’ont paru être des repères essentiels, des « boussoles » vitales par les temps qui courent on ne sait plus trop vers qui, vers quoi…