Frédéric Imbert : « L’envie d’avancer ensemble »

La communauté de communes Norge et Tille, présidée par Ludovic Rochette, qui, au demeurant, est à la tête de l’Association des maires de la Côte-d’Or, est en train d’écrire son avenir et celui de ses habitants. Elle réfléchit à un véritable projet de territoire. Ce projet d’envergure est placé sous la responsabilité de Frédéric Imbert, maire de Clénay. Celui-ci nous détaille les enjeux…

Dijon l’Hebdo : Comment a germé l’idée d’un projet de territoire pour votre communauté de communes ?

Frédéric Imbert : « Avant toute chose, il faut revenir à la genèse de notre communauté de communes qui est le résultat de la fusion du Val de Norge et Plaine des Tilles. Nous avons, en premier lieu, appris à travailler ensemble mais aussi à gérer l’ensemble des problématiques de transfert, parce que nous n’avions pas forcément les mêmes compétences. Cela a été très bien fait dans le sens où nous avons une excellente entente entre les maires et les communes du territoire. Une véritable envie de travailler ensemble – c’est pour moi un préalable – a également émergé. Je n’oublie pas non plus une situation financière très saine… Les bases ont été construites et c’était impératif, ce qui n’est pas toujours le cas lorsque l’on regarde la situation dans d’autres collectivités, où la fusion a pu générer des tensions. Cela n’a rien à voir avec la chance, en ce qui nous concerne, mais au travail effectué par le président Ludovic Rochette et l’ensemble des maires afin qu’il y ait un consensus et l’envie d’avancer ensemble… »

 

DLH : Les fondations étant dorénavant derrière vous, vous avez donc décidé de construire un véritable projet pour tous…

F. I : « A partir de cette fusion réussie, se pose la question des perspectives et de la vision que l’on a de notre territoire. Et ce, sachant que ce territoire est particulier puisque nous sommes en périphérie de la métropole de Dijon tout en étant une EPCI (établissement public de coopération intercommunale) indépendante. Les enjeux sont importants autour de la mobilité, du développement économique, des services rendus à la population, de l’enfance-jeunesse, des loisirs… mais aussi autour des atouts dont on dispose à l’instar, par exemple, de la base d’Arc-sur-Tille, qui est une véritable richesse aujourd’hui pas encore assez valorisée. Nous travaillons au demeurant sur un projet la concernant… »

 

DLH : La crise liée au Covid-19 n’a-t-elle pas également révélé d’autres enjeux ?

F. I : « Eu égard à la crise sanitaire que nous venons de connaître et que nous ne pouvons pas occulter, il existe une autre responsabilité qui est donnée aujourd’hui aux communes et aux communautés de communes : la prise en compte environnementale. Même si cela dépasse notre champ d’intervention, nous pouvons apporter des réponses sur le produire local, que ce soit en ce qui concerne les produits de consommation alimentaire ou les problématiques industrielles que l’on a pu rencontrer. Nous avons aussi une vision à avoir sur le numérique. Les territoires carencés en numérique ont dû se retrouver en difficulté. On le voit bien, dès qu’il y a une panne d’Internet quelque part, c’est la panique. Et notamment pour les habitants qui sont encore en télétravail. Il existe un véritable enjeu sur cette question ».

 

DLH : La situation de Norge et Tille, à la fois touchant la métropole, périurbaine mais aussi rurale, ne fait-elle pas aussi que votre positionnement pour l’avenir est essentiel ?

F. I : « Les problématiques, sur la mobilité notamment, sont, en effet, liées à notre cadre périurbain mais celles que j’ai citées plus en amont sont actuellement rencontrées par toutes les communautés de communes. Nous devons aussi, en ce qui nous concerne, nous interroger sur le lien avec la métropole avec la volonté d’aller vers un partenariat qui nous semble intéressant. Je vous donne des exemples très concret : 80% des visiteurs du lac d’Arc-sur-Tille viennent de la métropole. Sur la mobilité et l’interconnexion, si on construit une piste cyclable et qu’elle s’arrête aux portes de la métropole, quel serait son intérêt ! »

 

DLH : C’est plus facile, j’imagine, de définir un projet de territoire lorsque celui-ci est attractif comme le vôtre…

F. I : « Nous sommes, en effet, sur un territoire aujourd’hui très attractif au Nord de Dijon. Il existe un indicateur : pour vendre un terrain ou une maison sur notre territoire, s’ils sont au prix bien sûr, cela ne prend pas plus de 15 jours. C’est impressionnant et il existe une vraie demande. Les agences immobilières contactent régulièrement ma mairie. L’attractivité a augmenté fortement, avec le parc Valmy notamment. Mais cela génère un vrai questionnement qui fera forcément partie de notre projet de territoire : la problématique de l’eau… »

 

DLH : Comment pensez-vous pouvoir répondre au mieux aux enjeux liés à cette ressource indispensable ?

F. I : « La ressource en eau est insuffisante pour que notre territoire puisse continuer à grandir comme il le souhaite. Là aussi, nous devons définir des stratégies : soit nous trouvons de nouvelles ressources – c’est ce que tente de faire le syndicat des eaux en forant pour trouver un nouveau puits sur Norges –, soit en nouant de nouveaux partenariats, et pourquoi pas aussi avec la métropole. Il faut avoir une vision qui réponde au sens de l’intérêt général. Ce sera forcément un élément fort du projet de territoire. La ressource en eau est abondante à des endroits, insuffisante à d’autres, il y a sans doute des liens à construire pour pouvoir permettre un développement harmonieux et cohérent du territoire ».

 

DLH : Votre président, Ludovic Rochette, insiste sur le fait que la communauté de communes doit intégrer a maxima l’ensemble des conseillers municipaux. C’est une véritable gageure…

F. I : « Ludovic Rochette a raison. C’est complexe parce que, au total, les 14 communes représentent entre 150 et 180 conseils municipaux. Il y a d’abord un travail d’information en diffusant par exemple à l’ensemble des élus les comptes-rendus de conseils communautaires. Nous aurons un vrai enjeu sur la formalisation de ce projet de territoire : nous devrons en dessiner le périmètre mais aussi la façon dont nous impliquerons l’ensemble des conseillers municipaux dans la réflexion. On peut même aller au-delà avec les associations, les entreprises, les commerçants pour faire remonter d’autres propositions. Nous démarrons les travaux sur ce projet de territoire et j’aimerais qu’il soit finalisé en 2021. Mais il faut prendre le temps de se caler sur ce périmètre ».

 

DLH : La communauté de communes gestionnaire devrait ainsi, chez vous, devenir véritablement une communauté de stratégie…

F. I : « On gérait précédemment des services pour les communes. C’était l’esprit au départ des communautés de communes. Nous étions sur une logique de gestion de services mais, par rapport à la bonne entente que l’on a entre l’ensemble des élus, nous avons l’envie de partager un projet. Nous sommes prêts à passer dans une dimension plus stratégique au service de la population et en lien étroit avec les municipalités qui se trouvent renforcées. Les maires et les communes, jugées avant trop petites, étaient très attaqués depuis des années mais on s’est rendu compte, à partir du moment où l’on a créé des grosses communautés de communes, des grandes régions, qu’il y a un interlocuteur de proximité incontournable : c’est le maire ! Celui-ci doit pouvoir s’appuyer sur la communauté de communes pour, notamment, la mutualisation des services mais pas seulement… »

Propos recueillis par Camille Gablo

 

Une communauté forte de 14 communes

La Communauté de Communes Norge et Tille regroupe les communes d’Arc-sur-Tille, Asnières-lès-Dijon, Bellefond, Bretigny, Brognon, Clénay, Couternon, Flacey, Norges-la-Ville, Orgeux, Remilly-sur-Tille, Ruffey-lès-Echirey, Saint Julien, Varois-et-Chaignot. Elle est née le 1er janvier 2017 de la fusion des deux communautés de communes Val de Norge et Plaine des Tilles.