Dijon l’Hebdo : Voici bien longtemps qu’on n’avait pas ressenti une telle envie de Foire. Est-ce que c’est c’est lié à l’invité d’honneur ?
Jean Battault :« Oui. L’attraction de l’Italie est évidente. Nos racines latines, les facilités d’accès, tant géographiques que culturelles, expliquent ce bel intérêt. L’Italie, nous la portons tous en nous. Elle nous plaît, elle nous séduit. C’est la première fois qu’on la reçoit et on se dit même qu’on aurait dû le faire beaucoup plus tôt.
L’Italie a tout : la proximité, la culture, l’histoire, la cuisine, un passé commun avec la France, sans oublier le vin. Et dans ce domaine, notre voisin est le premier producteur mondial. Il s’inscrit donc pleinement dans l’esprit de Vinidivio.
La Foire va mettre un focus particulier sur le Piémont. Et le Piémont, c’est la première région que nous avons envahie, nous Français, dans toutes les campagnes d’Italie qu’on a pu mener. Et ce qui est paradoxal, c’est qu’en l’envahissant, on allait subir des influences.
L’Italie est le partenaire qui comble toutes les cases. Par exemple, l’an dernier lorsqu’on reçoit le Vietnam, on sait que du point de vue du vin, il n’y a rien. Quant à sa gastronomie, elle est limitée. L’Italie, elle, offre tout : un passé incroyablement riche, des monuments de toute beauté, le tourisme, un artisanat de qualité, une culture d’une densité incroyable… C’est un pays qui fait rêver et personne ne peut le contester.
L’envie de Foire est indéniable et elle n’est pas seulement liée à la nature de l’hôte d’honneur. Dans ces temps d’incertitudes et de tensions, les gens ont besoin de faire la fête, de se réjouir… de faire du lien social… Et il n’y a rien de mieux que la Foire de Dijon pour réaliser pleinement ce lien social que tous recherchent. »
DLH :Vous êtes allé, avec toute votre équipe de direction, tout récemment à Turin, pour visiter le salon del Gusto, le plus grand évènement international dédié à l’alimentation. Et vous avez été déçu…
J. B :« Oui. Pour le connaître depuis longtemps, j’ai constaté que, pour la première fois, beaucoup de produits italiens emblématiques – comme le prosciutto de San Daniel – n’étaient pas présents, que la surface d’exposition était réduite au minimum des deux tiers…
Cette édition était bien en deçà de ce qui a pu se faire dans les années précédentes. Enotheca, par exemple, qui a inspiré Vinidivio, a été déplacé dans le centre de Turin. C’est un endroit où après avoir payé un ticket avec des coupons, on peut goûter autant de vins qu’il y a de coupons. Nous, nous avons amélioré le principe. On paie une entrée, on a un verre mais on est en rapport direct avec le producteur du vin. Et parler d’un vin avec celui qui le produit, c’est vraiment enrichissant. Nous avons repris le concept d’Enotheca, mais en allant jusqu’au bout, c’est à dire en créant cette relation suprême, supérieure entre le producteur et le consommateur. C’est une occasion unique pour le visiteur. Il n’y a pas d’équivalent. C’est ce qui fait l’originalité et la force du salon Vinidivio. »
DLH : Et pour ce salon Vinidivio 2018, vous vous appuyez sur deux piliers extraordinaires : d’un côté, Eric Goettelmann, chef sommelier exécutif du Groupe Loiseau et Meilleur ouvrier de France 2018, et, de l’autre, Stéphane Derenoncourt, l’un des consultants les plus influents dans le monde du vin…
J. B :« C’est la démonstration, si besoin il en était, de la capacité d’attraction de la Foire de Dijon.
Stéphane Derenoncourt, un expert internationalement connu – plus connu encore à l’étranger qu’en France -, spécialiste des vins de Bordeaux et d’Amérique du Sud, qui se déplace à Dijon entouré de chefs sommeliers du Crillon, du Bristol, du Pavillon Ledoyen… c’est un événement en soi.
Si j’ajoute Dominique Loiseau, Fabrice Gillotte, Stéphane Derbord… on s’aperçoit qu’on arrive à réunir à Dijon tous les champions de toutes les catégories concernées par la gastronomie. Leur présence ne relève pas du hasard. Notre pouvoir d’attraction est réel et plus personne n’osera faire le procès que la Foire gastronomique n’est pas gastronomique ! »
DLH : Le président de Shop’in Dijon vous a fait un compliment qui vous a particulièrement touché : il vous a qualifié d’aimant à clientèle. Ce qui prouve bien l’impact économique de la Foire de Dijon ?
J. B :« Enfin ! Cela m’a effectivement particulièrement touché. Nous mêmes, nous comptabilisons le chiffre d’affaires induit de nos congrès qui attire des participants qui dépensent pas loin de 200 € par jour pour se loger, se nourrir et se déplacer dans Dijon. Quand on fait le cumul de cette contribution, on est forcément surpris dans le bon sens du terme. La Foire gastronomique, c’est 650 stands avec en moyenne 4 personnes par stand pendant 11 jours. Faites le calcul et vous mesurerez l’impact de la manifestation… Quand c’est moi qui le dit cela a évidemment moins d’incidence que quand c’est le président des commerçants du centre ville qui a compris tout l’intérêt de la Foire. Les retombées économiques sont extrêmement importantes en chiffre d’affaires direct, c’est à dire celui que nous faisons, en chiffre d’affaires indirect pour toutes les entreprises locales que nous faisons travailler à cette occasion, et en chiffre d’affaires induit pour le commerce local. »
DLH : Et ce qui ne manque pas de vous réjouir aussi c’est de voir que le commerce local commence enfin à s’approprier l’événement
J. B :« Je ne veux pas revenir sur le passé, c’est inutile. Il y eut pourtant un temps où il y avait une belle et réelle implication. Et puis cela a disparu. On a, en la personne de Denis Favier, le président actuel de Shop’in Dijon, un vrai partenaire qui a compris les enjeux. Je m’en réjouis car nous sommes là pour faire le bonheur des gens. »
DLH : La réussite de la Foire repose aussi sur la qualité de l’équipe qui vous entoure, depuis les techniciens jusqu’à la direction générale ?
J. B :« J’aimerais insister sur le fait qu’il y a plusieurs cercles concentriques. Le premier cercle, évidemment, c’est tous les collaborateurs de cette maison qui est organisée sur le modèle des plus grands groupes français. Les méthodes et procédures mises en place sont du niveau de préoccupation et d’organisation des grandes entreprises. Nous sommes en train de solliciter une certification Qualité Eco Plus pour le Palais des Congrès et Parc des Expositions qui pourrait nous amener à être les premiers en France en la matière. On met en place le système « Lean » qui a fait le succès de Toyota. Toute la structure est tournée vers le client afin d’enregistrer ses attentes, ses désirs pour les intégrer dans notre offre. On met aussi en place un système « Smed » d’optimisation industrielle pour diminuer les coûts. Globalement, nous avons un outil acéré, tranchant avec un personnel engagé, qui a le prérequis. Nous disposons ainsi d’une puissance de feu que cette structure n’a jamais eue. Tout cela dans des conditions de coûts étonnamment bas. Malgré l’augmentation des compétences, notre masse salariale a baissé. Un chef d’entreprise ne pourrait pas rêver mieux.
Au-delà de ça, deuxième cercle concentrique, c’est celui des bénévoles et des bonnes volontés. Je pense au prestigieux Groupe Loiseau, à Patrice Gillotte qui préside le Grand Prix de la Gourmandise, à Stéphane Derbord qui est là pour témoigner de l’engagement de l’Amicale des cuisiniers de la Côte-d’Or, Françoise Colin… D’ailleurs si un Groupe aussi prestigieux que Loiseau a une telle appétence pour la Foire, c’est que c’est bien un événement incontournable. »
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre