Benjamin Noirot : « Il faut amener de la confiance ! »

Une cape avec l’Equipe de France, deux titres de champion de France, un titre de champion d’Europe… d’aucuns connaissent le grand talonneur que fut Benjamin Noirot. Ils vont apprendre à le découvrir comme entraîneur puisque c’est à cet ancien jeune du Stade Dijonnais que le club de la capitale régionale a confié les rênes de l’équipe première. Et ce, afin que le Stade connaisse enfin les joies d’une première victoire en Nationale…

 

Dijon l’Hebdo : Vous avez soulevé deux fois le Bouclier de Brennus avec deux clubs différents : Biarritz et le RC Toulon. Vous avez été champion d’Europe avec les Rouge et Noir de Bernard Laporte. Comme entraîneur, vous avez remporté le challenge Yves-du-Manoir avec l’AS Mâcon. C’est cette culture de la gagne que vous espérez transmettre aux joueurs du Stade dijonnais ?

Benjamin Noirot : « Les joueurs l’ont déjà cette culture de la gagne sinon ils ne seraient pas en Nationale et il ne ferait pas de ce sport leur métier. Lorsque l’on est professionnel, on veut toujours gagner, on est toujours compétiteur, on se remet toujours en question, on est exigeant, on est rigoureux. C’est tout ce qu’il faut avoir dans son sac pour être performant chaque week-end ».

DLH : Vous avez effectué plus de 250 matches en Top 14 ou en Pro D2, une quarantaine en coupe d’Europe. Votre carrière, qui a été jalonnée de magnifiques succès, a été marquée par les plus beaux titres. Ce sont vos meilleurs souvenirs ?

B. N : « Ce sont des belles années parce que votre métier est votre passion et parce que l’on fait de très belles rencontres. Les titres sont importants, c’est vrai, mais le plus marquant, ce sont les rencontres humaines, c’est ce que l’on partage avec les personnes que l’on croise. J’ai coutume de dire que, dans la vie, les deux plus belles richesses sont les rencontres humaines et les voyages culturels. Mais sachez qu’il n’est pas évident d’être sportif de haut niveau. Et, dans toute ma carrière de joueur, le plus dur c’était l’injustice. C’est quelque chose que je n’aime pas ! Ce n’est également pas toujours évident parce que, si vous êtes un gros de la poule, il faut gagner tous les week-ends pour remporter le titre et quand vous êtes en bas il faut faire de même pour se maintenir ! Lorsque l’on doit faire face à des difficultés, il faut arriver à les surmonter. Ayant vécu tout cela, je sais les difficultés que peuvent ressentir certains joueurs. Je prône, pour ma part, la transparence : les choses sont dites. Cela peut être brutal pour certains mais il y a en tout cas de la vérité. C’est ce que je défends parce que cela permet d’avancer… Chez tous les sportifs de haut niveau, il y a cette remise en question, cette gestion du stress. Ce sont des choses qui sont innées chez nous. Pour preuve, beaucoup d’entreprises puisent dans ce réservoir afin de bénéficier des acquis pour travailler car elles savent que, face aux difficultés, il y aura des réponses, des clefs pour traverser une période difficile ».

DLH : Quelle différence majeure faites-vous entre le joueur que vous avez été et l’entraîneur que vous êtes devenu ?

B. N : « Lorsque l’on est joueur, on n’est focus que sur soi-même. Lorsque l’on est entraîneur, on se doit d’être focus sur tous les joueurs, sur le staff, sur le club et sur soi aussi. Mais c’est quelque chose de plaisant… Et il existe une véritable identité à Dijon qui est une terre de rugby. Je l’ai vécu étant donné que j’ai joué au Stade avec, notamment, une finale Gaudermen en cadets, une finale Crabos en juniors B ».

DLH : Le Stade dijonnais a débuté la Nationale avec 4 défaites, même s’il s’en est fallu parfois de peu pour que le résultat soit tout autre : cela s’est par exemple joué à une mêlée près contre Bourgoin-Jallieu. Comment allez-vous faire pour que ce groupe goûte enfin aux joies de la victoire ?

B. N : « Il faut apporter de la confiance, amener de l’éclaircissement, des explications et puis travailler ensemble, faire les choses ensemble. Il faut être plus rigoureux, plus exigeants et travailler mieux pour avoir des résultats. J’ai pleinement confiance dans le staff. D’ailleurs, je ne dis jamais je mais nous. Sans eux, je n’existerais pas et inversement… »

DLH : Cette poule Nationale, avec les grands noms qui la composent et qui font que chaque week-end s’apparente à un véritable combat, représente un marche pied de taille vers la Pro D2. Affronter entre autres Narbonne, Dax, Bourgoin, cela doit être particulièrement motivant…

B. N : « En effet, c’est une vraie préparation pour la Pro D2. Avec la Nationale, il faut cravacher tous les week-ends. La pression est constante. Le club travaille bien, autant l’administratif, les bureaux, la communication… Nous avons le soutien des partenaires qui sont toujours présents. Les élus et la Ville sont également à nos côtés. Je n’oublie pas non plus tous les bénévoles qui participent à cette identité et qui nous aident beaucoup. Il y a tout à Dijon pour que le club évolue encore ! »

DLH : Revenir sur ses terres – vous êtes passé par le Stade Dijonnais lorsque vous étiez jeune – en tant qu’entraîneur de l’équipe représente un challenge de taille mais doit être aussi une expérience rare…

B. N : « Cela fait 20 ans que je n’habitais plus ici. C’est quelque chose de fort. J’y ai ma famille, je connais beaucoup de monde. Je n’ai pas envie de décevoir les personnes qui m’entourent. Cela fait une motivation extra sec, selon le terme usité ! Il faut que toute la ville soit fière de ce club… »

DLH : Vous êtes, si nos informations sont exactes, un grand amateur de vins. Vous avez achevé votre carrière à Fleurance dans le Gers où il était plutôt question du Madiran. Là vous revenez dans en Bourgogne connue dans le monde entier pour ses crus. C’est un plaisir supplémentaire…

B. N : « Je suis, c’est vrai, un passionné de vins. Il y a du bon et partout. Dans le Gers, il y a aussi du Saint-Mont, du Perrusquet mais aussi de l’Armagnac. Je compare souvent le vin à un livre. Ce que j’aime, c’est surtout ne pas lire toujours la même histoire. J’aime bien découvrir des choses et apprendre beaucoup de choses… »

Camille Gablo