Musicologue, claveciniste, professeur, conférencière, guide et même organiste dans son refuge côte-d’orien, Nicole Desgranges vit au rythme de la musique depuis son plus jeune âge et met un point d’orgue à transmettre son savoir au plus grand nombre.
Pendant plus de 40 ans, Nicole a été professeur en musicologie, d’abord à l’université de Laon puis à celle Strasbourg. Tout au long de sa carrière, la musicologue mais aussi instrumentiste trouvait également le temps de diriger des orchestres, de donner des conférences et d’encadrer des voyages culturels dans des villes à l’empreinte musicale importante comme Vienne, Salzbourg, Eisenstadt, Weimar, ou Leipzig, ainsi que lors de festivals de musique un peu partout en Europe.
Depuisquelquesmois, Nicole est retraitée de son poste d’enseignante mais conserve son activité de conférencière qu’elle exerce à l’Université de Dijon et de Besançon, oùelle évoque un compositeur par année : « J’ai commencé il y a dix ans avec Luther et la Réforme, je continue chronologiquement. J’en suis donc à Beethoven et l’année prochaine ce sera Schubert. J’ai maintenant un public d’habitués et le contact avec les gens est vraiment agréable. Quant au contenu je fais toujours en sorte de décliner chaque sujet en plusieurs sous-sujets. Pour Beethoven, j’évoque sa musique mais aussi son rapport à Napoléon, le congrès de Vienne, l’homme dans l’Histoire… »
Car mettre plusieurs sujets en perspective est une priorité pour Nicole : « Si on veut que la musique classique ne meurt pas, que les gens continuent à s’y intéresser, il faut dépoussiérer non pas la discipline, mais l’abord de la discipline, car il est encore trop codifié. Quand j’étais chef d’orchestre, un soir où on donnait le Requiemde Mozart, des comédiens avaient lu les lettres qu’il avait écrites au moment où il composait le requiem. Les spectateurs ont donc vécu une immersion plus complète dans l’époque, le contexte, et découvraient le compositeur sous un autre angle. Nous avions aussi mis en relation une œuvre du compositeur Louis Couperin avec un texte de Victor Hugo car les deux évoquaient la beauté de la femme. Au Musée Magnin, nous avons aussi organisé une exposition sur la musique dans la peinture et arrangé deux concerts en rapport avec l’exposition, les possibilités sont infinies ! »
Avecune association pour seniorsde Dijon, Nicole Desgranges a évoqué la musique pendant la 1ère Guerre Mondiale : Stravinsky, Ravel, Debussy mais aussi ce que les soldats écoutaient dans les tranchées, l’importance de la trompette dans les corps d’armée ou encore l’histoire de la chanson de Craonne. Et l’idée a fonctionné puisqu’une conférence sur la musique pendant la SecondeGuerre Mondiale est en préparation.
Une autre priorité pour Nicole est celle de ne pas penser que toutes les personnes présentes en savent autant ou qu’elles doivent se renseigner avant. « Je considère que c’est à moi de donner des clefs de compréhension, d’expliquer le contexte d’une œuvre ou de la vie d’un compositeur, il faut leur donner les moyens de comprendre l’art et de l’apprécier. Rien ne m’énerve plus que les concerts où seul le titre des œuvres est annoncé, sans introduction ni explication, c’est un manque de respect envers le public. Pendant mes conférences, je fais donc en sorte de ne délaisser personne ».
Chaque semaine à l’église de Tart-le-Haut, Nicole s’accorde le plaisir de jouer de l’orgue pendant les offices, « c’est mon bonheur hebdomadaire et puis m’exprimer avec un clavier m’est très naturel puisqu’on m’a fait commencer le piano à seulement 4 ans, j’ai su lire une partition avant de savoir lire mon prénom… ».
Caroline Cauwe
