Elle aura 100 ans en 2021. Et pourtant la Foire internationale et gastronomique conserve toujours autant de fraîcheur. L’événement populaire le plus important de la grande région, désormais au 5e rang des manifestations de ce type en France, accueillera l’Inde lors de son édition 2019. Entretien avec Jean Battault, président de Dijon Congrexpo.
Dijon l’Hebdo : Bonne nouvelle pour ne pas dire très bonne nouvelle : la foire internationale et gastronomique de Dijon gagne une place au classement des foires internationales et occupe désormais le 5e rang. Voilà qui peut paraître incroyable, non ?
Jean Battault : C’est surtout phénoménal. Imaginez que nous sommes derrière les grandes villes que sont Paris, Marseille, Lyon et Bordeaux. On a grillé la 5e place à Strasbourg qui est une ville dont la zone de chalandise est très nettement supérieure à celle de Dijon. Strasbourg, en terme de population et d’industrie, c’est autre chose que la capitale des Ducs de Bourgogne. Elle est proche de deux frontières : l’Allemagne et la Suisse ; A Strasbourg, les billets de la Foire sont gratuits. Les gens les trouvent dans leurs boîtes aux lettres. Chez nous, l’entrée reste payante. C’est important dans la sélection du visitorat constitué principalement d’acheteurs au plus grand profit de nos exposants. Notre modèle économique est pertinent.
Alors que la plupart des foires de notre pays ont enregistré une baisse de leur fréquentation l’an dernier, la foire de Dijon a maintenu son nombre de visiteurs à 160 125 – avec un jour de moins qu’en 2017 et un jour c’est 25 000 visiteurs- ce qui est en soi une belle performance pour la 17e ville de France et la 25e agglomération. Elle devance désormais les foires de Strasbourg, Metz, Caen ou encore Montpellier. Il est malhonnête de dire que la Foire est en perte de vitesse. Les chiffres sont là pour démontrer le contraire. »
DLH : Ce succès, comment l’expliquez-vous ?
J. B : J’attribue ce succès à notre capacité à réunir tout ce qui est satellite à la Foire. Je parle de l’Amicale des cuisiniers de Côte-d’Or, la fédération des chasseurs, au grand prix de la Gourmandise qui est une manifestation nationale et, plus largement, de tous ceux qui utilisent la Foire, notamment beaucoup de bénévoles, pour faire la promotion de leurs produits. Je pense aussi au concours du meilleur jambon persillé et à tous ces concours et épreuves qui ont lieu durant la manifestation.
Notre succès s’explique aussi par plusieurs facteurs: le pavillon de l’hôte d’honneur -l’Italie l’an passé littéralement pris d’assaut par les visiteurs- la nouvelle communication mise en place, la présence renforcée de grands chefs, les animations culinaires plus nombreuses et bien entendu le dynamisme de l’équipe organisatrice.
La Foire de Dijon est véritablement un événement national, contrairement à ce qu’on en pense, et international de par la présence de stands étrangers. Elle reste la première manifestation économique et populaire de la grande région Bourgogne – Franche-Comté. »
DLH : Foire internationale, c’est aussi évidemment lié à l’hôte d’honneur. Avez-vous déjà choisi celui de la prochaine édition ?
J. B : L’hôte d’honneur est très important. L’an passé, l’Italie a connu un tel succès à tel point que les Italiens présents ont demandé un nouvel espace lors de la prochaine édition. Ce qui prouve qu’en terme de promotion, la Foire de Dijon est un outil quasi-indispensable.
Notre volonté est d’alterner nos invités : à un pays européens doit suivre un pays d’un autre continent. En 2019, nous accueillerons l’Inde. L’Inde est un pays immense avec des composantes particulièrement intéressantes et parfois même complexes et je suis heureux de les valoriser. C’est un pays qui regarde l’Europe et notamment la France avec les yeux de Chimène. Vous n’êtes pas sans remarquer les publicités sur le tourisme en Inde qui sont faites en France. C’est un pays passionnant, en compétition avec la Chine, qui a des ressources en matière culturelle et gastronomique. Il y a un vignoble en Inde qui est loin d’être ridicule. On y produit d’excellents vins. Nous organiserons donc un Vinidivio et, par voie de conséquence, une Paulée de Dijon au cours de laquelle nous remettrons les prix du concours des vins indiens.
DLH : Quel types de vins boit-on en Inde ?
J. B : On y boit des vins d’inspiration française, de bonne facture, intéressants. Du viognier, du cabernet-sauvignon. Sans oublier les spiritueux. Pour la petite histoire, la plus petite affaire de whisky indien est plus grosse que la plus importante affaire de whisky écossais. Ca vous donne une idée de l’importance du marché.
Nous aurons l’occasion des produits que l’on peut qualifier d’exceptionnels qui n’ont pas encore obtenu leur dimension internationale. Quant à la cuisine, très riche en goûts et en saveurs conférés par l’usage d’épices très variées, elle exprimera toute sa dimension au sein de la Foire. Je pense même ravir nos visiteurs comme ils ne peuvent pas l’imaginer. »
DLH : Et en 2021, vous fêterez le 100e anniversaire de la Foire… J’imagine que vous avez commencé à réfléchir à cet événement ?
J. B : « Je verrais bien cette édition inaugurée par le premier personnage de l’Etat français pour sacraliser une démarche conduite par le monde économique -le monde de l’initiative privée et de la bienveillance vis à vis des intérêts partagés- pour la promotion de Dijon et de la Bourgogne. Je concède que cela peut indisposer les tenants d’une économie dirigée… »
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre